L’espoir d’un monde nouveau disparait avec la république, les Jedi ne représentent plus qu’une vieille légende pour entretenir le feu de l’espoir. La guerre des clones est un souvenir lointain, l’Empire étouffe sous sa botte, les quelques feux de rébellion pour instaurer définitivement son règne de mille ans. Il reste encore des braises sur lesquelles le vent de la révolte pourrait souffler et attiser un nouvel espoir. C’est dans ce contexte que s’inscrit notre histoire. Elle porte le vent du sacrifice d’un père pour sa fille, d’une fille et de nombreux guerriers pour que la lanterne de l’espérance accroche de nouveau des reflets d’or dans les yeux des enfants. Pour sauver sa fille des griffes de l’Empire, le scientifique Galen Erso accepte de construire l’arme ultime qui mettra fin à la rébellion.
Quelques années plus tard, la petite fille sauvée par Saw Gerrera, le dernier des combattants libres, devient une femme hors- la-loi. Les galaxies peuvent bien continuer leur ronde sans elle, depuis longtemps l’espérance n’est plus qu’une étoile lointaine. Cassian Andor, espion à la solde des rebelles, soulève le voile d’une machine de destruction qui pourrait bien rayer de la carte toute illusion d’un renouveau. Rien ne semblait rapprocher ces deux existences jetées sur l’échiquier du cosmos. Pourtant, un mort en sursis et un vieux souvenir que l’on croyait brûlé dans les feux d’hier réapparaissent. Le message d’un père à une jeune fille qui ne croyait plus en rien ravive le vent de la lutte.
Il faut juste décider le conseil de la résistance à agir, dérober dans une ultime bataille les plans secrets d’une étoile de la mort pour que la vie reprenne. C’est ainsi que sur le cœur des magmas en éruption, loin des règles, un groupe de combattants hétéroclite accepte le combat d’une vie pour une aube nouvelle. Une jeune fille au cœur meurtri, un espion amoureux, un aveugle rêvant de Jedi, un guerrier obtus et des combattants libres se lèvent, quitte à en mourir. Dans l’ombre, une silhouette de nuit, une menace pourrait arrêter leur élan et briser l’espérance.
« L’espoir est la base de la rébellion » Jyn
Rogue One est d’abord une brillante réussite relançant la saga de Star Wars après un premier épisode de la nouvelle trilogie. La critique n’était pas unanime sur le dernier volet, qui pourtant à notre avis relançait la roue du karma avec subtilité. Rogue One, applaudi à la fin de la séance, réconcilie l’ensemble de la critique autour d’un épisode qui fera date. Il s’inscrit dans la lignée de la première saga, prologue à un nouvel espoir, avec une image de fin, clin d’œil et lien. C’est d’abord l’univers de Star Wars que l’on redécouvre avec plaisir, ses créatures venues du fin fond des galaxies, ses villes et ses temples magnifiques. Le décor est planté et l’histoire trouve facilement son chemin, entrainant le spectateur du cœur du désert aux iles luxuriantes rappelant la Seconde Guerre mondiale dans le Pacifique. Nous pourrions déceler les éléments du film de guerre, une menace plane sur le monde et seul l’anéantissement d’une arme de destruction massive fait pencher la balance. Nous viennent à l’esprit des films comme Les canons de Navaronne et bien d’autres de l’âge d’or du cinéma d’après-guerre.
Nous allons retrouver les figures incontournables l’Etat-Major refusant l’évidence, un espion au grand cœur, une héroïne et non un héros bravant le règlement militaire, douze (ou plus) salopards, etc. Il est intéressant de voir que la saga continue sa féminisation en remplaçant un Jedi apprenti par une jeune Jedi ou ici, le noble héros par une figure féminine. C’était déjà le cas dans la première saga où la femme n’avait pas le moindre rôle, et ne se contentait pas d’être la princesse au soulier de satin. Plus que l’espoir, le film aborde la thématique du sacrifice depuis le personnage de Galen Erso (Mads Mikkelsen) jusqu’à Jyn. Chacun est marqué par ce sentiment qui est plus grand et qui devient nécessaire pour une cause plus importante que sa propre existence. C’est tout le cheminement d’éveil qui conduit à prendre conscience d’une réalité qui vous dépasse. Galen Erso accepte de retourner sous la botte de l’Empire et de construire une machine de mort pour sauver une petite vie, celle de sa fille. Cet acte déclenche des ronds qui n’en finissent pas, comme le caillou jeté dans l’eau du lac, d’avoir des répercussions sur le monde. Ce sacrifice en appelle un autre, celui de donner aux combattants du bien les moyens de détruire l’étoile noire. Il devient le point central du récit, celui autour duquel tout prend forme et s’articule.
La dernière bataille devient celle qui justement ouvre les portes de l’éveil, et annonce le retour de l’espoir et des Jedi dans Un nouvel espoir. Un personnage aveugle, dernier détenteur de la force, ouvre la porte au retour des chevaliers du bien. C’est le combat de la démocratie contre la tyrannie. Du bien contre le mal, Gareth Edwards qui nous avait étonnés avec la saga Monsters et sa bonne reprise de Godzilla nous prouve son sens de la narration et de l’adaptation. Certains lui reprocheront son manque de réflexion autour de la force, sauf si nous le voyons comme un épilogue. Il est la clef ouvrant la porte. Les plans de l’étoile noire permettront le début de la chute de l’Empire et le retour des Jedi. Le réalisateur ne se contente pas d’utiliser les codes du genre, mais avec subtilité, il reconstruit une narration plus complexe. La fin devient brillante et symbolique de ce renouveau, mêlant océan et lumière du soleil sur fond de romance.
Il rajoute de nouveaux personnages dans la galerie féconde avec surtout Jyn. C’est la figure symbolique du héros type qui ne croit plus en rien et finit de nouveau par retrouver le chemin de la lutte. Felicity Jones compose un personnage tout en nuance, réflexion jouant sur les silences et non-dits. En image miroir, Cassian Andor (Diego Luna) garde ses convictions en la rébellion. Rogue One trouve pleinement sa place dans la saga originelle apportant une pierre de plus à l’édifice.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Rogue One: A Star Wars Story
• Titre de travail : Star Wars Anthology: Rogue One
• Réalisation : Gareth Edwards
• Scénario : Chris Weitz, Tony Gilroy, sur une idée de John Knoll et Gary Whitta (en), d'après les personnages créés par George Lucas
• Décors : Doug Chiang et Neil Lamont
• Costumes : David Crossman et Glyn Dillon
• Photographie : Greig Fraser
• Son : Chris Scarabosio29
• Montage : Jabez Olssen28, Elliot Graham
• Effets visuels : John Knoll28
• Effets spéciaux : Neil Corbould
• Musique : Michael Giacchino
• Production : Kathleen Kennedy et Tony To (en)
◦ Production déléguée : John Knoll, Simon Emanuel et Jason McGatlin
◦ Coproduction : John Swartz
• Sociétés de production : Walt Disney Pictures et Lucasfilm
• Société de distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures International
• Pays d’origine : États-Unis
• Langue originale : anglais
• Format : couleur - 35 mm - 2,35:1 - Dolby Digital
• Genre : science-fiction, guerre, space opera
• Durée : 133 minutes
• Dates de sortie :
◦ États-Unis : 14 décembre 2016
Distribution
• Felicity Jones : Jyn Erso
• Diego Luna : capitaine Cassian Andor
• Donnie Yen : Chirrut Îmwe
• Ben Mendelsohn : directeur Orson Krennic
• Jiang Wen : Baze Malbus
• Forest Whitaker : Saw Gerrera
• Mads Mikkelsen (VF : Yann Guillemot) : Galen Erso
• Alan Tudyk : K-2SO
• Riz Ahmed : Bodhi Rook
• Nick Kellington (en) : Bistan
• Spencer Wilding : Dark Vador
• James Earl Jones : voix de Dark Vador
• Genevieve O'Reilly : Mon Mothma
• Alistair Petrie (en) (VF : Gérard Darier) : général Draven
• Valene Kane (en) : Lyra Erso
• Jonathan Aris : sénateur Jebel
• Fares Fares (VF : Raphaël Cohen) : sénateur Vaspar
• Sharon Duncan-Brewster (en) : sénatrice Pamlo
• Jimmy Smits : Bail Organa (caméo)
• Warwick Davis : Weeteef
• Peter Cushing (en images de synthèse) : Grand Moff Tarkin