Tralala, chanteur des rues à bout de souffle, croise la route d’une jeune femme surgie comme par miracle. Elle ne lui laissera de cette rencontre fugace qu’une phrase, « Surtout ne soyez pas vous-même ». Il n’en faut pas plus à notre homme pour prendre le train et débarquer à Lourdes, ville miracle. Amoureux d’une jeune fille en bleu, il découvre une nouvelle famille. C’est d’abord une mère, Lili, persuadée qu’il est Pat, son fils autrefois parti pour l’Amérique. Tout le monde identifie notre chanteur amoureux comme le fils prodigue. Tralala endosse le rôle, se glisse dans le costume et se transforme à son tour. Il retrouve la jeune fille en bleu, prisonnière dans sa tour. Jeannie, un amour de jeunesse de Pat, est la seule le soupçonnant de ne pas être lui-même. C’est ici que son destin et celui d’autres personnages qu’il croise sur sa route subiront l’effet miracle. Ces petites morts qui vous transforment, vous interrogent, vous poussent à remettre en question votre vie.
Les frères Larrieu construisent un cinéma-vérité singulier, magique, ancré souvent dans le paysage de leurs Pyrénées natales. Ils reviennent à Lourdes, ville de leur naissance, pour concrétiser l’envie d’une comédie musicale. Depuis de nombreuses années, c’est un projet qui leur tenait à cœur. C’est une conversation avec Philippe Katerine, lui proposant d’en être l’acteur principal et compositeur. Pour des raisons de planning, c’est Mathieu Amalric, leur acteur fétiche, qui devient Tralala. C’est une occasion pour le trio de s’étonner de nouveau. Tralala est une comédie musicale dans l’esprit libre des frères Larrieu mais extrêmement maitrisée, comme toujours. On pense forcément à Jacques de Demy et ses Demoiselles de Rochefort, grand maitre de la comédie musicale française. Les inspirations sont nombreuses, allant de Demy à la comédie musicale américaine comme Minelli.
Ces références n’apparaissent pas forcément à l’écran. Le ton du film épouse la touche des deux frères avec cette vision du monde sans attache. Ils s’amusent avec le genre tout en le respectant. Nous retrouvons souvent le plan-séquence, obligeant les comédiens à un exercice particulier sur la durée. Cette liberté de ton se retrouve chez les acteurs, habitués ou non à chanter. Elle donne une certaine fraicheur au film avec en profondeur l’absence, l’amour, le retour au pays, la liberté d’être. Ils jouent du masque covid comme d’un accessoire ancrant le récit dans la réalité présente. Chaque personnage est une histoire, de Lilli, la mère, à Seb, le frère, en passant par l’amour de jeunesse Jeannie, l’amour perdu Barbara, et la fille en bleu, Virginie. Virginie, image métaphorique de la Vierge comme Tralala, substitut christique par certains aspects du personnage.
Il y a du miracle mais aussi du conte dans cette histoire de transformation avec la venue de l’étranger. On retrouve souvent ce dernier en toile de fond dans leur œuvre. J’ai pensé à 21 nuits avec Pattie que l’on retrouve dans certains des dialogues de chansons, par petites touches. Chaque acteur est une palette musicale différente, Philippe Katerine pour Tralala, Jeanne Cherhal pour Jeannie, Étienne Daho pour Barbara, Dominique A et Bertrand Belin pour son rôle. Ce mélange et l’ajout d’une play list, comme toujours soignée, sont une touche de plus à leur univers. C’est un film sur la transformation par la musique et la rencontre avec l’autre qui vous oblige à regarder le monde autrement, comme souvent chez eux. Cette nouvelle facette de leur talent devrait leur ouvrir la porte d’un public plus large.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Bandes annonces
- Scènes coupées
- Making-of
- Entretiens avec les acteurs
- Concert
Titre : Tralala
Réalisation : Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Scénario : Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Musique (chansons) : Philippe Katerine, Étienne Daho, Dominique A, Bertrand Belin, Jeanne Cherhal, Sein
Supervision musicale : Renaud Letang
Photographie : Jonathan Ricquebourg
Montage : Annette Dutertre
Décors : Laurent Baude
Costumes : Judith de Luze
Chorégraphie : Mathilde Monnier
Son : Olivier Mauvezin, Margot Testemale, Katia Boutin, Cyril Holtz
Production : Saïd Ben Saïd et Kevin Chneiweiss
Sociétés de production : SBS Productions et Arte France Cinéma
Sociétés de distribution : Pyramide Distribution
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : couleur - 35 mm - 2,39:1 - son Dolby numérique
Genre : film musical, comédie
Durée : 120 minutes
Dates de sorties : 13 juillet 2021 (Festival de Cannes) 6 octobre 2021
Distribution
Mathieu Amalric : « Tralala »
Mélanie Thierry : Jeannie
Josiane Balasko : Lili, la mère de Pat
Maïwenn : Barbara
Denis Lavant : « Climby »
Jalil Lespert : Benjamin Trescazes, le mari de Barbara
Galatea Bellugi : Virginie, la fille de Barbara
Bertrand Belin : Seb, le frère de Pat