Florent Siri, réalisateur de Nid Guêpes, Cloclo et L’ennemi intime nous habituait à un cinéma peu conventionnel et plus personnel. Il s’imposait comme une espérance prometteuse, avec un thriller filant comme une balle, un portrait de Claude François loin des sentiers battus et un film engagé sur la guerre d’Algérie. Il rejoint, comme de nombreux autres réalisateurs de son acabit, les rangs d’un cinéma plus sage et formaté. Ces nouveaux talents parfois courtisés par Hollywood deviennent de gentils faiseurs. La nouvelle vague du cinéma français, biberonnée au cinéma US de genre, semble fatiguée de se battre pour des projets moins conventionnels et se retrouve à la tête de machines plus calibrées pour continuer à bosser. Après Un moment d’égarement, Pension complète se veut le remake de La cuisine au beurre.

Elle diffère profondément de l’original qui voyait le choc de deux monstres de l’humour, Fernandel et Bourvil. La confrontation du sud et de sa cuisine à l’huile, ensoleillée, avec le nord et celle au beurre, qui tient au corps. Les femmes avaient un peu plus de présence. Dans la version moderne, elles font figure de bibelots sur le meuble. Dans la première, nos deux compères finissaient par se faire remettre au pas par leurs gentes dames. La nouvelle version laisse place à une cuisine alchimique moderne et la folie du jeu. Le duo se compose d’un type sympathique obsédé par sa première étoile et d’un autre, plus frimeur, dragueur et profiteur.

Nous sommes loin des deux figures du premier, un brave type bosseur face à un gouailleur plus porté sur la pêche et la sieste. L’écart de personnalités est beaucoup plus mince et moins marqué aujourd’hui. L’humour s’infiltre mal, il ne s’appuie pas sur deux tempéraments  opposés. C’est donc sur une autre partition que se joue cette Pension complète où le spectateur retrouve les incontournables scènes du genre : la séquence des baffes à la Lino Ventura et Jean Lefèvre, la plage et le retour de nos amours, la bande de copains et le travailleur sérieux, la scène de picole, et mille petites vacheries entre amis. La fin d’année ne s’achève pas sur le meilleur de la comédie française qui sait pourtant se renouveler et proposer des petites perles comme Papa ou maman, Comme un avion, Une famille à louer ou Le tout Nouveau Testament. Vivement l’année prochaine avec de belles promesses à la clef, confidence pour confidence, cela ne pourra pas être pire que la fin d’année.

Patrick Van Langhenhoven

    •       Titre : Pension complète

    •       Réalisation : Florent Siri

    •       Scénario : Matt Alexander, Cécile Sellam, Mathieu Oullion d'après l'œuvre de Gilles Grangier

    •       Musique : Emmanuel d'Orlando

    •       Montage : Olivier Gajan

    •       Photographie : Giovanni Fiore Coltellacci

    •       Costumes : Mimi Lempicka

    •       Décors : Philippe Chiffre

    •       Producteur : Cyril Colbeau-Justin, Jean-Baptiste Dupont et David Giordano (producteur exécutif)

    •       Production : LGM Productions et Cinéfrance 1888

    •       Distribution : Studiocanal

    •       Pays d'origine :  France

    •       Durée : 85 minutes

    •       Genre : Comédie

    •       Dates de sortie : 30 décembre 2015

Distribution

    •       Franck Dubosc : François

    •       Gérard Lanvin : Alex

    •       Pascale Arbillot : Charlotte

    •       Audrey Dana : Pascale

    •       Abdoulaye Dembele : Brice

    •       Nora Hamzawi : Dr Victoire Bonnaire

    •       Nader Boussandel : Mamed

    •       Marc Barbé : Franck

    •       Catherine Lachens : Maman François