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affiche The Way

The Way

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Un film de Emilio Estevez ,
Avec Martin Sheen, James Nesbitt,, Deborah Kara Unger,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h08
Espagne

En Bref

« On en choisit pas sa vie on la vit ! »

Tom Avery, ophtalmologue aux Etats-Unis, ne sait plus rien de son fils depuis que ce dernier abandonne aux portes du master ses études pour vivre sa vie. Difficile pour un père d’accepter l’idée de découvrir le monde, d’arpenter les grands espaces ou voguer au gré des rencontres. Entre son cabinet et ses parties de golfs avec ses amis, le souvenir de son fils s’estompe dans les jours qui creusent le fossé des générations. Un jour un coup de fil en pleine partie le rappelle à son rôle de père. Il s’envole pour Saint jean Pied de Port,  l’un des points de départ du pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle. Il vient juste le temps d’une halte recueillir le corps de son fils mort au départ du pèlerinage. Qu’est ce qui reste de celui que vous avez aimé chéri, détesté parfois pour ses erreurs, pour l’écoute qu’il n’a pas eu ?

Qu’est ce qu’il reste,  une petite boîte en fer blanc avec des cendres et un dernier rêve inachevé comme ses études. C’est peut être pour une fois seulement aller au bout que Tom prend la route une petite boîte de métal dans son sac à dos. Il n’écoute même pas le capitaine des gendarmes qui lui dit : « on ne fait pas le chemin pour quelqu’un d’autre, même son fils mort ». Peu à peu ce solitaire croise d’autres âmes perdues comme lui en quête d’on ne sait quoi, une rédemption, un nouveau souffle, une blessure à refermer. Comme le dit le dicton qu’importe ce n’est pas le but, mais la raison qui compte. C’est le chemin. Entre Joost,  Hollandais bon vivant, Sarah la grincheuse qui en veut au monde,  Jack l’écrivain fou essoufflé, torturé par la page blanche, les mots qui ne viennent plus. Tom peu à peu disperse les cendres de son fils, l’âme s’envole le long du pèlerinage. Au final bien plus loin que Compostelle, ils découvriront face à l’océan la beauté du monde et le sens à donner à leur vie.  


Emilio Estevez, fils de Martin Sheen et frère de Charlie dans une mise en, scène sobre et frôlant souvent le classique nous livre un conte sur les chemins de l’existence. Alors que Coline Serreau choisissait l’humour pour aborder le même sujet, Emilio Estevez l’aborde de façon plus dramatique sans tomber dans la tragédie. C’est un petit film tout en délicatesse qui sous des apparences classiques avec des personnages au bord du stéréotype, cache beaucoup plus dans ses recoins. Par exemple, Martin Sheen toujours aussi juste, ophtalmo, ne voit rien à ce qui l’entoure. The Way nous pose la question de ce que nous faisons de notre existence, une petite vie bien ordonnée choisie par les autres ou un chaos qui est le nôtre ? Tom possède un bon métier, une existence tranquille bien rangée sans un pli.

Alors que son fils pourrait emprunter la même voie, pour son père il jette tout par la fenêtre pour des broutilles. Le but du film sera de nous faire comprendre que les choix du fils, la découverte du monde et de l’autre ne sont pas un mauvais choix. Sur le chemin de Compostelle, Tom, croise des morceaux de vie, le bon vivant parfois agaçant qui vous colle aux basques comme un mollusque sur son rocher. La fille perdue au cœur brisée en quête d’un avenir qu’elle ignore. L’écrivain fou en manque d’inspiration. Ces trois figures simplistes se révèlent plus complexes au fur et à mesure que la route avance, plus riche, ayant plus à partager. Quatrième personnage, celui dans la boîte de métal, le but du voyage est de saisir l’âme de ce fils inconnu.

Chacun transporte ses douleurs qu'il cherche à effacer, accepter, supporter, composer avec ses fantômes et ses démons. Faire la route pour qu'ils mordent la poussière et se diluent dans le temps et le vent des paysages. Reste justement ce cinquième et dernier voyageur, celui que nous pensons connaître dans ses moindres recoins. Nous même, ce petit égo qui peu à peu au fur et à mesure de la route et des cendres qui s’envolent, se fendille et se dévoile. Derrière tout ce que nous avons oublié, caché, dissimulé, dans les recoins de notre être le vrai moi attend son grand jour. Au bout de la route, plus qu’un pèlerinage physique, c’est celui de l’âme qui retrouve le sens de la vie. D’ailleurs le film se décompose en deux parties la quête jusqu'à la chambre d’hôtel luxueuse, et la reconstruction dans la dernière partie.

Ils croiseront le vieux sage, le mage qui pousse Tom à aller au de-là, aux portes du mondes, à la métaphore de l’océan des origines où tout peu enfin recommencer. La mise en scène sans être exceptionnelle, prend tout de même le sens des personnages perdus dans le paysage comme dans leurs quêtes. C’est plus en spectateur garant de leur intimité qu’Emilio Estevez place sa caméra, souvent en plan large. Il distille aussi par petites touches tous ce que vous avez voulu savoir sur le pèlerinage de Compostelle sans jamais le demander. The way est donc un petit film qui mérite que nous nous y attardions, si nous cherchons à voir plus loin.

Patrick Van Langhenhoven

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