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affiche Red 2

Red 2

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Un film de Dean Parisot,
Avec Bruce Willis, John Malkovich, Mary-Louise Parker,

Genre : Film d'action
Durée : 1h56
États-Unis

En Bref

Lorsque Red —premier du nom— a débarqué sur nos écrans fin 2010 alors envahi de blockbusters pour ado, avec ses têtes d’affiche décrépies et son parti pris film d’action comique, personne ne pouvait parier un kopeck sur son succès public. Il faut dire que son adaptation de la bande dessinée de Warren Ellis et Cully Hamner sentait déjà l’arnaque aseptisée. Pourtant, le volet de Robert Schwentke a connu une jolie carrière avec 90 millions d’euros amassés sur le sol américain et pas moins de 811 292 entrées en France. Sans grande surprise donc, les retraités de la CIA vont devoir encore faire du rab dans un Red 2, qui suit les yeux fermés le chemin creusé par son prédécesseur. On retrouve Franck Moses, qui coule des jours bien tranquilles aux bras de la jolie Sarah mais qui va voir son train-train bousculé lorsque son ancien compagnon de galère, Marvin, lui parle d’un projet mystérieux « Nightshade ». Les deux amoureux et Marvin vont ni une ni deux s’envoler d’un pays à l’autre pour fuir les tueurs à leurs trousses et percer à jour le mystère. De l’action, du sarcasme, de l’action, mais attends… de quoi on parle déjà ?


Entre la saga Expendables et Red, nous accueillons un nouveau phénomène en vogue, celui où les comédiens has been exécutent des acrobaties rocambolesques et font le pitre pour masquer une histoire précaire qui mise tout sur ses faire-valoir sans s’en cacher. Il est vrai que là encore, l’intrigue de Red 2 est loin de casser trois pattes à un canard tant son motif sonne creux. Qu’en est-il exactement ? On ne le ‘comprendra’ qu’à la fin, une fois les pérégrinations des protagonistes calmées et le vrai méchant de la bande identifié. Avant ça, on aura eu le temps de nous balader de pays en pays pour enchainer dans un rythme éreintant (pour nous, alors imaginez pour eux !) les bastons et les exécutions, toutes plus violentes et expéditives les unes que les autres. On reprochera d’ailleurs souvent à Red 2 sa sauvagerie excessive, passée sous le coup de la blague.

Ce scénario tortueux, on le doit à nouveau aux frères Hoeber, auteurs du script de Whiteout et responsables du contesté Battleship, autant dire qu’on ne nourrissait pas de grands espoirs quant au résultat. Et pour autant, malgré une trame narrative très simpliste, une action en dents de scie et des notions d’intégrité et de loyauté hautement contestables, le récit offre quelques répliques savoureuses et un sens du rythme qui a le mérite de ne jamais laisser son spectateur au bord de la route.

Un rythme haletant que le chef d’orchestre, Dean Parisot (Braqueurs amateurs, Galaxy Quest), qui succède à Robert Schwentke dans l’exercice, a su retranscrire et amplifier à souhait. Sa caméra urgente enchaine les scènes vitesse grand V en proposant une lisibilité toute relative et des cascades pour le moins audacieuses. Dites cascades qui malgré un rendu plutôt bluffant, souffrent à plusieurs reprises de faux raccords et de découpages houleux. Néanmoins, la réalisation de Parisot fait ce qu’elle peut pour extraire tout le potentiel divertissant d’un scénario déjà paresseux et, il faut le souligner, ne s’en sort pas si mal que ça. Visuellement, on est même agréablement surpris de voir apparaître une image issue de la bande dessinée en guise d’introduction dans chaque pays. Ce petit clin d’œil bienvenu à l’œuvre d’origine permet à la fois de situer le spectateur et de dédramatiser ses actes répréhensibles.

L’humour, très présent ici, ne doit pas non plus être étranger à ce rendu léger, limite désinvolte. En effet, l’action est ponctuée très régulièrement d’une réplique sarcastique, souvent truffée d’autodérision, balancée au moment opportun. A ce jeu de la gaudriole, la joyeuse équipe excelle et prédomine. Il faut dire que ce casting de stars 4 étoiles est laissé en roues libres et en profite allègrement pour fanfaronner à volonté. Mention spéciale à Hellen Miren qui nous vaut de beaux éclats de rire tout comme John Malkovich, qui a beau forcer un peu la partition du faux candide simplet, a toujours un coup d’avance sur le récit et nous fait rire du début à la fin. Quant à Willis (en dehors de la scène d’ouverture où on le voit acheter du papier toilette), il ne change pas de registre et nous prouve qu’il est encore tout à fait capable de botter le cul des petits jeunots.

Après s’être ramassé au box office américain, nul doute que Red 2 ne ferra pas couler beaucoup d’encre dans l’hexagone. Pourtant, le film est loin d’être un navet et remplit même presque entièrement son contrat de com-action qui ne se prend pas au sérieux. Pour sûr, on ne boudera pas son plaisir devant ce divertissement certes excessif mais diablement pop et excentrique.

Eve BROUSSE

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