Trois hommes et un couffin, Chaos, Saint-Jacques… La Mecque, la crise. Depuis ses débuts Coline Serreau, réalisatrice engagée, regarde notre société et pointe du doigt ses travers avec comme arme la fiction. Aujourd’hui elle choisit, après un documentaire sur l’agriculture, de nous interpeller sur notre comportement sur la route. Tout est permis nous interroge sur la société elle-même, le conducteur n’étant que son reflet. C’est ce qui intéresse notre réalisatrice et le choix du documentaire s’avère un véritable parti pris. Pour elle, en touchant la réalité, elle s’engage encore plus avant dans son action militante citoyenne. La mise en scène est sobre, le plus souvent elle capture l’expression, les paroles, des contrevenants stagiaires, des médecins, des associations et des lobbies de l’alcool et des voitures en premier.
Elle donne la parole à ceux que la route pour un moment d’inadvertance, de stupidité, laisse orpheline d’une vie qui ne sera plus jamais la même. Comment ne pas rester insensible au témoignage de cet homme fauché sur son scooter, handicapé à vie. Ce parti pris de la sobriété peut passer pour certains comme un manque de discours, un choix de mise en scène trop simpliste. Au contraire en laissant s’exprimer en toute liberté les uns et les autres elle donne encore plus de poids au discours. Entendre par exemple des paroles comme : « Moi, je ne téléphone pas au volant, mais je réponds. » Celle qui prétend « Je conduis bien : le peu d'accidents que j'ai eus, ce sont les autres qui les ont commis. » Et celui qui provoque les rires : « J'ai repassé mon permis, il y a un an. On me l'a redonné le 10 octobre 2010 à 10 heures du matin et, à 10 h 20, je me suis fait gauler à 48 km à l'heure, au lieu de 30. » Cela se passe de tout commentaire.
Ce choix du brut d’une réalité mise à nu provoque l’effroi devant nos comportements à risque. Nous avons tous à un moment ou un autre commis ces petits riens, ces infractions sans conséquence -rouler un peu plus vite, répondre au téléphone, regarder la passagère à nos côtés, rouler avec juste un peu d’alcool après une bonne soirée. C’est sans excès bien entendu, juste le petit rien au-dessus de la légalité. Colline Serreau, dans Tout est permis, nous démontre combien nous devons être encore plus responsables au volant, la voiture, la moto, l’autre sur la route peuvent basculer dans l’horreur pour un rien. Elle montre cette nouvelle forme d’égoïsme, de « moi jamais, moi je suis… », cette espèce de fascisme de certains conducteurs se pensant au-dessus de tout, et poussant la faute à son extrême.
Trois hommes et un couffin, Chaos, Saint-Jacques… La Mecque, la crise. Depuis ses débuts Coline Serreau, réalisatrice engagée, regarde notre société et pointe du doigt ses travers avec comme arme la fiction. Aujourd’hui elle choisit, après un documentaire sur l’agriculture, de nous interpeller sur notre comportement sur la route. Tout est permis nous interroge sur la société elle-même, le conducteur n’étant que son reflet. C’est ce qui intéresse notre réalisatrice et le choix du documentaire s’avère un véritable parti pris. Pour elle, en touchant la réalité, elle s’engage encore plus avant dans son action militante citoyenne. La mise en scène est sobre, le plus souvent elle capture l’expression, les paroles, des contrevenants stagiaires, des médecins, des associations et des lobbies de l’alcool et des voitures en premier. Elle donne la parole à ceux que la route pour un moment d’inadvertance, de stupidité, laisse orpheline d’une vie qui ne sera plus jamais la même. Comment ne pas rester insensible au témoignage de cet homme fauché sur son scooter, handicapé à vie. Ce parti pris de la sobriété peut passer pour certains comme un manque de discours, un choix de mise en scène trop simpliste. Au contraire en laissant s’exprimer en toute liberté les uns et les autres elle donne encore plus de poids au discours. Entendre par exemple des paroles comme : « Moi, je ne téléphone pas au volant, mais je réponds. » Celle qui prétend « Je conduis bien : le peu d'accidents que j'ai eus, ce sont les autres qui les ont commis. » Et celui qui provoque les rires : « J'ai repassé mon permis, il y a un an. On me l'a redonné le 10 octobre 2010 à 10 heures du matin et, à 10 h 20, je me suis fait gauler à 48 km à l'heure, au lieu de 30. » Cela se passe de tout commentaire.
Ce choix du brut d’une réalité mise à nu provoque l’effroi devant nos comportements à risque. Nous avons tous à un moment ou un autre commis ces petits riens, ces infractions sans conséquence -rouler un peu plus vite, répondre au téléphone, regarder la passagère à nos côtés, rouler avec juste un peu d’alcool après une bonne soirée. C’est sans excès bien entendu, juste le petit rien au-dessus de la légalité. Colline Serreau, dans Tout est permis, nous démontre combien nous devons être encore plus responsables au volant, la voiture, la moto, l’autre sur la route peuvent basculer dans l’horreur pour un rien. Elle montre cette nouvelle forme d’égoïsme, de « moi jamais, moi je suis… », cette espèce de fascisme de certains conducteurs se pensant au-dessus de tout, et poussant la faute à son extrême.
Elle fait tomber les images d’Épinal, comme « la route est une pompe à fric » alors qu’elle coûte plus qu’elle ne rapporte. Ou le modèle allemand tant vanté, plus sécuritaire et sans limitation de vitesse : au pays d'Angela Merkel, seule une très petite portion d'autoroute sans limites est « accidentogène ». Ou encore « un choc frontal à 70 km ça ne vous fait pas beaucoup de dégâts », les tests démontrent le contraire.
Comme elle nous le disait aux rencontres de Gérardmer, nous ne comptons pas non plus ceux qui nous ont sauvés. Ceux qui évitent nos erreurs, nos petites faiblesses, nous sauvent de l’accident. Elle aborde aussi les lobbies, des constructeurs de voitures et des alcooliers, qui jouant sur le discours protecteur et les idées reçues continuent à jouer avec nos vies. Pourquoi une sortie cinéma, tout simplement par ce que les chaînes de télévision ne prennent pas le risque de diffuser un tel discours. Coline Serreau défend une société de solidarité, de responsabilité, de respect de l’autre que nous devrions avoir constamment en tête en prenant notre voiture. Tout est permis possède l’avantage du pour ou contre, des bonnes ou mauvaises fois, il nous force à réfléchir. Il nous pose la question du conducteur que nous sommes et que nous pourrions être, avant qu’il ne soit trop tard.
Patrick Van Langhenhoven