Cine-Region.fr
affiche Frangin

Frangin

___

Genre : Interview

L'Actu

 Frangin, c’est le projet tout neuf d’Aloïs Menu, un jeune acteur et réalisateur aquatintien. Vous avez peut-être pu l’apercevoir dans Chocolat  de Roschdy Zem et plus récemment dans  Ils sont partout  d’Yvan Attal. C’est après un peu plus d’un an d’absence qu'il revient avec un projet de court-métrage, Frangin, dans lequel nous faisons la connaissance d’Alex et Loïc, deux frères très proches, issus d’une famille modeste du Nord de la France. Alex, l’aîné est constamment accompagné de son groupe d’amis qu’il considère comme une véritable seconde famille pour lui. Un jour, alors que le groupe se prépare pour la soirée du siècle, Alex va convier son petit frère à venir avec eux pour lui faire découvrir « le monde des grands ». Malheureusement pour eux, un sombre incident va venir perturber leur vie...

Après plusieurs mois de travail, Frangin est enfin présenté au public tout d’abord sur Facebook, et YouTube, puis apparaît sur la plateforme de financement participatif Ulule. Ce court-métrage est en partie autoproduit, en collaboration avec l’association du jeune réalisateur  Wondrous Films  ainsi qu’une entreprise de production parisienne. L’équipe doit récolter une somme minimum de 3 000 €, nécessaire à la finalisation du projet. Si cette somme n’est pas atteinte, le projet ne pourra pas aboutir. « C’est le système du tout ou rien. » souligne Aloïs Menu. 

Si vous souhaitez soutenir ce projet, vous pouvez vous rendre sur https://fr.ulule.com/frangin-lefilm/ ou envoyer un chèque à l’ordre de l’Association Wondrous Films, au 16 Allée Henri Vidal - 51430 Tinqueux.

Ce court-métrage inspiré de faits réels sera tourné sur quatre jours le mois prochain. La production recherche des figurants bénévoles pour le tournage.

 Nous nous sommes entretenus avec Aloïs Menu afin d’en savoir un peu plus au sujet de ce nouveau projet.

     Dans Frangin, votre frère et vous jouez vos propres rôles, qu’est-ce qui a motivé ce choix?

    En réalité ce film est inspiré de fait réels que nous avons vécus, mon frère, mon groupe d'amis et moi-même. Cette histoire a malheureusement cassé les liens d’amitié au sein de notre groupe, c’est notamment pour cela qu’ils n’interprètent pas leurs propres rôles, mais aussi pour respecter leur intimité.

Si j'ai choisi d'interpréter mon propre rôle c'était pour extérioriser ce qui s'était passé. En ce qui concerne mon frère, cela a été plus difficile de le convaincre car c'est lui qui a vraiment vécu cette histoire, il n’a pas subi de viol physique à proprement parler, cependant il y a eu quelques attouchements très prononcés ainsi qu'un harcèlement moral. Il a donc accepté de jouer son propre rôle, en vue de dénoncer cet acte abominable qu'est le viol, à savoir ici le viol homosexuel, mais aussi pour partager cette histoire, peut-être apporter des réponses aux personnes qui ont été victimes d'un tel abus. Je trouve cela d'ailleurs très courageux de sa part.

De plus, je pense que le fait d'interpréter nos propres rôles donnera plus d'authenticité à ce film.

De mon côté, je porte le projet et j’assume cette histoire, mon frère également. Maintenant cette histoire fait partie du passé, nous avons réussi à prendre du recul.

     Le sujet traité dans votre court-métrage est inspiré de faits réels, qu’est-ce qui vous a poussé à retranscrire ce vécu par le cinéma?

    Quand c’est arrivé, j’ai ressenti le besoin de retranscrire cet évènement à l'image, car le cinéma est pour moi une réelle passion. D'ailleurs, je pense que chaque artiste utilise sa créativité pour évacuer les problèmes qui envahissent sa vie.

Cette période a effectivement été douloureuse car elle nous a choqués, elle nous a, en quelque sorte, changés, et a également bouleversé l'amitié au sein de mon groupe d'amis.

 Quelques mois après que cela s’est produit, j'ai commencé à écrire un scénario, car je savais que j'allais avoir envie d'extérioriser ce choc par le cinéma. A l'époque, je n'ai pas eu le courage ni les moyens de le faire mais depuis, j'ai mûri et acquis plus d'expérience. C'est un ami cadreur qui m'a conseillé d'en faire un court-métrage. J'ai donc repris l'écriture et remanié un peu l'histoire pour finalement contacter mes équipes.

En ce qui me concerne, j'ai fait ce choix pour me libérer de cet événement douloureux, pour que mon frère s'en libère lui aussi et que l'on puisse tous tourner la page.

L'image va donc m'aider à partager cette histoire avec le public, à dénoncer, comme je l'ai dit précédemment, cet acte impardonnable qu'est le viol, et peut-être à prévenir et aider certaines personnes.

     Comme vous l’avez expliqué dans le teaser, le viol homosexuel est encore un sujet tabou, selon vous, quel impact Frangin aura-t-il sur le public ?

    Je ne peux évidemment pas prédire la réaction qu'aura le public à la sortie du film, cependant j'espère que Frangin aura un effet positif dans le sens où le public sera plus informé. De plus, je pense que les gens pourront ensuite parler et échanger plus facilement autour de ce fléau. Cette démarche permettra peut-être de faire en sorte que cela n'arrive plus, et donc de lutter pour enfin stopper les coupables. Ensuite, concernant les victimes ou les proches des victimes d'un tel abus, Frangin aura sûrement un effet apaisant dans le sens où ils sauront qu'ils ne sont pas seuls, qu'il y aura toujours quelqu'un avec qui parler. Les parents vont peut-être se sentir plus concernés car dans le film il s'agit d'un viol homosexuel sur mineur. Il y a d'ailleurs dans le court-métrage une scène dans laquelle les parents de Loïc se rendent compte que leur fils semble renfermé sur lui-même, sans pour autant chercher à découvrir pourquoi.

Par la suite, mon but serait de faire concourir ce film dans différents festivals de courts-métrages en France, et pourquoi pas d'intervenir dans certains établissements scolaires, toujours dans le but de véhiculer un message à titre informatif et préventif.

Cléo Lepagnol