Le titre n'est pas un hommage à la série Code Quantum dont le héros Sam Beckett ( Scott Bakula ) s'exclamait souvent par lassitude amusée ' Oh Boy ' ( oh bravo en VF ). Le réalisateur a trouvé son titre dans les paroles d'une chanson des Beatles, A Day in the life qui commence par ses mots : ' I heard the news today, oh boy... '. Il a ainsi voulu rendre hommage à leur capacité à transcender le quotidien par des chansons-récits poétiques de quelques minutes et cette idée se reflète dans le rythme de son film à l'apparente indolence.
Dans cette errance un rien futile filmé dans un noir et blanc élégant ( voir Frances Ha de Noah Baumbach ), Jan Ole Gerster filme un jeune homme à la croisée des chemins lors d'une journée particulière où il croisera des amis, de vieilles connaissances perdues de vue et des inconnus comme on pourrait en voir dans un road-movie - même si Niko semble incapable, lui, de voyager. Un psychologue agressif, une ancienne camarade de classe anciennement boulotte et devenue plus gironde mais restée marquée par les humiliations, un ami acteur qui n'a pas su devenir professionnel et quelques autres seront autant de miroirs tendus à sa personnalité éthérée. Comme une version moins profonde et ( presque ) sans gravité de Oslo 31 Août de Joachim Trier, cette comédie amère aurait pu être le portrait complaisant d'un adolescent attardé trop content de vivre aux crochets de son père mais se révèle plus âpre à défaut d'être aussi bouleversante ou drôle qu'elle n'aurait pu ou du l'être. Jan Ole Gerster évite d'écraser son antihéros sous des reproches moralisateurs et en fait un exemple, parmi d'autres, d'une génération déboussolée, incapable d'affronter l'adversité de la vie de tous les jours mais sans apporter de solutions toutes faites sur sa possibilité de sortir de sa léthargie.
Le constat n'est pas gai mais pourtant la tonalité reste dans l'ensemble plutôt légère. Le jeune homme qui fuit comme il peut les questions ou situations dérangeantes est interprété par Tom Schilling qui ne cherche pas à rendre attachant Niko, plus fuyant que réellement ouvert pour de vrais échanges humains. Si le passé nazi de l'Allemagne est dans un premier temps un sujet de blague, comme un événement trop irréel, avec l'incursion sur le plateau de tournage d'un film qui s'annonce franchement médiocre, il est plus grave à la fin avec cet homme croisé dans l'un des quelques bars vus dans ce long-métrage. Parti 70 ans plus tôt pour fuir la guerre après la Nuit de Cristal, il revient dans son pays pour accepter ce qu'il avait évité jusqu'alors : mourir. Si cela apporte une gravité jusque là relativement absente, la performance de Michael Gwisdek évite d'en faire un pensum dont la seule utilité serait de réveiller un jeune homme qui aurait baissé les bras sur sa vie. À noter, une très belle bande-son jazzy signée de Cherilyn McNeil et des Majors Minors qui donne du souffle à un long-métrage qui sans être d'une grande originalité, est un agréable petit moment de cinéma.
Pascal Le Duff