C’est une histoire simple. Elle court sur le bord du monde pour trouver ce beau matin quand la douleur ne sera plus qu’un souvenir. C’est l’histoire de Sandra, mère célibataire, veuve, le cœur à l’envers. Elle passe dans la plaine de la vie, portant son fardeau sans faiblir avec un soupçon d’espérance. C’est une histoire simple. Elle s’élance dans la ville comme un murmure grandissant. Sandra s’occupe de son père à la mémoire qui flanche qui ne se souvient plus très bien. Le temps est venu de quitter la maison où s’accrochaient peut-être encore des lambeaux de celle-ci. Commence pour Sandra, sa sœur et sa famille, le long parcours d’un lieu où la mémoire finira par se perdre pour toujours. C’est durant ce moment dans le chaos de la vie qu’elle retrouve Clément, un vieil ami. C’est une histoire simple. Elle s’accroche à l’âme des vivants pour ne pas se perdre dans les méandres du temps. Cette rencontre scelle un nouvel avenir, la promesse amoureuse d’un beau matin.
Mia Hansen-Løve réalise depuis son premier film un cinéma du vivant. Pour nous, c’est l’idée de capter, dans son expression la plus profonde, la vie. Laissons la réalisatrice apporter sa propre réponse lors d’une interview à Paris. « Je vous remercie de le formuler comme cela. En tout cas, c’est essayer de capter le vivant ou la vie. C’est vraiment le projet de mon cinéma depuis le début. Je dirais qu’il existe des cinéastes qui sont dans une recherche d’un cinéma qui renvoie à lui-même. On se sent au cinéma, cela peut donner des chefs-d’œuvre. La question n’est pas là. C’est une autre quête finalement. Alors que le cinéma que je fais, je crois, se définit par le désir, la tentative de transmettre un sentiment de vie. Ce qui passe par le fait, par exemple, de s’exprimer dans un style qui ne se voit pas.
Qui cherche à s’effacer le plus possible. Alors oui, c’est le désir de transmettre cette quête du vivant. Que par moments j’appellerais quête de vérité. C’est très subjectif. Oui elle est au cœur de mon désir de cinéaste depuis le premier film. » Un beau matin nous offre une nouvelle page de celle-ci, avec un duo remarquable, Léa Seydoux, Pascal Greggory. Dans ce moment du temps figé par la mémoire du père, le personnage de Sandra, mère célibataire, doit trouver une nouvelle route. C’est une rencontre qui bouleverse ce quotidien. C’est un film lumineux, au cœur du drame ineffable, que l’on ne peut empêcher. Il faut saisir chaque instant, aussi fugace soit-il, avant que ne vienne l’oubli complet. Pascal Greggory s’inspire du père de la réalisatrice, atteint de cette maladie dégénérative, Alzheimer, avec la cécité en plus.
La lumière illumine l’écran, qu'elle soit fragile et douce, ou éblouissante dans la rencontre. Elle est un contraste avec cette nuit qui habite le père. C’est une histoire simple jouant l’épure aussi bien dans ses dialogues que dans sa mise en scène. Elle touche à la profondeur des êtres qui s’ébattent, se débattent dans ce moment insaisissable, aux portes de l’oubli. Elle nous touche à l’âme, comme le cinéma de Mia Hansen-Løve en général. Il n'y a ni révolte, ni hurlements de douleur, juste l’acceptation et comment, dans ce moment figé, avancer de nouveau. Chaque plan, chaque phrase trouve sa place comme une évidence dans ce puzzle de la vie. Mia Hansen-Løve réussit à capter, saisir, en profondeur ce vivant qui devient celui de chacun. Il se produit une magie rare, celle d’un spectateur qui n’est plus hors du récit mais s’oublie dedans.
Patrick Van Langhenhoven
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Réalisatrice et scénariste : Mia Hansen-Løve
Photographie : Denis Lenoir
Montage : Marion Monnier
Producteurs : Philippe Martin et David Thion
Sociétés de production : Les Films Pelléas, Razor Films et Arte France Cinéma
Langue originale : français
Genre : drame, romance
Dates de sortie : 20 mai 2022 (Festival de Cannes 2022), 5 octobre 2022
Distribution Léa Seydoux : Sandra
Pascal Greggory : Georg
Nicole Garcia : Françoise
Melvil Poupaud : Clément
Camille Leban Martins : Linn