Elle, c’est Jennifer, comme Jennifer Aniston son actrice préférée. Elle passe son temps entre les cheveux des clients et le karaoké du week-end où avec deux de ses copines elle se lance des défis musicaux. Elle est pleine d’amour comme un paysage où le soleil n’en finit pas d’envahir l’espace. Elle aime son petit garçon, le seul homme de la maison pour l’instant.
Lui, c’est Clément, professeur de philo, auteur d’un essai philosophique sur l’amour où il analyse ce sentiment sublimé par Marivaux et d'autres. Il se retrouve à Arras exilé, puni, dans un collège en attendant un retour en fin d’année à Paris. Il est loin de la culture et des soirées branchées où les bobos refont le monde comme les précieuses ridicules de Molière.
Elle dévore la vie comme une vague voulant englober le monde avant de mourir sur la plage. Lui analyse tout, décortique le monde à l’aulne de ses chers philosophes. Rien ne les prédestinait à cette rencontre, à fraterniser, à s’aimer. Un regard, un rien, ce que l’on n’analyse pas bat dans chacun de ces cœurs épris, amoureux. Elle se lance, le dévore du regard, du cœur. Lui, nous ne savons pas trop si c’est un amour de passage, l’apprentissage d’un être simple, une idiote à éduquer ou le sujet de son prochain livre sur le petit monde de la province. Il est tout cela à la fois, manipulateur, mais peu à peu le cœur a ses raisons que la raison ignore. Elle lit les auteurs, il lui fait la lecture après avant l’amour. Elle l’initie au karaoké, où son corps peu à peu se déhanche et joue une autre romance que celle de l’esprit. L’amour entre deux êtres aussi différents serait-il possible qu’il pourrait abattre plus que les montagnes. C’est au Carnaval que vous aurez la réponse, dans la foule des masques anonymes où tout est possible, où les soubrettes deviennent des princesses et les marquises de soumises filles de la terre.
Lucas Belvaux examine depuis toujours la lutte des classes et comment elles se recomposent (Cavale 2003, la raison du plus faible 2006, Rapt 2009) ou les questions de société (38 témoins). Pas son genre réunit les deux à la fois, la confrontation à travers la culture de deux classes différentes et une question qui animait peut-être comme moi vos soirées de jeunes adultes, la différence de culture peut-elle séparer un couple. Pour se faire il choisit la romance amoureuse où le suspens demeure : sont-ils faits pour finir leur vie ensemble. Il s’interroge sur deux façons de voir la vie, celle de l’instinct, Jennifer, ou de l’analyse, Clément. L’autre question se trouve peut-être dans la scène d’ouverture où Clément refuse de s’engager, fuit la vie de couple et le désir d’enfant : l’incapacité d’aimer d’un homme. Aimer c’est s’abandonner à l’autre, se laisser porter par le chant du cœur et non de la raison. Pour Clément aimer, c’est son essai analysant un sentiment qu’il regarde à travers l’expérience des philosophes et non la sienne. D’ailleurs peut-être qu’il retirera de cette histoire une vraie analyse de l’amour avec le livre qui en restera.
Elle, c’est Jennifer, comme Jennifer Aniston son actrice préférée. Elle passe son temps entre les cheveux des clients et le karaoké du week-end où avec deux de ses copines elle se lance des défis musicaux. Elle est pleine d’amour comme un paysage où le soleil n’en finit pas d’envahir l’espace. Elle aime son petit garçon, le seul homme de la maison pour l’instant.
Lui, c’est Clément, professeur de philo, auteur d’un essai philosophique sur l’amour où il analyse ce sentiment sublimé par Marivaux et d'autres. Il se retrouve à Arras exilé, puni, dans un collège en attendant un retour en fin d’année à Paris. Il est loin de la culture et des soirées branchées où les bobos refont le monde comme les précieuses ridicules de Molière.
Elle dévore la vie comme une vague voulant englober le monde avant de mourir sur la plage. Lui analyse tout, décortique le monde à l’aulne de ses chers philosophes. Rien ne les prédestinait à cette rencontre, à fraterniser, à s’aimer. Un regard, un rien, ce que l’on n’analyse pas bat dans chacun de ces cœurs épris, amoureux. Elle se lance, le dévore du regard, du cœur. Lui, nous ne savons pas trop si c’est un amour de passage, l’apprentissage d’un être simple, une idiote à éduquer ou le sujet de son prochain livre sur le petit monde de la province. Il est tout cela à la fois, manipulateur, mais peu à peu le cœur a ses raisons que la raison ignore. Elle lit les auteurs, il lui fait la lecture après avant l’amour. Elle l’initie au karaoké, où son corps peu à peu se déhanche et joue une autre romance que celle de l’esprit. L’amour entre deux êtres aussi différents serait-il possible qu’il pourrait abattre plus que les montagnes. C’est au Carnaval que vous aurez la réponse, dans la foule des masques anonymes où tout est possible, où les soubrettes deviennent des princesses et les marquises de soumises filles de la terre.
Lucas Belvaux examine depuis toujours la lutte des classes et comment elles se recomposent (Cavale 2003, la raison du plus faible 2006, Rapt 2009) ou les questions de société (38 témoins). Pas son genre réunit les deux à la fois, la confrontation à travers la culture de deux classes différentes et une question qui animait peut-être comme moi vos soirées de jeunes adultes, la différence de culture peut-elle séparer un couple. Pour se faire il choisit la romance amoureuse où le suspens demeure : sont-ils faits pour finir leur vie ensemble. Il s’interroge sur deux façons de voir la vie, celle de l’instinct, Jennifer, ou de l’analyse, Clément. L’autre question se trouve peut-être dans la scène d’ouverture où Clément refuse de s’engager, fuit la vie de couple et le désir d’enfant : l’incapacité d’aimer d’un homme. Aimer c’est s’abandonner à l’autre, se laisser porter par le chant du cœur et non de la raison. Pour Clément aimer, c’est son essai analysant un sentiment qu’il regarde à travers l’expérience des philosophes et non la sienne. D’ailleurs peut-être qu’il retirera de cette histoire une vraie analyse de l’amour avec le livre qui en restera.
Lucas Belvaux s’approprie le roman de Philippe Vilain, préfère le double regard, celui de Jennifer et Clément en supprimant une voie off centrant le livre sur Clément. La mise en scène imprègne la ville d’Arras d’une lumière rappelant les peintres flamands jouant souvent de l’ombre et la lumière, écho aux deux cultures : celle de la bougie des couchées de soleil Clément et son introspection du monde et celle de Jennifer, plus lumineuse. Elle s’achève dans un déferlement de couleurs pendant le carnaval. Nous pensons à des réalisateurs comme Capra, Demy, Truffaut, Jennifer pourrait être l’une des demoiselles de Rochefort.
Clément tire plus vers Rohmer, ses personnages intellectuels, indécis, ratiocinant, plaçant l’affect à distance, analysant leurs sentiments, rationalisant leurs pulsions... Lucas Belvaux construit son film tout en délicatesse avec des moments de suspens, d’interrogations sur les intentions de Clément. Nous nous laissons prendre au piège et emmener dans cette histoire d’amour qui par son approche prend des allures nouvelles. C’est la rencontre entre deux mondes impossibles, deux univers opposés qui peu à peu s’apprivoisent, se charment et finissent par s’épouser. Une des scènes clés du film est cette discussion autour d’un roman de Zola. Jennifer livre la réponse juste, nous pourrons faire toutes les analyses que nous voudrons, seul Zola connaît la réponse de ce qu’il met dans son œuvre. Vivre c’est se confronter au monde, ne pas le regarder à travers les autres, poètes, romancier, philosophe.
Le mot philosophie, habileté, ruse, « la sagesse », c'est-à-dire littéralement : « l'amour de la sagesse » désigne une activité et une discipline existant depuis l'antiquité en Occident et se présentant comme un questionnement, une interprétation et une réflexion sur le monde et l'existence (définition web) Si le personnage de Jennifer n’a pas lu les grands auteurs, elle n’est pas idiote pour autant. La réduire à sa simple culture serait une erreur, nous sommes plus que cela ! Nous sommes un tout qui nous définit et fait de nous, comme pour le renard dans Le Petit Prince, des êtres différents. C’est une des thématiques de par son genre. D'ailleurs, la meilleure réponse est celle de Jennifer à la fin et la réaction de Clément que je vous laisse découvrir. Quant à notre avis, il est différent de celui de Belvaux. C’est un film que nous aimons beaucoup et vous conseillons vivement.
Patrick Van Langhenhoven
· Réalisation et Scénario: Lucas Belvaux
· d'après: le roman homonyme de: Philippe Vilain
· Image: Pierric Gantelmi d’Ille
· Décor: Frédérique Belvaux
· Costume: Nathalie Raoul
· Son: Béatrice Wick
· Montage: Ludo Troch
· Musique: Frédéric Vercheval
· Producteur: Patrick Quinet, Patrick Sobelman
· Production: Agat Films & Cie, Artémis Productions, France 3 Cinéma, RTBF, Belgacom
· Interprétation:
Emilie Dequenne (Jennifer),
Loïc Corbery (Clément),
Sandra Nkake (Cathy),
Charlotte Talpaert (Nolwenn),
Anne Coesens (Hélène Pasquier-Legrand),
Didier Sandre (le père de Clément),
Martine Chevallier (la mère de Clément)...
· Distributeur:
Diaphana Distribution