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affiche Oxana

Oxana

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Genre : Ciné région

L'Actu

Oxana
Genre : Biographie
Pays : France
Durée :1h43
Réalisateur : Charlène Favier                                                                                                                      
Acteurs : Albina Korzh, Maryna Koshkina, Lada Korovai



Cette histoire, cette vie commence en Ukraine dans un pays aujourd'hui meurtri, qui hier paraissait prometteur. Oxana, une longue couronne de fleurs dans les cheveux, n’est pas encore l’activiste que l’on connaît. Elle s’apprête, comme toutes les jeunes filles de son âge, à fêter Kupula au solstice d'été, cet instant où la lumière et l'obscurité dansent en équilibre. C’est aussi une artiste réalisant de superbes icônes qui finiront par influencer son style, bien plus tard, quand soufflera le vent de la révolte.

 C’est ici, dans ce pays que nait la protestation à un régime patriarcal et dur. Un groupe de jeunes filles décide de semer la graine de la révolte. Elle est loin, la petite fille sage peignant des icônes de la vierge et des saints. Oxana et ses amies fondent le premier groupe dont elle trouvera le nom, les Femen. Dans ces pays de l’est autoritaire, elles sont prêtes à dénoncer le non-respect des droits des femmes et les abus en tous genres. Oxana a l’idée d’utiliser leur corps comme un parchemin et leurs seins nus pour attirer les regards sur leurs slogans.

 De l’Ukraine à la Russie, elles sortent la parole de l’ombre pour la porter sur la place. Après un passage par les prisons russes et la torture musclée, Oxana trouve refuge à Paris. C’est ici, à 31 ans, dans un petit appartement que l’artiste et la rebelle de nouveau réunies dans son âme achèveront la route. 

 
« Moi, je crois que j’ai surtout vu en elle une petite fille appelée par Dieu pour sauver le monde. C’est comme ça que j’ai voulu la dépeindre dans le film. »  Charlène Favier.

Après un premier portrait de femme abusée, manipulée, dans l’excellent Slalom, Charlène Favier souhaitait mettre en lumière l’une des créatrices du mouvement Femen, Oxana Chatchko. Il y a du Rimbaud dans le parcours de cette jeune artiste militante. La biographie est un exercice difficile, entre l’hagiographie complaisante et le portrait virulent, il existe un juste milieu qu’a su trouver la réalisatrice. On se perd parfois dans ses chemins de traverse, dans une narration d’allers-retours, entre les derniers jours et le chemin qui la conduit à cet instant fragile.

Il fallait, dans cette vie courte, chargée de tant de lumière, de fragiles instants volés au temps qui passe et de colère, trouver le ton juste. C’est entre poésie et lutte des femmes, des classes, que Charlène Favier bâtit un tendre regard sur cette jeune femme exceptionnelle. Oxana commence par la fragilité d’une jeune fille, à l’image des préraphaélites, du tableau de John Everett, Ophélie, à une militante sans compromis. Il y a du Shakespeare dans le drame de cette vie s’achevant comme celle d’Ophélie, par un suicide.

« Femen, c’est une idée, la lutte contre le patriarcat, le sextrémisme et une manière de manifester. »

 La jeune fille sage qui voulait rentrer au couvent rejette la religion et devient une militante sans concession. Elle rencontre Anna Hutsol et Oleksandra Chevtchenko qui seront à la base du mouvement Femen, dont le but est de défendre les droits des femmes et la liberté d’expression. La réalisatrice choisit les moments importants de la création du groupe et du parcours d’Oxana, dans une mise en scène plus proche de la fiction que du documentaire.

 Le mouvement est remarqué grâce à son action spectaculaire, suite à la mort de quatre jeunes femmes manquant de soins. Elles souhaitent réveiller les consciences et pousser les Ukrainiennes à se battre pour leurs droits. Oxana est à l'origine de la création de l'imagerie militante et esthétique des Femen, peinture sur un buste nu et couronnes de fleurs.

Le choix de cette mise en scène déstructurée colle à l’esprit d’Oxana, plus proche de l’anarchie, refusant ce qu’instaura Inna Chevtchenko avec qui elle est en désaccord. Le film peut parfois prendre l’apparence d’un immense chaos libre de toute entrave. Il montre avant tout le portrait de la militante et l'artiste dont il reste peu d’œuvres.

Dans sa réalisation subjective, elle touche à l’âme d’Oxana Chatchko et démontre qu’elle invente une grammaire esthétique de l'activisme. Laissons la parole à Oxana Chatchko : « Nous avons utilisé l'art pour parler de grands problèmes. Comme iconographe, à certains moments, j'ai voulu faire des images iconiques de notre mouvement. Après deux ans à chercher, je pense que je suis arrivée à créer cette image : la fille avec une couronne de fleurs dans la chevelure, la position dure avec le poing levé et les jambes tendues, les slogans sur le corps, et le visage en colère. »

Patrick Van Langhenhoven

  


Fiche technique

    Titre original : Oxana
    Réalisation : Charlène Favier
    Scénario : Charlène Favier, Diane Brasseur et Antoine Lacomblez
    Musique : Delphine Malaussena
    Photographie : Éric Dumont
    Décors : Florian Sanson
    Costumes : Judith de Luze
    Montage : Monica Coleman
    Production : Alice Girard, Jonathan Halperyn, Daniel Kresmery et Marc-Antoine Robert
    Société de production : Rectangle Productions, 2.4.7. Films et Hero Squared
    Société de distribution : Diaphana Distribution
    Pays de production : France
    Langue originale : français et ukrainien
    Format : couleur
    Genre : drame biographique
    Durée : 103 minutes
    Dates de sortie : 16 avril 2025

Distribution
    Albina Korzh : Oxana
    Maryna Koshkina : Inna
    Lada Korovai : Lada
    Oksana Zhdanova : Anna
    Yoann Zimmer : Tristan
    Noée Abita : Apolonia
    Jonathan Halperyn (en) : le patron de la galerie