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affiche Réparer les vivants

Réparer les vivants

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Un film de Katell Quillévéré ,
Avec Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h43
France

En Bref

Simon abandonne le corps de Juliette pour celui de la vague. Il se laisse emporter entre vent et marée, baigné par les embruns. L’amour palpite au chant des beaux jours qui passent et bâtissant l’éternité sur un regard, un geste ineffable à inscrire dans la fable du temps. Ce dernier ne jouera plus sa trame. Il coupe la ligne de vie et ouvre la porte du drame. Une route, la fatigue et c’est le choc, Simon se retrouve à l’hôpital où la vie s’enfuit, laissant un corps pour réparer les vivants. Il n’est pas facile de dire oui pour les parents quand la valse du temps joue contre vous et vous presse. La mort peut donner la vie à d’autres, en instance de franchir, comme Simon, le Styx.

C’est à eux de décider la nouvelle trame à tisser sur la tapisserie de la vie. Ailleurs, une femme se laisse porter par la vague finale qui la conduira au bord du gouffre où l’existence joue sa dernière partition. Il lui reste si peu pour finir la route où l’amour s’estompe dans les feuilles des forêts sauvages. Pour Claire, le temps est compté, le sablier égrène les grains et bientôt le cœur ne battra plus pour personne. Entourée de ses deux fils, elle espère en une greffe pour rebondir et de nouveau enlacer le corps de son aimé. C’est sur cette trame que se construit la dernière et la première histoire où l’espoir chasse le désespoir des jours gris pour une mort, une vie.


"Le coeur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps" Maylis de Kerangal.

 Katell Quillévéré nous livre un plaidoyer pour le don d’organes dans une histoire où l’amour et l’ivresse de la vie ne sont pas absents. Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme de Maylis de Kerangal, publié en 2014. Entre onirisme et réalisme, elle construit une parabole du vivant où les morts deviennent l’espoir d’un autre corps pour qu’un cœur batte encore la chamade. Ce sont donc deux romances. L’une que le temps fauche à l’aube des promesses quand les rayons du soleil caressent l’envie d’éternité. La deuxième s’est interrompue de peur que la mort ne la fracasse sur les marches d’un palais perdu. Le cœur continuera à battre, à aimer, à croire en l’espérance et au bonheur retrouvé. Rien n’est perdu. Un autre portera les aubes triomphantes où l’amour reprend sa symphonie. Réparer les vivants raconte le temps où la vie quitte un corps pour devenir de petites îles d’espoir pour d’autres, grâce au don d’organes.

Plus classique, dans cette partie, elle nous saisit deux opérations à cœur ouvert qui pourront pour certaines âmes sensibles paraître insoutenables. Elle colle à la réalité, aux termes médicaux qui scandent ce moment où pas une minute n’est à perdre. C’est assez efficace, mais préjudiciable pour le reste par ce choc qui coupe l’élan onirique du reste du film. Pourtant, dès la première séquence, elle accroche le spectateur avec ce petit tempo de bonheur, une vie heureuse pleine de promesses qui ouvre la symphonie triste à venir. Ce sont deux corps enlacés, auxquels répondront bien plus tard deux autres corps amoureux dans la même position. Est-ce un écho, un effet miroir ou le temps qui reprend son histoire amoureuse ? Comme si ces deux romances n’en faisaient qu’une aux yeux de l’univers. La séquence des surfeurs est admirable. Katell Quillévéré fait preuve d’un sens de la poésie et de la vague peu vue auparavant. Elle continue ce moment de poésie qu’elle reprendra un peu plus tard avec Claire. La symbolique de la vague, de l’océan, lieu des origines d’où surgit la vie.

Elle deviendra bien plus tard, avec Claire, la forêt. Cette dernière est le territoire du premier arbre du monde, de la graine que l’on plante pour donner l’arbre de vie. Elle utilise les symboles pour appuyer le récit classique et chirurgical entre ces deux espaces. C’est une façon de nous amener au dernier plan qui en dit si long… Des petites choses viennent surligner son récit, comme cette infirmière qui parle au jeune homme, le médecin accompagnant les dons d’organes et son chardonneret. En évitant de montrer l’accident, elle choisit  la vie qui triomphe dans chaque plan. Depuis Suzanne, elle ne cesse de nous surprendre avec toujours, en fond, la famille et les relations père-fille ou ici mère-fils. Plus qu’un long discours, cette sensibilité nous fait comprendre combien les morts peuvent devenir l’espoir des vivants. Combien cette question épineuse du don d’organes demande réflexion, la réponse est en chacun de nous, comme la vie…

 Patrick Van Langhenhoven

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Titre : Réparer les vivants

    Réalisation : Katell Quillévéré

    Scénario : Gilles Taurand, d'après le roman de Maylis de Kerangal Réparer les vivants

    Distributeur : Mars Production

    Production : Les Films Pelléas, Les Films du Bélier

    Co-production : Frakas Production, France 2 Cinéma

    Producteur délégué : David Thion, Justin Taurand

    Pays : France

    Durée : 90 minutes

    Sortie : 2 novembre

Distribution

    Tahar Rahim : Thomas Remige

    Emmanuelle Seigner : Marianne

    Kool Shen : Vincent

    Anne Dorval : Claire

    Alice Taglioni : Anne Guérand

    Bouli Lanners : Dr Pierre Révol

    Monia Chokri : Jeanne

    Karim Leklou : Virgilio Breva

    Dominique Blanc : Lucie More

    Alice de Lencquesaing : Alice Harfang

    Finnegan Oldfield : Maxime

    Théo Cholbi : Sam

    Gabin Verdet : Simon

    Galatéa Bellugi : Juliette

    Titouan Alda : Johan

    Andranic Manet : Chris

    Steve Tientcheu : Hamé Gaye

    Irina Muluile : Gisèle