Parfois le silence est la meilleure façon de se protéger des démons, surtout quand ils viennent d’ailleurs. Dans la première partie de cette histoire, une famille tente de survivre, repliée dans le silence des tombeaux. Aujourd’hui Evelyn doit faire face sans Lee et sans le petit, emporté par des créatures venues d’ailleurs. Elle quitte le silencieux tombeau de la douleur pour avancer dans l’ombre muette. Regan, Marcus et le bébé sont encore de la partie pour cette fuite vers l’inconnu. Regan est persuadée qu’il existe une île capable d’accueillir les survivants. C’est peut-être un paradis perdu, une citadelle contre l’envahisseur. Elle croise la route d’Emmett, un ami d’hier qui a tout perdu et vit retranché dans de vieux bâtiments. Evelyn garde encore la rage de combattre là où Emmett n’est plus qu’un fantôme sans âme. Pourtant elle s’éveille quand il promet à Evelyn de ramener Regan partie en quête de cette île. La partie n’est pas encore jouée. Tout est possible dans ce monde partagé entre les aliens et les démons humains capables de tout pour survivre et les bonnes âmes. Dans la page du silence, tout reste à écrire et notre humanité à sauver d’elle-même et des monstres de l’espace. Il ne fait toujours pas bon crier sa peur au pays des vivants.
Cette deuxième partie arrive à maintenir la tension et le rythme sur une trame assez simple. Trois récits s’entrelacent pour mieux nous tenir en haleine. Le prologue nous ramène au début de cette histoire. Le premier film mélangeait une trame horrifique sur fond d’intime d’une famille face au silence et une menace inconnue. Sans un bruit 2 s’ouvre sur un dimanche ordinaire dans une petite ville américaine. C’est le calme avant la tempête. C’est le poids de tout ce que l’on perd avec ces monstres venus de l’espace. Une trace de feu dans le ciel annonce l’apocalypse et la fin du bonheur. Les cris des enfants ne résonneront plus dans l’air printanier. Sans un bruit 2 inverse la problématique du premier. Il fallait sauver les enfants tout en se demandant quel monde leur laisser quand plus rien n’est possible.
Cette fois, c’est Regan, la jeune fille sourde et muette qui se lance dans une quête impossible. Elle part à la recherche de cette île qu’évoque une chanson aux paroles significatives. Evelyn, Marcus et le bébé restent en arrière, retranchés au fond du gouffre. Evelyn est obligée de sortir pour récupérer une bouteille d’oxygène pour le petit. Marcus, resté seul, affronte un monstre. Regan, rejoint par l’ami d’hier, Emmett, se confronte au pire de l’humanité. En quelques séquences, tout est dit. Les hommes sont parfois pires que les démons. La mise en scène privilégie cette fois plus l’action que l’intime. Elle nous réserve toujours des surprises dans la foi en l’humanité capable d’inventer pour lutter contre le mal. Regan est en première ligne. La jeune fille silencieuse se dépasse et montre des capacités nouvelles.
La tension monte, nous réserve des espaces de silence, paisibles, qui très vite se fracturent sous le bruit. John Krasinski confirme sa capacité à inventer des univers complexes sans les trahir, en conservant une ligne générale d’un film à l’autre. Il trouve dans Millicent Simmonds et Noah Jupe deux jeunes acteurs prometteurs. Sans un bruit 2 s’achève sous forme d’une fin ouverte qui laisse espérer un troisième volet. Selon des informations sur le net, John Krasinski laisserait la place à Jeff Nichols pour un épisode en forme de spin-off centré sur d’autres survivants. La famille se retrouve au centre de son œuvre et nous promet un troisième volet dans l’esprit de la saga. Mais chut ! Faisons silence… trop de bruit nuit à la promesse du jour !
Patrick Van Langhenhoven
Bonus :
Journal du réalisateur : tournage avec John Krasinski
- «Perturbation détectable» : effets visuels et conception sonore.
Titre original : A Quiet Place: Part II
Titre français : Sans un bruit 2
Titre québécois : Un coin tranquille 2e partie1
Réalisation et scénario : John Krasinski
Musique : Marco Beltrami
Décors : Jess Gonchor
Costumes : Kasia Walicka-Maimone
Photographie : Polly Morgan
Montage : Michael P. Shawver
Production : Michael Bay, Andrew Form et Brad Fuller
Production déléguée : John Krasinski, JoAnn Perritano et Allyson Seeger
Société de production : Platinum Dunes
Société de distribution : Paramount Pictures
Pays d’origine : États-Unis
Langues originales : anglais, langue des signes américaine
Format : couleur
Genre : horreur, science-fiction
Budget : 61 millions de dollars
Durée : 97 minutes
Dates de sortie : 16 juin 2021 (sortie nationale)
Classification : interdit aux moins de 12 ans
Distribution
Emily Blunt (VF : Laëtitia Lefebvre ; VQ : Camille Cyr-Desmarais) : Evelyn Abbott
Millicent Simmonds (VQ : Léa Coupal-Soutière) : Regan Abbott
Noah Jupe (VF : Timothé Vom Dorp ; VQ : Paul Malo) : Marcus Abbott
Cillian Murphy (VF : Rémi Bichet ; VQ : Patrice Dubois) : Emmett
Djimon Hounsou (VF : Frantz Confiac) : le leader de la colonie
Lauren-Ashley Cristiano : la femme d’Emmett
Wayne Duvall : Roger
John Krasinski (VF : Stéphane Pouplard ; VQ : Frédérik Zacharek) : Lee Abbott
Scoot McNairy : le chef des pirates
Gary Sundown (VQ : Marc-André Bélanger) : l'homme sur l'île