C’est avec confiance et pleine d’élan qu’Eva commence son travail de femme de chambre dans un grand hôtel. Elle pense que son expérience à l’Ibis du coin l’aidera à passer le cap. Elle découvre d’abord une bande copines, joyeuses, sillonnant les grands couloirs, pénétrant dans les chambres spacieuses pour leur redonner du brillant. C’est avec Simone qu’elle commence sa première journée. Eva comprend vite que le travail dans un palace n’est pas de tout repos et n’a rien à voir avec ce qu’elle a connu. L’exigence, la qualité, la rapidité et la discrétion sont de mise au bal des marquises. Il faut toujours sourire et prendre la chambre comme la vie, du bon côté, malgré ses petits inconvénients, comme la présence de « canards » dans la baignoire. Elle devra se faire accepter de l’équipe et se confronter à la grève pour obtenir un meilleur et salaire et la considération de la direction. Le monde des palaces ne fait pas grand cas de ses petites mains.
Nessim Chikhaoui confirme l’espérance que nous avions en lui avec son premier film Placés. Il compose une nouvelle comédie agréable qui ausculte le lien social, le regard sur l’autre, la difficulté de vivre. Il est servi par une bande d’actrices en osmose, avec Corinne Masiero militante et Lucie Charles-Alfred, prometteuse. Tout tient dans les liens que les personnages tissent entre eux, surmontant les orages au travail comme dans la vie. La comédie n’est jamais lourde, toujours enthousiaste et parsemée parfois de moments tendres. Nessim Chikhaoui se consacre à son sujet sans jamais chercher à faire de l’esbroufe. Il déroule une histoire qui tient la route, basée sur la réalité d’un métier qui a dû en passer par la grève pour être considéré.
Dans cet univers, il faut savoir qu’une chambre coûte dix fois le salaire d’une femme de chambre et on ne parle pas des suites. Le matin, celles-ci s’affairent à rendre les lieux présentables, redonner du luxe et du rêve pour le prochain client. Comme partout, le temps est compté et le travail pénible. Corinne Masiero retrouve un de ses rôles habituels, une femme revêche, fatiguée et minée dans son corps par ce boulot qui ne l’épargne pas. Elle sert de référente à la jeune Eva qu’elle n’hésite pas à rabrouer, presque à la dégouter d’un boulot de misère. Peu à peu, le climat entre les deux évolue, jusqu’au dénouement qui nous réserve des surprises. Chaque personnage incarne une figure de ce microcosme, entre immigration et peu de considération.
Nous sommes dans une comédie douce-amère, un exercice difficile pour ne pas tomber dans le pathos ou la franche rigolade. Nessim Chikhaoui s’en sort bien en composant une petite symphonie des cœurs comme dans Placés. D’ailleurs, Eva pourrait être le même personnage quittant le foyer. Dosant les moments de révolte, de rire et des scènes plus intimes le soir, une fois dans les foyers. C’est un jeu d’équilibre, funambule sur son fil, d’un point A à un point B, sans tomber. Comme toujours, c’est la route la plus importante, le chemin que nous traçons ensemble pour changer le monde. Il finit par nous transformer à son tour, nous rappelant ce qui est l’essentiel. Petites mains nous interroge sur la condition des femmes de chambre que nous regarderons autrement.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : Petites Mains
Réalisation : Nessim Chikhaoui
Scénario : Nessim Chikhaoui et Hélène Fillières
Musique :
Décors :
Costumes :
Photographie :
Son :
Montage : Sarah Ternat
Production : Matthieu Tarot et Alice Labadie
Sociétés de production : Le Pacte, Albertine Productions
Société de distribution : Le Pacte
Pays de production : Drapeau de la France France
Langue originale : français
Format : couleur — 2,35:1
Genre : comédie
Durée :
Dates de sortie : 1er mai 2024
Distribution Corinne Masiero : Simone
Lucie Charles-Alfred : Eva
Marie-Sohna Condé : Safiatou
Salimata Kamaté : Violette
Maïmouna Gueye : Aissata
Kool Shen : Thierry Bonneau
Abdallah Charki : Ali
Mariama Gueye : Agnès Simon
Fatima Adoum : Fatima