Comment une pièce de 5 cents tombée du ciel peut causer un drame. Oji et Emerald, Em Haywood ne comprennent toujours pas la mort de leur père. Ils sont bien décidés à reprendre le dressage de chevaux pour le cinéma et la télévision. Oji reprend le ranch et Em cherche toujours la gloire à Hollywood. A proximité, Ricky Jupe Park exploite un parc d’animation autour de son traumatisme d’enfance. Il était la vedette de Gordy et Compagnie, célèbre soap des années 90. Gordy le chimpanzé a massacré toute la famille, épargnant le gamin. Ricky propose de racheter le ranch des Haywood. Croulant sous les dettes, ils doivent renflouer les caisses rapidement. D’étranges phénomènes, coupures d’électricité, chevaux énervés, éveillent leur attention. Il se passe quelque chose de pas catholique dans les parages. Une forme jaillit des nuages pour se balader incognito. Ils décident de placer des caméras un peu partout pour saisir le mystère. Farce de petits plaisantins, extraterrestres feraient un scoop qui relancerait leur cagnotte. Ils embarquent Angel, un vendeur curieux, dans leur quête. Il ne leur reste plus qu’à immortaliser la scène. Qui mieux qu’Antiers Holst, le chef opérateur de l’impossible, pour le faire ? La bande est au complet pour capter la menace venue d’ailleurs, mais rien ne se passera comme ils le souhaitaient.
En trois films, Jordan Peele bouscule le genre comme M. Night Shyamalan avant lui. Ils sont tous les deux à la recherche d’un nouveau langage cinématographique en s’appuyant sur le genre fantastique et de science-fiction. C’est aussi pour Jordan Peele une façon d’aborder la condition des Afro-Américains comme l’avait déjà fait Spike Lee, et la condition humaine en général. Nope est un film ambitieux. Son cœur est un regard sur l’autre, venu d’ailleurs ou d’ici. On retrouve cette thématique dans ses trois films, Get Out, Us et donc Nope. C’est un réalisateur qui n’hésite pas à prendre des risques et emprunter des chemins différents. La réunion de famille de Get Out se transforme en un cauchemar pour Chris avec un but déjà proche de l’idée de l’étalon. Dans US, les Wilson de retour de la plage voient leur monde déraper.
N’oublions pas non plus sa participation à Lovecraft Country. On pourrait penser que pour Jordan Peele, l’homme est un loup pour l’homme. Dans Nope, la violence vient de l’animal, entre le chimpanzé du début, les chevaux et un animal venu d’ailleurs. Parfois il est impossible, comme c’est le cas pour Ghost le cheval blanc, de les dresser. Il aborde aussi l’univers du spectacle, et notre société du dollar. Au départ, l’équipe est en quête d’un paquet d’argent pour changer sa condition. Elle bascule dans un autre espace, celui de la survie et de l’image impossible à saisir pour Antiers Holst. Jordan Peele construit son langage sur le cinéma populaire de La Quatrième dimension, Au-delà du réel, à Spielberg en passant par M. Night Shyamalan. Nope pourrait être un film à suspense, un western, une comédie humaine et bien entendu de la science-fiction.
Cette dernière est plus proche d’auteurs comme Norman Spirand, Robert Heinlein, Ray Bradbury, plongeant notre quotidien dans l’extraordinaire. Il s’entoure du chef opérateur des derniers Nolan Hoyte Van Hoytema, responsables de l’ambiance de Morse et Ad Astra. Cela donne un style particulier jouant de la lumière des plateaux télé aux grands horizons plongeant dans le ciel. La première partie est plus sociale sur le monde du spectacle et la place des Afro-Américains, des Asiatiques en son sein. L’espace est celui des plateaux de cinéma et de la pub. La seconde partie, avec la présence de plus en plus prégnante du mystère, balaie l’horizon, une fausse ville de l’ouest. La fin s’élance entre terre et ciel avec l’homme en son milieu. Faut-il voir une certaine vision spirituelle ? Nope n’a sans doute pas fini de nous révéler le fond de son discours multiple et riche.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : Nope
Titre québécois : Ben non
Réalisation et scénario : Jordan Peele
Musique : Michael Abels
Direction artistique : Samantha Englender
Décors : Ruth De Jong
Costumes : Alex Bovaird
Photographie : Hoyte van Hoytema
Montage : Nicholas Monsour
Production : Ian Cooper et Jordan Peele
Production déléguée : Robert Graf et Win Rosenfeld
Coproduction : David Torres
Sociétés de production : Monkeypaw Productions ; Universal Pictures (coproduction)
Société de distribution : Universal Pictures
Budget : 68 millions dollars3
Pays de production : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genres : science-fiction horrifique ; énigme, thriller
Durée : 135 minutes
Dates de sortie : 10 août 20225
Classification Avertissement : contenu sensible
Distribution
Daniel Kaluuya (VF : Mike Fédée) : Otis « OJ » Haywood Jr.
Keke Palmer (VF : Fily Keita) : Emerald « Em » Haywood
Steven Yeun (VF : Stéphane Fourreau) : Ricky « Jupe » Park
Brandon Perea (en) (VF : Geoffrey Loval) : Angel Torres
Michael Wincott (VF : Michel Vigné) : Antlers Holst
Wrenn Schmidt (VF : Audrey Sourdive) : Amber Park
Keith David (VF : Rody Benghezala) : Otis Haywood Sr.
Donna Mills (VF : Virginie Ledieu) : Bonnie Clayton
Barbie Ferreira (VF : Zina Khakhoulia) : Nessie
Devon Graye (VF : Julien Meunier) : Ryder Muybridge
Eddie Jemison (VF : Philippe Bozo) : Buster
Oz Perkins (VF : Tanguy Goasdoué) : Fynn Bachman
Terry Notary : Gordy
Sophia Coto (VF : Nadine Girard) : Mary Jo Elliott
Andrew Patrick Ralston (en) : Tom Rogan / Brett Houston
Jennifer Lafleur (en) : Phyllis Mayberry / Margaret Houston