Claire, dix ans, abandonne à regret les feux de la capitale pour les horizons lointains des Cévennes. Elle suit sa mère, Louise, laissant derrière elle un mariage à bout de souffle au point final de la séparation. Elle recommence à zéro, loin de folie parisienne, au cœur des montagnes et des forêts profondes où chante le rossignol. Pour l’instant, si Louise la Parisienne fait son trou, Cécile peine à trouver des amis. Elle est la Parisienne et on ne fricote pas avec les habitants de la capitale. Un cirque et son attraction bouleversent l’ordre des choses, entrainant notre petite sur les chemins de la liberté. Poly, le petit poney vedette du spectacle, subit les coups et autres brimades de Brancalou, le maitre du cirque. C’est décidé, l’animal a fait son temps. Un nouveau Poly enchantera les petits marmots. Un triste sort attend le petit animal et ça, Claire ne l’accepte pas. Elle fera tout, très vite aidée par la bande du village, pour sauver Poly. Rien n’est joué car le triste sire Brancalou n’est pas près de céder. Il est prêt à tout pour retrouver la fugueuse et le fugueur.
Après Belle et Sébastien, c’est un autre feuilleton de la prolixe Cécile Aubry qu’adapte Nicolas Vanier. On retrouve les thématiques chères à l’auteur, la différence, le racisme, les animaux, sur fond de grands espaces naturels. C’est un cinéma bienveillant, pour la famille, que réalise notre aventurier. Il propose une lecture plus contemporaine, même si l’action se situe dans les années soixante, soixante-dix. C’est d’abord le cœur de la nature qui bat comme un personnage principal. La caméra se fait plus microscopique pour saisir le papillon et autres insectes sur la tige de blé, le brin d’herbe. Elle s’envole pour embrasser les paysages, à l’horizon lointain des Cévennes. Il ne manque pas de s’attarder sur le village et ce cirque vintage rappelant notre enfance.
C’est un petit cirque de bric et de broc, aux attractions fantaisistes, poney, chèvre savante, trapézistes que m’offrait chaque jeudi ma tante. C’est la place de l’autre et de la femme à l’heure du féminisme. C’est toujours dans la tendresse et la délicatesse, sans violence excessive, que le récit trace sa ligne. La bande de gamins nous rappelle les Castors Juniors du Journal de Mickey, les signes de piste de notre jeunesse, bande de canailles prêts à tout pour une bonne action, bambins aux trognes de clowns, lutins farceurs dans un monde d’adultes sérieux. Nicolas Vanier remplace Medhi, déjà dans Belle et Sébastien, un petit garçon, fils de Cécile Aubry, par une petite fille. C’est la douceur d’un soleil magicien effleurant les paysages et les décors comme ce château et son châtelain marginal. C’est presque un conte sur l’autre, la nature à préserver et la conscience animale, omniprésente aujourd’hui.
Ces personnages sont typés sans tomber dans la caricature. Patrick Timsit compose un méchant dans la lignée des personnages de bande dessinée. Nicolas Vanier rejoint le courant actuel de la bienveillance en littérature et au cinéma quand la violence ne sombre pas dans les ténèbres mais tend vers la lumière. On suggère plus que l’on ne montre, laissant au spectateur le soin de faire le reste du chemin. On valorise des sentiments qui suscitent l’éveil, comme l’amour, l’amitié, le courage, la compréhension de l’autre. Poly est un très beau récit qui fait écho au feuilleton de notre enfance et devrait ravir toute la famille. En ces temps difficiles, c’est déjà beaucoup.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Poly
Réalisation : Nicolas Vanier
Scénario : Jérôme Tonnerre, Maxime Giffard, Nicolas Vanier, d'après la série télévisée Poly et le roman éponyme de Cécile Aubry
Musique : Eric Neveux
Photographie : Christophe Graillot
Montage : Raphaële Urtin
Décors : Sébastian Birchler
Costumes : Mahémiti Deregnaucourt
Production : Yves Darondeau, Emmanuel Priou, Thierry Desmichelle
Sociétés de production : SND Groupe M6 et Bonne Pioche
Distribution : SND
Genre : drame, aventure
Durée : 98 minutes
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Date de sortie :
France : 21 octobre 2020
Distribution
Julie Gayet : Louise
François Cluzet : Victor
Patrick Timsit : Brancalou
Elisa de Lambert : Cécile
Orian Castano : Pablo
Anne-Marie Pisani : Madame Gina
Gérard Dubouche : Le maire
Mathilde Dromard : Colette
Luc Palun et Jean-Jérôme Esposito : Les gendarmes