« Je crains le jour où la technologie dépassera l’homme » Albert Einstein.
Le nouveau rêve de l’humanité depuis l’apparition des machines est en passe de se réaliser, coupler l’esprit à la machine pour donner le jour à la créature du futur. Dans le labo où germe la technologie capable d’aboutir à une telle configuration ou abomination, deux tendances s’affrontent. Wil et sa femme pensent que c’est une ère nouvelle qui mettra fin aux mauvais élèves de l’univers que nous sommes. Le monde connaitra un souffle nouveau, plus de maladie, la nature, la terre épargnée par notre folie, l’écologie et la créature épousant un même rêve d’avenir. Pour Max Waters, nous ne maitrisons pas assez l’après pour oser jouer les apprentis sorciers et défier l’âme du cosmos. Dans l’ombre, la guerre a déjà commencé et un groupe de terroristes s’apprête à mettre fin à la folie des savants.
Le même jour, alors que Wil expose son projet dans un cycle de conférences, des labos explosent, des scientifiques meurent et Wil tombe sous les balles d’un terroriste. C’est l’amour qui bannit les scrupules et pousse Évelyne à transférer la conscience de Wil dans la machine. Elle ignore qu’elle vient de créer un monstre et que l’humanité est en danger. Une fois connectée au réseau internet, elle asservira tous les humains à ses décisions pour construire le monde de son choix. Les rebelles ne possèdent pas d’autre choix que de s’associer avec le gouvernement pour mettre fin à cette abomination. Il reste juste une question, qui de la machine à la conscience humaine ou de l’homme représente le prochain maillon de l’évolution ?
L’idée de la conscience et de la machine combinées pour enfanter le prochain maillon de l’espèce remonte aux années 80/90. Le film semble donc un peu daté et déjà traité, notamment dans Le Cobaye où l’on voyait un simple d’esprit devenir super intelligent. À l’époque, elle représentait l’espoir de l’humanité et le prochain pas vers l’homo-machine. Aujourd’hui elle prend des allures démoniaques et représente plus notre perte, Terminator Renaissance et Génésis. L’idée semblait bonne malgré tout, mais très vite le récit s’embrouille et se perd dans des digressions complexes. Le spectateur finit par ne plus suivre et le rythme n’étant pas au rendez-vous, il abandonne la partie. Il manque une clarification des idées, éviter de partir un peu dans tous les sens, prendre un axe et s’y maintenir.
Au départ, Christopher Nolan devait réaliser le film, la thématique autour de l’esprit entre dans le schéma de ses réflexions. Il s’aperçoit peut-être de l’impossibilité d’en tirer quelque chose et le donne à son chef opérateur, Wally Pfister. La mise en scène assez plate s’inspire largement de celle de son mentor, sans en égaler le talent. Les acteurs semblent peu exploités, Johnny Depp en oublie même de cabotiner pour livrer un rôle monolithique sans épaisseur et sans saveur. Les bonnes idées s’évanouissent très vite comme : qui commande, l’homme ou les processeurs ? Le fond de romance explique le comportement de la créature, et est à peine esquissé. Pourtant, il existait une piste à creuser, la nouvelle identité agit par amour et tente d’offrir à celle qu’il aime l’aboutissement de son rêve.
C’est expédié en deux phrases. Ce nouveau monde correspond aux attentes d’Évelyne, Eve la première femme d’une nouvelle humanité ? Qui l’organise, la machine ou Wil par amour, pour concrétiser le monde au couleur de sa bien- aimée ? Est-il le nouveau dieu de l’humanité ou le diable ? Ces questions ne verront pas le jour et très vite sombreront dans un marasme scénaristique, brouillard envahissant notre conscience de spectateur. Dommage, le sujet était intéressant, mais n’accouche que d’un enfant mal formé. Conclusion pas d’inquiétude à avoir de ce côté, la machine n’est pas prête de supplanter l’humain ou alors, ce dernier ne sait pas utiliser la machine !
Patrick Van Langhenhoven