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Les sorties du 23 septembre

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Genre : Ciné région

L'Actu

Trahison à Vienne :

« Les apparences » de Marc Fitoussi, est la libre adaptation du roman de Karin Alvtegen « Trahie ». Eve (Karin Viard) est plus que comblée. Elle mène une existence confortable au sein de la communauté française de Vienne, auprès de son mari, Henri (Benjamin Biolay), un chef d’orchestre en vue. Mais elle découvre qu’Henri la trompe avec l’institutrice de leur fils Malo. La suite, on la devine. Eve va tout tenter pour mettre fin à cette idylle par n’importe quel moyen pour sauver son couple. Les situations qui en découleront sont assez peu crédibles et la fin laisse perplexe. Cependant, force est de reconnaître que Marc Fitoussi brosse avec élégance le portrait d’une classe sociale aisée, hypocrisie de mise mais toujours avec un impeccable brushing.

Petits arrangements avec les vivants :

« Blackbird » de Roger Mitchell, est le remake du film de Bille August « Stillehjerte », sorti au Danemark en 2014. C’est le scénariste Christian Torpe qui est l’auteur de la version danoise et de la version anglaise. Lily (Susan Sarandon) et son mari Paul (Sam Neill) invitent leurs proches (filles, gendre, petit-fils, compagne) et la meilleure amie du couple pour un dernier weed-end en famille. Lily, atteinte d’une maladie dégénérative incurable, a décidé de partir dignement. Alors que tout est organisé, les tensions montent, les secrets enfouis et les blessures douloureuses ressurgissent… et chacun fait sienne la vérité. Ce drame familial en huit clos - huit personnages dans une splendide maison – bouleverse sans jamais tomber dans le larmoyant.

Une femme sous influence :

« Éléonore » d’Amro Hamzawi, a été sélectionné au festival d’Angoulême 2020. C’est le premier long-métrage d’Amro Hamzawi qui signe également le scénario et filme sa petite sœur. A 34 ans, Éléonore (Nora Hamzawi) est dépressive, elle n’a pas de boulot et elle dit toujours ce qu’elle pense. Mais Éléonore a surtout une mère odieuse (Dominique Reymond) et une sœur parfaite Julia Faure, omniprésentes, qui lui dictent ce qu’elle doit faire, comment elle doit s’habiller… Alors qu’elle veut devenir écrivaine, elle est engagée chez un éditeur (André Marcon) spécialisé dans les romans érotiques. En dehors d’Éléonore qui multiple les gaffes en tout genre, le film fait la part belle aux seconds rôles pour lesquels Amro Hamzawi a écrit des répliques savoureuses et détonantes.

Et la « lumière éternelle » fut ! :

« Lux Aeterna » de Gaspard Noé. Impro entre Béatrice Dalle, la réalisatrice, et sa comédienne, Charlotte Gainsbourg. Elles parlent de bûcher et du sexocide des sorcières. Le tournage commence, puis graduellement le ton monte, les sorcières en robe Saint Laurent sont attachées sur le bûcher, les effets spéciaux débloquent, l’hystérie devient collective, le stroboscope nous étourdit. L’écran est divisé en deux comme pour compenser la brièveté du film. Le tout est émaillé de citations sur le cinéma de quelques grands maîtres, tels Carl T., Jean-Luc, Rainer W. Fait unique dans l’histoire du générique, seuls les prénoms sont mentionnés.

La nymphe et le scaphandrier :

« Ondine » de Christian Petzold. Les titres des films de Christian Petzold sont très courts et souvent composés d’un seul mot (« Barbara », « Yella », « Phoenix », « Jerichow », « Transit »…), son nouveau film n’échappe pas à la règle. Le réalisateur allemand revisite ici le mythe germanique d’Ondine qui, dit-on, devait tuer l’amoureux infidèle en le noyant dans ses larmes. Ondine (Paula Beer), conférencière berlinoise, vient d’être quittée par son ancien amant et elle lui annonce qu’il devra mourir. Mais elle rencontre Christoph (Franz Rogowski), un scaphandrier, dont le travail consiste à contrôler les piliers des ponts. Ils tombent fous amoureux l’un de l’autre. Paula Beer interprète avec une grâce infinie le rôle d’Ondine, qui lui vaudra l’Ours d’argent de la meilleure actrice à la dernière Berlinale.

Côté animation :

« Ailleurs » de Gints Zilbalodis. C’est le premier long métrage d’animation de ce jeune et talentueux réalisateur letton. A 25 ans, Gints Zilbalodis occupe tous les postes du scénario au graphisme, en passant par la musique. Un jeune garçon atterrit sur une île et se retrouve accroché par son parachute à un arbre. Il tente alors de retrouver son chemin, tout en fuyant une créature noire inquiétante. On n’en saura pas plus sur lui, ni sur sa mission, ni sur l’étrange créature qui le suit. On ne comprend pas tout, mais qu’importe, ce mystère contribue à la beauté de ce film sans pareil. On est littéralement ailleurs, parcourant des paysages sublimes aux côtés de ce garçon, dont on ne connaîtra pas même le nom, on entendra tout juste sa respiration.

Côté documentaire :

« Sing me a song » de Thomas Balmès. Six ans après « Happiness », le réalisateur retrouve son jeune héros, Peyangki, qui a grandi dans un monastère bouddhiste, au Bhoutan pays du « bonheur national brut ». Il l’avait filmé alors qu’il n’avait que huit ans et déclarait à l’époque qu’il deviendrait moine plus tard. Si le Bhoutan fut le dernier pays à être connecté, il a bien rattrapé son retard et depuis les smartphones ont fait leur apparition massivement. Les moines doivent réprimander les moinillons, qui absorbés par leur écran, n’étudient plus. Cependant, grâce à Internet, Peyangki peut s’évader et faire des rencontres dans le monde, qui soudain lui apparaît moins grand. Il fait la connaissance d’une jeune femme de la ville via WeChat. Les plans sont magnifiques et l’on pourrait presque regretter l’époque avant le 2.0 et son cortège de SMS.

Et aussi : « Balades sous les étoiles » collectif de réalisateurs ; « Boutchou » d’Adrien Piquet-Gauthier et Simon Istolainen ; « Fin de siècle » de Lucio Castro ; « Leo, Loulou, Jeanne et les autres » d’Elléonore Loehr ; « Pierre Cardin » de P. David Ebersole et Todd Hughes ; « Stripped » D’Yaron Shani ; et « Youpi ! C’est mercredi » de Siri Melchior.

 Véronique Regoudy-Bazaia