Cine-Region.fr
affiche The Apprentice

The Apprentice

___

Genre : Festival Cinéma

L'Actu

The Apprentice
Genre : Biographie
Pays : USA
Durée : 2h
Réalisateur : Ali Abbasi  
                                                                                                                     Acteurs : Sebastian Stan, Jeremy Strong, Maria Bakalova


« L’Amérique est le client le plus important. Il faut être prêt à tout faire pour préserver la démocratie. » Roy Cohn

Le jeune Donald Trump accompagne son père dans le marché de l’immobilier. Ils seront bientôt en procès avec le gouvernement pour avoir refusé l’accès à leur appartement à la communauté afro-américaine. Pour l’instant Donald récupère les loyers, c’est pour lui une mission en dessous de ses capacités. Le jeune homme, dans l’esprit d’entreprise du rêve américain, souhaite redonner tout son clinquant à un vieil hôtel en ruine à Manhattan, un bouge de New-York gangrené par la criminalité.

Il lui faut convaincre son père de l’opportunité et trouver des associés convaincus. Autant vous le dire tout de suite, c’est perdu d’avance. Le jeune homme a de l’ambition et est prêt à sceller un pacte avec le diable, comme Faust. Il trouve le mentor diabolique parfait en la personne de Roy Cohn, l’avocat décomplexé faiseur de rois. Ce dernier perçoit, sous le jeune homme gauche, une créature à façonner à son image pour atteindre les plus hauts sommets. C’est à cette transformation que nous allons assister jusqu'à ce que l’élève dépasse le maitre. Encore plus terrifiant, il devient Donald Trump, le porteur des idées de Roy Cohn d’une Amérique raciste plus que conservatrice.

Ali Abbasi plonge de nouveau dans la noirceur de l’âme pour dévoiler la construction du système Trump. Nous pensons au pacte de Faust dans sa relation avec l’avocat de la mafia qui lui inculque trois règles pour gravir les échelons du pouvoir.
Règle n°1 : Attaquer. Attaquer. Attaquer.
Règle n°2 : Ne rien reconnaître. Tout nier en bloc.
Règle n°3 : Revendiquer la victoire et ne jamais reconnaître la défaite.
C’est toute la stratégie de Donald Trump que celui-ci s’efforcera de peaufiner au fil des années jusqu’en 2016 et son accession à la présidence.

Le film se concentre sur les débuts d’un agent immobilier visionnaire à l’esprit de camelot, bonimenteur. Il sait séduire et entrainer dans ses ambitions de nombreux financiers, redonner vie à un quartier pauvre de Manhattan. C’est la folie des grandeurs avec la Tour Trump au hall de marbre et sa fontaine d’eau la plus haute.  « Roy lui a appris à utiliser les médias en lui expliquant que faire parler de soi aux infos était un moyen d’obtenir du pouvoir ».

 Il réussit à rebondir et donner l’illusion, malgré la faillite, qu’il n’est jamais à terre. Ce sont aussi ses relations complexes avec son père qui finira par reconnaître en son fils un digne successeur. Il n’a aucun état d’âme, comme le lui a appris son mentor. C’est du travail à l’ancienne, intimidation, dossier compromettant, chantage, tout est bon pour ne jamais fléchir. Dans ce labyrinthe du pouvoir, le duo avance, fracassant les murs pour arriver plus vite en son centre.

 Peu à peu, le jeune homme prend de l’assurance et s’émancipe de son pygmalion pour affronter l’Amérique qu’il souhaite relever dans la lumière. Nous avons l’impression que cette démesure qui s’annonce frôle le chemin de la folie ou d'un jeu subtil au service d’un manipulateur. Comme le dit la productrice : « Roy a toujours cherché à soumettre la réalité à sa vision du monde, mais il n’était pas le mieux placé pour imposer cette volonté ».

C’est ce que réussit à faire Donald Trump aujourd’hui. La question est de savoir si cela peut durer encore longtemps. Est-ce qu’il existe un abysse à ne pas franchir, un instant quand la bête acculée ne peut plus échapper à ses contradictions ? Ali Abbasi sonde avec talent l’âme de la créature comme celle du tueur des Nuits de Mashhad.

Dans cette histoire, il y a de la créature de Frankenstein échappant à son créateur, des mythes shakespeariens et peut-être demain de la tragédie. Ali Abbasi nous dit : « Je voulais écrire des personnages de chair et de sang, complexes, faillibles, surprenants, agaçants, tout comme d’authentiques êtres humains ». Il a réussi complètement son pari. Le film doit beaucoup à ses deux acteurs principaux, Sebastian Stan remarquable dans la peau de Trump et Jeremy Strong dans celle de Roy Cohn. La musique tonitruante accompagne cette mégalomanie sans faille, nous aidant à mieux comprendre que le bouffon n’est peut-être pas si fou, le dernier plan annonçant le Trump d’aujourd’hui.

Patrick Van Langhenhoven


Fiche technique
    Titre original et français : The Apprentice
    Titre québécoise : L'apprenti1
    Réalisation : Ali Abbasi
    Scénario : Gabriel Sherman (en)
    Musique : Martin Dirkov
    Décors : Aleksandra Marinkovich
    Costumes : Laura Montgomery
    Photographie : Kasper Tuxen
    Montage : Olivier Bugge Coutté et Olivia Neergaard-Holm
    Production : Daniel Bekerman, Julianne Forde, Jacob Jarek, Louis Tisné et Ruth Treacy
    Production déléguée : Amy Baer, Lee Broda, Greg Denny, Niamh Fagan, Phil Hunt, Grant S. Johnson, Josh Marks, Emanuel Nunez, Mark H. Rapaport, Compton Ross, Thorsten Schumacher, James Shani et Gabriel Sherman
    Coproduction : Neil Mathieson, Ditte Milsted, Matt Philip Whelan et Nima Yousefi
    Sociétés de production : Scythia Films, en coproduction avec Profile Pictures et Tailored Films, en coproduction exécutive avec Hidden Media et Kinematics4
    Sociétés de distribution : Briarcliff Entertainment (États-Unis), Mongrel Media (Canada), Nordisk Film (Danemark) et StudioCanal (Irlande) ; Métropole Films (Québec)1, Metropolitan FilmExport (France), The Searchers (Belgique)
    Pays de production : Canada,  Danemark,  États-Unis, Irlande
    Langue originale : anglais
    Format : couleur
    Genre : biographie, drame, historique
    Durée : 120 minutes
    Dates de sortie5 : 20 mai 2024 (festival de Cannes) 9 octobre 2024

Distribution
    Sebastian Stan (VF : Axel Kiener ; VQ : Philippe Martin) : Donald Trump
    Jeremy Strong (VF : Jérémie Covillault ; VQ : Antoine Bertrand) : Roy Cohn
    Maria Bakalova (VF : Macha Petina) : Ivana Trump
    Martin Donovan : Fred Trump
    Catherine McNally : Mary Anne Trump
    Charlie Carrick : Fred Trump Jr.
    Ben Sullivan : Russell Eldridge
    Mark Rendall : Roger Stone
    Iona Rose MacKay : Mary Trump
    Emily Mitchell : Ivanka Trump
    Patch Darragh : Daniel Sullivan
    Michael Hough : Kinney
    Chloe Madison : Fancy
    Eoin Duffy : Tony Schwartz
    Stuart Hughes : Mike Wallace
    Joe Pingue : Anthony Salerno (en)
    James Downing : Walter