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affiche The Program

The Program

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Un film de Stephen Frears,
Avec Ben Foster, Chris O'Dowd, Guillaume Canet,

Genre : Biographique
Durée : 1h43
Royaume-Uni

En Bref

Le cyclisme ne regorge pas que de losers ou de comiques, comme Ghislain Lambert. Sa présence sur le grand écran n’a pourtant rien de rare. Le suspense, l’essence de la passion sportive a de quoi se marier à merveille avec un art rejetant la monotonie. Lance Armstrong, le cycliste, a tout d’un « personnage » par son sens de la mise en scène et sa capacité à tromper, que le public découvrit plus tard. L’enjeu d’en faire le grand personnage d’un film, pour Stephen Frears, corrobore cette idée d’instants de vie dits « cinématographiques ». Le défi prend du plomb dans l’aile : les images de cyclistes n’éclipsent pas le récit même, l’intrigue de cet imposteur qui a fait du cyclisme une marque et l’a rendu à jamais souillé par le dopage, traitée ici de façon trop superficielle.

Armstrong remporte à 21 ans le championnat du monde de cyclisme. Le réalisateur anglais choisit cet instant pour lancer son film et la route vers la gloire promise à cet espoir, en qui personne ne voyait un futur vainqueur du Tour. Le rêve américain tombe dans le dramatique lorsqu’il se sait atteint d’un cancer des testicules. La suite est connue, il vaincra la maladie puis les montagnes, remportant sept Tours de France d’affilée - record annulé après les aveux. Le film s’axe sur l’enquête menée pendant plusieurs années par David Walsh. Aidé par la suite par le français Pierre Balester, ce dernier est d’ailleurs mystérieusement absent de The Program.


La faillite du film provient de son incapacité à véritablement dégager un point de vue, un jugement, en alliant sarcasme à cette grande mascarade que le cyclisme connut. The Program échoue dans sa quête d’art, ou comment faire d’une affaire médiatique et publique un sujet suscitant l’intérêt. Il ne fait que renseigner. Les nombreux revers des années Armstrong tombent dans l’illustration, la prévisibilité et apparaissent uniquement adressés aux novices. Aux antipodes d’un Fincher réussissant à rendre la naissance de Facebook intrigante, l’enquête ne semble être ici qu’au second plan et le journaliste irlandais Walsh fait des apparitions sporadiques, très conventionnelles. Les amateurs de la petite reine n’ont qu’à s’y tenir, sans être plus bluffés par les images de leur sport que par le traitement succinct de l’histoire et ses dialogues épurés allant à l’essentiel, quitte à manquer de véracité.

Il faut néanmoins voir dans cela le personnage d’Armstrong et son caractère allant à l’essentiel, à la soif de reconnaissance inconsidérée, et la duperie facile. Le rythme est à son image et un passage en est l’illustration même. Au cours d’un discours de représentation pour son association de lutte contre le cancer, le Texan raconte un évènement passé à l’hôpital, vu précédemment dans le film et arrangé alors à sa sauce. L’intelligence se situe dans la capacité entre la parole et le visuel et l’arme dont le cinéma dispose. Une complicité avec le spectateur s’installe mais sera l’une des rares. Armstrong sort alors dans le couloir et croise une femme. En quatre questions sur ses goûts culinaires, l’image suivante est celle du cycliste avec elle… à leur mariage. Le tout en quelques secondes. C’est le regret de l’analyse tant médiatique qu’historique, toujours balayée, qui prend forme ici, laissant place à l’instantanéité d’une longue affaire à raconter et où il ne faut rien rater. Nous ne reverrons plus jamais cette femme.

L'une des belles surprises est, comme dans beaucoup de films biographiques, la performance de l'acteur et sa capacité à se glisser dans le rôle. Ben Foster, qui a avoué avoir pris des produits dopants pour le tournage, colle au personnage avec une mention pour sa présence et sa gestuelle - contrairement à un Guillaume Canet en docteur Ferrari avec un horrible accent italien. Les sentiments personnels néanmoins ne sont pas évidents à déceler dans The Program. Mis à part lorsqu’Armstrong, dans une scène trop explicite, se dresse face à un précipice. Floyd Landis apportera cette touche : le coéquipier prometteur, rebelle et sentimental. Les remords donnent du fond au problème et cette piste accentue les manques précédents du film pour décrire ce système impressionnant, « le système de dopage le plus sophistiqué de l’histoire du sport » selon le rapport de l’USADA, qui l’a fait tomber. Frears a le sens du drame, du récit, certes, mais effleure son sujet, le caresse, alors que tous attendaient rythme et puissance, digne d’un vainqueur du Tour de France et d’un mensonge hors-norme.

 Clément SIMON 

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Titre original et français : The Program
    •    Titre de travail : Icon
    •    Réalisation : Stephen Frears
    •    Scénario : John Hodge, d'après Seven Deadly Sins: My Pursuit of Lance Armstrong de David Walsh
    •    Direction artistique : Andrew Rothschild et Denis Schnegg
    •    Décors : Alan MacDonald
    •    Costumes : Jane Petrie
    •    Photographie : Danny Cohen
    •    Montage : Valerio Bonelli
    •    Musique : Alex Heffes
    •    Son : Peter Lindsay
    •    Production : Eric Fellner, Tim Bevan, Tracey Seaward et Kate Solomon
    •    Sociétés de production : StudioCanal et Working Title Films
    •    Sociétés de distribution : StudioCanal (France)
    •    Pays d'origine : Royaume-Uni, France
    •    Langue originale : anglais
    •    Genre : film biographique, dramatique et sportif
    •    Durée : 103 minutes
    •    Dates de sortie1 : 16 septembre 2015
Distribution
    •    Ben Foster (VF : Jean-Christophe Dollé) : Lance Armstrong
    •    Lee Pace (VF : Anatole de Bodinat) : Bill Stapleton
    •    Dustin Hoffman (VF : Dominique Collignon-Maurin): Bob Hamman
    •    Elaine Cassidy : Betsy Andreu
    •    Jesse Plemons (VF : Alexis Tomassian) : Floyd Landis
    •    Chris O'Dowd : David Walsh
    •    Denis Ménochet (VF : lui-même) : Johan Bruyneel
    •    Bryan Greenberg :
    •    Laura Donnelly : Emma O'Reilly (en)
    •    Guillaume Canet (VF : lui-même) : le médecin Michele Ferrari
    •    Edward Hogg (VF : Rémi Caillebot) : Frankie Andreu
    •    Julien Vialon : John Lelangue
    •    Nicolas Robin : Christophe Bassons
    •    Lucien Guignard : Alberto Contador
    •    J. D. Evermore : le directeur général de Tailwind (en)
    •    Todd Terry : le directeur chez Tailwind
    •    Chiké Okonkwo (VF : Namakan Koné) : le jeune docteur
    •    Lesa Thurman (VF : Catherine Artigala) : la femme dans la librairie