Ce matin-là, tout était paisible, la journée s’étirait comme toutes les autres. Moumet prenait son poste à la sécurité pour la première fois. À l’intérieur, les fidèles écoutaient la messe sous la voûte inspirée par Dieu. Les touristes circulaient dans les allées, impressionnés par tant de splendeur et de beauté. Les guides, dans de multiples langues, racontaient la construction de l’un des plus beaux monuments de France. Une petite fille voulait brûler une « bougie » à la Sainte Vierge. Sur les sommets, là où les gargouilles sommeillent et surveillent la ville, les ouvriers redonnaient des couleurs à l’édifice. C’était un jour commençant comme un autre, qui finirait marqué par le sceau de l’histoire. Cette journée paradisiaque prendrait rapidement les couleurs des flammes de l’enfer. Un mégot, un rien, le hasard, le vent caressant la pierre et attisant la flamme. Le chœur des pénitents larmoyants n’effacera pas la douleur. Les pompiers arrivent de toutes parts dans un Paris embouteillé pour tenter l’impossible. Deux jeunes pompiers s’élancent pour leur premier feu, qu’ils n’oublieront jamais. Notre Dame brûle et le monde pleure.
Jean-Jacques Annaud apprend par la radio la triste nouvelle et décide rapidement de se saisir du sujet. C’est d’abord sous forme d’un documentaire qui, très vite, devient un film. Notre Dame brûle est sans aucun doute l’une de ses meilleures réalisations. Il nous entraine dans un parcours de suspense sur une fin connue. C’est d’abord la tranquillité d’un matin paisible comme un autre, fracturé par le drame. Il humanise cette histoire à travers différentes figures, celle d’une petite fille et sa « bougie » qui ouvre et ferme le cercle jusqu’à celle des pompiers réalisant l’impossible. C’est le retour d’un cinéma grandiose aux images somptueuses qui sait lier les petites histoires à la grande. Jean-Jacques Annaud se base sur une documentation impressionnante, sans jamais porter de jugement.
Il montre le courage de ces pompiers face à l’impossible et un incendie titanesque. On pense au film d’Oliver Stone sur le 11 septembre, hommage à une corporation exceptionnelle. Ils feront tout au risque de leur vie pour sauver ce vaisseau de pierre. La symbolique, comme toujours, n’est pas absente à travers les figures grimaçantes. C’est une fois de plus l’homme au sein d’un paysage plus grand que lui confronté à la lutte du bien et du mal. C’est un cinéma de la dimension, comme nous aimerions en voir plus souvent. Jean-Jacques Annaud est un alchimiste de l’image qui sait doser l’intime et le flamboyant. Le travail de reconstitution est remarquable, mélangeant images virtuelles et des réseaux au réel dans un patchwork magique.
Le spectateur est au cœur de la tempête et frémit de tout son être face à l’ampleur de la lutte. Le réalisateur glisse dans cette grande trame des petits moments intimes, une petite fille et sa bougie, deux jeunes pompiers face à leur premier feu. C’est aussi un employé dans son premier poste, des ouvriers médusés, une course contre la montre pour sauver une couronne d’épines. C’est deux feux à gérer, les flammes et les institutionnels. Tout est vrai dans cette course contre le démon. Une fois de plus, Jean-Jacques Annaud nous étonne et nous emporte dans du cinéma qui éclate sur l’écran dans un somptueux voyage au cœur de l’enfer.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Commentaire audio
- Entretien avec Jean-Jacques Annaud
- Module making-of
Titre original : Notre-Dame brûle
Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
Scénario : Thomas Bidegain et Jean-Jacques Annaud
Musique : Simon Franglen
Directeur de la photographie : Jean-Marie Dreujou
Décors : Jean Rabasse
Direction artistique : Dominique Moisan
Son : Lucien Balibar
Affiche : Plantu
Producteur : Jérôme Seydoux
Producteur délégué : Jean-Yves Asselin
Société de production : Pathé ; coproduit par TF1 Films
Distribution : Pathé (France)
Pays d'origine : France, Italie
Format : couleur
Genre : drame
Date de sortie : 16 mars 2022
Distribution
Samuel Labarthe : le général Gontier
Jean-Paul Bordes : le général Gallet
Mikaël Chirinian : Laurent Prades
Jérémie Laheurte : Adjudant-Chef Joël
Maximilien Seweryn : Sergent-Chef Reynald
Dimitri Storoge : Capitaine Francis
Chloé Jouannet : Caporal-Chef Marianne
Pierre Lottin : Lieutenant Alexandre
Jules Sadoughi : Sergent-Chef Jordan
Vassili Schneider : Caporal Sandro
Ava Baya : Sapeur Marie-Eve
Nathan Gruffy : Sapeur Victor
Sébastien Lalanne : Capitaine Marcus
Bernard Gabay : Colonel Roland
Oumar Diolo : Moumet
Antonythasan Jesuthasan : Jonas
Élodie Navarre : Mère de la petite fille
Chloé Chevallier : Petite fille
Tony Le Bacq : policier barrage
Miguel Facchiano : le policier motorisé
Maxime Grandemange : Touriste Américain
Daniel Horn : guide écossais
Pascal Rénéric : le conservateur de Notre Dame
Régis Chaussard : un guide