« Tout s’écroule autour de nous, on doit faire preuve d’ingéniosité »
Le mur de Berlin s'est effondré le 9 novembre 1989, et pourtant ce n’est pas encore un vent de liberté qui souffle sur l’Allemagne de l’Est. En 1990, cette grande promesse de la réunification n’est pas encore une embellie. Maren, Robert et les ouvriers de ce quartier de l’ex-RDA n’ont plus de travail et rien à l’horizon. On s’occupe comme on peut, tout en cherchant de quoi survivre. Volker revient au pays et cela bouscule un peu le couple, ravivant des amours anciennes. L’oncle Markowski a bien une petite idée, il garde un dépôt de l’ancienne RDA. Un ballet de camions à l’étrange cargaison éveille la curiosité de notre fine équipe. La bonne surprise, la tirelire de l’oncle Picsou, un énorme amas de billets. Petit problème, c’est la vieille monnaie qui, avec la réunification n’a plus cours ou pour plus longtemps. Il leur reste trois jours pour écouler une pincée du magot et rêver d’un monde meilleur. La belle affaire si tout le quartier s’y met !
« D’abord on a ruiné le communisme, maintenant c’est au tour du capitalisme »
C’est à partir d’une histoire vraie, dont les cambrioleurs courent toujours, que la réalisatrice construit cette comédie sociale allemande. A la base, le pactole est caché dans un bunker de la RDA qui stocke les vieux billets n’ayant plus cours en 1990 avec la réunification. Des petits malins se sont servis sans être jamais pris. D’ailleurs cette Belle affaire doit bien les faire rire… L’intérêt du film réside dans cette vision de la réunification, particulièrement en 1990. C’est une époque de flottement. Les anciennes règles ne sont plus valables et les nouvelles pas encore en place. C’est dans une ambiance d’un été aux couleurs des blés qu’elle place son histoire. On se retrouve dans la cour, les enfants jouent, on imagine demain, tout est encore possible, le reste viendra après. Un trio à la Jules et Jim se retrouve à se servir dans la caisse de la vieille RDA morte. Sur le principe de la chose commune, ce n'est pas du vol, mais un retour à ses propriétaires. Le problème, comment on écoule une monnaie qui ne vaut plus rien. L’argent ne crée pas le bonheur, mais une certaine ivresse et une cupidité qui pointe son nez.
« L'argent, c'est la liberté imprimée » Dostoïevski.
La bonne idée, sans doute inspirée de la réalité, des vendeurs ambulants de l’Allemagne de l’Ouest prêts à offrir les appareils du bonheur de la société de consommation. Ils pensent trouver une belle brochette de pigeons, ignorant que cela arrange tout le monde. La comédie prend son envol et s’amuse des petits arrangements avec l’argent. Dans le style de ces comédies italiennes et anglaises, elle déploie son rire sur un sujet sérieux. Derrière le nez rouge du clown se cache une détresse plus profonde d’ouvriers qui ont tout perdu avec la fermeture de l’usine. La réalisatrice s’inspire d’un autre fait réel, le rachat des entreprises par ceux qui serviront le capitalisme. Pour faire bonne mesure, l'amour vient faire des siennes, apportant sa part romantique. Une petite fille bien maligne sert de fil. Le cinéma allemand continue d’explorer son passé, mais cette fois avec beaucoup plus d’humour. Certaines comédies françaises feraient bien de s’en inspirer.
Patrick Van Langhenhoven
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Sous-titres :
Edition :
Titre Français : La belle Affaire
Titre original : Zwei zu Eins
Réalisation : Natja Brunckhorst
Scénario : Natja Brunckhorst
Musique : Amaury Laurent Bernier et Hannah von Hübbenet
Photographie : Martin Langer
Son : Kai Tebbel
Montage : Ramin Sabeti
Décors : Jenny Roesler et Florian Kaposi
Costumes :
Production : Susanne Mann, Paul Zischler et Martin Rehbock
Coproduction : Joachim Ortmanns
Société de production : Rohfilm Factory GmbH, Zischlermann Filmproduktion, Zweites Deutsches Fernsehen, Arte et Lichtblick Flimproduktion
Société de distribution : KMBO
Pays de production : Allemagne
Langue originale : allemand
Genre : Comédie
Durée : 116 minutes
Dates de sortie :28 août 2024
Distribution
Sandra Hüller : Maren
Max Riemelt : Robert
Ronald Zehrfeld : Volker
Ursula Werner : Käte
Peter Kurth : Markowski
Martin Brambach : Lunkewitz
Kathrin Wehlisch : Janette
Anselm Haderer : Jannek
Olli Dittrich : Joachim Meier
Hilmar Eichhorn : Hans-Dietrich Genscher
Crédit Photos © 2024 ROW Pictures GmbH, zischlermann