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affiche La fille du diable

La fille du diable

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Un film de Henri Decoin,
Avec Pierre Fresnay, Fernand Ledoux, Andrée Clément,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h45
France

En Bref

Saget, l’ennemi numéro 1, est de nouveau en fuite. Il échappe au filet tendu par la police et se retrouve perdu en pleine campagne. Le hasard aime les crapules et met sur sa route Ludovic Mercier, un enfant revenu au village après avoir fait fortune en Amérique. Le gangster voit l’opportunité de changer d’identité et de se terrer dans le patelin perdu. C’est sans compter avec le médecin opportuniste qui comprend qu’il y a anguille sous roche. Il profite de la situation pour faire quelques travaux, une nouvelle clinique, un nouveau stade, une cloche neuve, etc. Ludovic Mercier, ex-Saget, se sent pris au piège et voit son pactole fondre comme neige au soleil. Il peut compter sur Isabelle, une jeune fille mise à l’écart par les braves gens, pour tenter de renverser la situation. La question est : Peut-on pactiser avec la fille du diable ? Isabelle voue un culte à Saget, mais il ne reste peut-être plus rien de l’ennemi numéro 1.


Grâce à la restauration soignée des films du catalogue Pathé, c’est l’occasion de redécouvrir des réalisateurs tombés dans l’oubli. Henri Decoin est l’un de ceux-ci. Il est inclassable, se confrontant à tous les genres avec succès. La fille du diable marque sa deuxième collaboration avec Pierre Fresnay, après Les Inconnus dans la maison (1941). Il connaitra, comme l’acteur, quelques soucis avec la Résistance pour sa participation pendant l’occupation avec la Continental. Il connaissait Alfred Greven, le représentant allemand, bien avant la guerre. À l’époque, des réalisateurs français travaillaient en étroite collaboration avec l’Allemagne sur des versions françaises. Comme Le Corbeau avec Pierre Fresnay, Les Inconnus dans la maison seront interdits sur les écrans français à la Libération. La fille du diable pourrait s’apparenter à un film noir plus qu’à un film policier. Ce qui intéresse le réalisateur, c’est le changement d’identité et les réactions des personnages comme Isabelle.

 En prenant un autre nom, le dangereux criminel se transforme de l’intérieur. Il n’est plus cet homme craint par tous, l’ennemi numéro 1. Il devient Ludovic Mercier, un brave garçon de retour au pays. Le film s’ouvre sur une séquence rappelant Le jour se lève de Marcel Carné en 1939. La fille du diable joue sur l’ombre et la lumière. Les visages apparaissent et disparaissent dans des halos, entre dieu et diable. Saget espère trouver dans ce village plus qu’une planque, la fin d’une cavale et l’espérance d’une vie ordinaire. Il est toutefois pris entre le docteur profitant de la situation pour lui extorquer des fonds pour le bien de tous et son ancienne identité. Andrée Clément trouve un rôle à sa mesure. Elle est exceptionnelle. Son personnage est atteint de la tuberculose, qui l’emportera vraiment à l’âge de 35 ans.

Elle vole la vedette par sa présence à Pierre Fresnay. Son personnage, déçu par son idole, ira jusqu’à la trahison, espérant réveiller la bête qui sommeille. Est-ce que l’on peut voir dans l’attitude de certains habitants celle de l’occupation ? C’est la transformation du mal en un citoyen ordinaire rattrapé par son destin. Peut-on faire le parallèle avec tous ceux qui rentreront dans l’ombre, oubliant les années sombres, tous ces diables qui deviendront de gentils citoyens ? Si on adopte ce point de vue, contrairement à ce qui se dit, La fille du diable, avec son aspect manichéen de la lutte du bien et du mal aurait bien plus de points communs avec cette période sombre.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo : 1920 x 1080p HD - 1.78 : 1 - 16/9
Langues Audio : français - 2.0 DTS-HD Master Audio
Sous-titres : audiodescription
Edition : Pathé

Bonus :

Entretiens autour du film avec Yves Desrichard et Didier Griselain

    Titre : La Fille du diable

    Titre alternatif : La Vie d'un autre

    Réalisation : Henri Decoin, assisté d'Andrée Feix et Hervé Bromberger

    Scénario : Henri Decoin, Alex Joffé et Marc-Gilbert Sauvajon

    Décors : Raymond Nègre et Henri Sonois

    Photographie : Armand Thirard

    Montage : Annick et Charles Bretoneiche

    Musique : Henri Dutilleux

    Pays d'origine : France

    Format : Noir et blanc - 1,37:1 - Mono - 35 mm

    Genre : Drame

    Durée : 105 minutes

    Date de sortie : 17 avril 1946

    Dates de sortie vidéo : 30 mars 2022

Distribution

    Pierre Fresnay : Ludovic Mercier / Saget

    Fernand Ledoux : le docteur

    Thérèse Dorny : tante Hortense

    Robert Seller : le maire

    Paul Frankeur : l'aubergiste

    Nicolas Amato : le brigadier

    André Wasley : le garde-chasse

    Albert Glado : le Tétard, le petit garçon

    François Patrice : Georges

    Félix Claude : Saint Jean

    Lucy Lancy : l'infirmière

    Henri Charrett : Ludovic Mercier

    Albert Rémy : Clément

    Andrée Clément : Isabelle