Le cinéma venu de steppes de Mongolie semble ne pas faire de vagues. Quelques films sortent dans l’année sur nos écrans, sans provoquer une grande révolution, juste un frémissement faisant onduler l’herbe de la prairie. Pourtant, il finit par imposer un univers particulier, à proposer des variations sur nos sentiments batailleurs intérieurs. Il nous interroge sur notre place au sein de la société, sur le monde et nous, sur ce que nous avons perdu d’hier pour mieux embrasser demain. Il ressemble à la yourte posée au centre du monde, lieu intime, perdu dans l’océan vert à l’horizon infini. Il regarde à la fois les étoiles parsemant le ciel, l’intime, le micro, le macro cosmos et le monde des esprits. C’est souvent un cinéma décalé, surprenant, aux sujets bien plus que pittoresques. Dans l’ombre, il bouge les lignes, à la fois par ses mises en scène, ses cadrages, et surtout le fond.
Souvenons-nous du Chien jaune de Mongolie dans lequel une petite fille ramène un chien abandonné, belle métaphore du pays en 2005. Le premier choc, premier émerveillement se situe en 2003, L’Histoire du chameau qui pleure, un regard sur les nomades et la musique magique, magnifique. C’est une autre surprise qui nous attend en 2019 avec La femme des steppes, le flic et l’oeuf, un cadavre et un flic au cœur de la steppe et c’est déjà tout un monde qui s’ouvre à nous. En ce début d’année 2024, le remarquable Si seulement je pouvais hiberner, se situait dans le même quartier qu’Un jeune chaman. Ce dernier confronte le jeune Zé au monde moderne et lui pose surtout une question importante : le chaman peut-il tomber amoureux ? Comme si son statut le préservait d’un sentiment qui déplace des montagnes. C’est le combat des esprits contre la beauté des filles qui se joue.
Zé voit sa vie transformée, son savoir de chaman lui échapper et aucun esprit pour lui donner une réponse. Il ne reste que son mentor, sans doute, qui lui offre une de ses solutions, renvoyant le jeune disciple à lui-même. Car la solution est bien dans son âme et les choix qu’il devra faire. Un jeune Chaman nous plonge, après Si seulement je pouvais hiberner, dans cette communauté venue des steppes pour trouver un avenir meilleur à la capitale. C’est la confrontation entre le nomade et le sédentaire, la nature et l’urbain. Dans cette migration, les ancêtres suivent et les traditions ne sont pas perdues, au contraire. Comme dans le shintoïsme, elles conservent leur place au sein de la société, encore plus qu’hier. C’est toute une réflexion moderne sur la manière de préserver notre monde sans le détruire forcément. Il existe une autre voie que la surconsommation, la compétition, juste être là, au centre de l’univers, à sa juste place.
Patrick Van Langhenhoven
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Sous-titres :
Edition :
Titre original : Сэр сэр салхи
Titre international : City of Wind
Titre français : Un jeune chaman
Réalisation et scénario : Lkhagvadulam Purev-Ochir (en)
Musique : Vasco Mendonça
Décors : Bolor-Erdene Naidannyam
Costumes : Khorol-Enkh Gunchin1
Photographie : Vasco Carvalho Viana
Son : Benjamin Silvestre
Montage : Matthieu Taponier
Production : Katia Khazak et Charlotte Vincent (France)3
Coproduction : Ariunaa Tserenpil (Mongolie), Rachel Daisy Ellis et Filipa Reis (Portugal), Denis Vaslin et Fleur Knopperts (Pays-Bas), Oliver Damian (Allemagne), Munkhzorig Bayasgalan3
Sociétés de production : Aurora Films ; 27 Films Production, Guru Media, Uma Pedra na Sapato, Volya Films et VOO by mobinet (coproductions étrangères)3
Société de distribution : Arizona Distribution (France)
Pays de production :France, Allemagne, Mongolie, Pays-Bas, Portugal, Qatar
Langue original : mongol
Format : couleur – 1,66:1 – Dolby 5.1
Genre : drame romantique
Durée : 103 minutes
Dates de sortie : 31 août 2023 (Mostra de Venise) 24 avril 20244
DistributionTergel Bold-Erdene : Zé
Nomin-Erdene Ariunbyamba : Marla
Anu-Ujin Tsermaa : Oyu
Bulgan Chuluunbat : la mère de Zé
Ganzorig Tsetsgee : le père de Zé
Tsend-Ayush Nyamsuren : la mère de Maria