13 jours 13 nuits
Genre : Drame
Pays : France
Durée : 1h52
Réalisateur : Martin Bourboulon
Acteurs : Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen
« C’est une histoire à hauteur d’hommes avec des destins qui se croisent. » Mohamed Bidab.
Nous sommes en août 2021, les Américains abandonnent le territoire d’Afghanistan, suivis par leurs alliés. Les talibans s’empressent de revenir au pouvoir et de prendre Kaboul. C’est le chaos. Dans cette apocalypse, des milliers d’Afghans tentent de rejoindre le dernier point d’espérance, l’ambassade de France. Retranché dans cette dernière, le commandant Mohamed Bidab et quelques hommes du RAID tentent de faire face. Il connaît le sort réservé à ceux qui ont aidé les alliés et particulièrement la France.
C’est un homme d’honneur qui ne peut se résoudre à abandonner à une mort presque certaine les collaborateurs afghans. Devant cette foule nombreuse, il n’hésite pas et ouvre les portes à plus de 400 Afghans qui espèrent un chemin vers la liberté. Dans cette zone, encore protégée pour quelques heures, il doit négocier la sortie du plus grand nombre possible pour rejoindre l’aéroport pour une évacuation vers la France. C’est une sortie à haut risque, qui n’est pas sûre d’arriver à bon port, et qui s’élance lentement comme un cortège funèbre, mais vers la vie.
Après Les trois Mousquetaires, c’est à une autre sorte de héros que s’intéresse Martin Bourboulon. Après la lecture du livre, témoignage éponyme de Mohamed Bidab, le réalisateur décide de se lancer dans l’aventure. Comme il le dit, « la force de cette histoire d’exfiltration et la puissance du récit humain me saisissent immédiatement. ». Après une comédie désopilante Papa ou maman, une biographie du constructeur de la Tour Eiffel, et après avoir revisité le mythe des trois mousquetaires avec succès, il souhaite se confronter à un projet plus contemporain.
Cette histoire, avec cette impression de répétition, nous a tous bouleversés, comme cette foule apeurée sur le tarmac d’un aéroport, dernier point vers l’espérance. C’est une mise en scène choc que choisit le réalisateur à l’image de La chute du faucon noir de Ridley Scott, inspiré lui aussi d’une histoire vraie. La narration se trouve ramassée sur quelques jours, quelques heures, avec cette tension permanente de savoir si l’on va réussir ou mourir. Il existe des héros dans l’ombre qui se battent bien plus que pour des médailles, pour la promesse d’une aube nouvelle.
Le film prend la force d’un témoignage quand chaque minute devient celle d’un instant qui peut basculer dans le pire des cauchemars. Moins grandiloquent, moins à l’américaine, mais plus centré sur quelques personnages clés donnant plus de force à l’histoire. Kate, la journaliste inspirée de Clarissa Ward, reporter à CNN, continue son travail avec une épée de Damoclès sur sa tête à cause de sa condition féminine. Le traducteur du livre devient une traductrice franco-afghane, Eva.
Elles montrent les difficultés d’être femme dans un monde où toute identité leur est niée. Les soldats du RAID n’hésitent pas à franchir le pas pour sauvegarder des âmes aux portes d’Hadès. 13 jours, 13 nuits, ne cache pas les faiblesses, les craintes, les ruses pour arriver à passer sur un Etat bien au chaud, à L’Élysée, déconnecté de la réalité. La bataille est aussi celle de la diplomatie, de l’ambassadeur à l’aéroport, de Mohamed Bidab au cœur de la tourmente, face à des talibans peu rassurants et en France à des politiques hantés par la crainte que tout peut basculer.
Le doute n’est jamais bien loin. Roschdy Zem compose un personnage remarquable, convaincu du bien-fondé de sa mission, mais avec des failles, comme les héros du réel. Comme le dit Martin Bourboulon en parlant du commandant Mohamed Bidab « Il n’est pas un héros d’action ou guerrier, c’est un homme qui, face au chaos environnant, va convoquer son courage, sa détermination, mais surtout son empathie pour accomplir avec sang-froid quelque chose d’extraordinaire. » Nous sommes à la fois dans l’intime et dans le cinéma de guerre, avec ses actes de bravoure et ses petites lâchetés.
C’est ce qu’insuffle Martin Bourboulon dans une mise en scène jouant souvent de ces lumières blafardes éclairant un cortège dont on ignore s’il va vers le dernier tombeau ou un horizon plus bleu. Il évite de tomber dans un cinéma sensationnaliste, en choisissant la ligne de la vérité épurée plus que la grandiloquence. Cette authenticité est due à un travail profond, une documentation nombreuse confortant un récit dramatique. Il doit beaucoup à ses comédiens et comédiennes sans cesse habités par leur rôle, mêlant courage, peur, colère, lucidité, espérance et humanité. Laissons le dernier mot au réalisateur. « C’est un récit d’héroïsme collectif, de courage diplomatique, de responsabilité morale. Nous avions à cœur de montrer ces visages-là. »
Patrick Van Langhenhoven
Fiche technique
Titre original : 13 jours, 13 nuits
Réalisation : Martin Bourboulon
Scénario : Martin Bourboulon et Alexandre Smia, d'après 13 jours, 13 nuits dans l’enfer de Kaboul de Mohamed Bida
Musique : Guillaume Roussel
Décors : Mobsitte Saad et Stéphane Taillasson
Costumes : Sandrine Bernard
Photographie : Nicolas Bolduc
Montage : N/A
Production : Dimitri Rassam et Ardavan Safaee
Producteur délégué : Frantz Richard
Sociétés de production : Pathé Films et Chapter 2
Société de distribution : Pathé Distribution (France)
Pays de production : France
Langues originales : français, anglais
Format : couleur
Genre : guerre, drame, biographique, historique
Date de sortie : France : 23 mai 2025 (Festival de Cannes), 27 juin 2025
Distribution
Roschdy Zem : Mohamed Bida
Lyna Khoudri : Eva
Sidse Babett Knudsen : Kate
Christophe Montenez : Martin
Yan Tual :
Fatima Adoum : Amina
Shoaib Saïd : Nangialay
Nicolas Bridet
Sayed Hashimi : Haidar
Avant Strangel : le général Grant
Benjamin Hicquel : Stéphane Raid
Sina Parvaneh : le général Sediqi