Francis est un petit comptable sans envergure d’un obscur cabaret de Charleroi. Il embarque pour une série de péripéties, en apparence sans queue ni tête. Elles finiront par trouver un semblant de sens après une errance urbaine surréaliste. Au départ de notre histoire, on découvre une tête dans un frigo. C’est celle de Nadine, la femme volage du petit comptable. Pour échapper à la police, il entame une fuite en avant avec l’aide de Pieds Nickelés tout droit sortis d’une BD franco-belge. Pour pimenter l’affaire, nous rajouterons une bande de morfaloux coriaces, en quête d’une somme conséquente dérobée au patron du clandé. En bonus, nous aurons un ferrailleur et une drôle de voiture au coffre qui schlingue comme la tombe d’un zombie. Toutes ces choses n’ont en apparence rien de commun mais elles finiront par dévoiler le nœud de l’affaire. Entre-temps, le voyage porté par le rire et la musique vous transportera dans un univers surréaliste de mauvaise mine.
Il est difficile de dévoiler l’intrigue car très vite elle échappe à la raison. C’est une succession d’événements dans une chaine de circonstances loufoques comme on les adore. Au départ, un vol et un meurtre s’associent pour déraper, et la tête et les pieds du comptable qui courent pendant que les flics sondent l’âme humaine sans rien comprendre. Deux tueurs en quête de réponse laissent une piste sanglante qui prend des allures de grand huit. Le patron du clandé se la joue mafieux, mauvaise teigne, avec une tendance à cogner sec. Au début, on se demande ce que cherchent les personnages de cette comédie surréaliste. Très vite nous comprenons qu’ils sont en quête d’une vie plus paisible. Derrière la grande foire à la Magritte apparaît le thème du film, le couple dans toutes ses illusions et désillusions.
Comme pour un tableau de Magritte, il faut chercher derrière l’image pour trouver le sens de tout ce foutoir. Le petit comptable ne souhaite que rattraper un couple à la dérive avec sa Nadine. Quand rien ne va plus, à la loterie de l’existence, la vengeance pointe son nez. En choisissant le mauvais chemin, il perd définitivement la clé du bonheur qui n’était pas loin. C’est ce dérèglement-qui n’est pas climatique, mais existentiel-qui dérape et s’évapore dans les limbes. La course du paumé du petit matin à travers la ville, comme le chante Brel, devient l’occasion de croiser d’autres figures dignes du grand-guignol de la vie. Chacun est en quête du bonheur qu’il perd forcément par négligence. Le film doit beaucoup à une mise en scène bien ordonnée, et des acteurs en décalage. C’est avec un grand plaisir que nous retrouvons cet humour belge, entre le noir de l’âme et le rouge du cœur, surréaliste à souhait, pour le bonheur du spectateur.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Music Hole
Réalisation : Gaëtan Liekens et David Mutzenmacher
Scénario : David Mutzenmacher
Musique : Alexandre Chaigniau
Décors : Luc Noël
Costumes : Marie Davin et Manon Golembieski
Photographie : Bruno Degrave
Montage : Alexandre Adam
Production : Amos Rozenberg
Producteur délégué : Jean-François Destexhe
Coproducteur : Loïc Gourbe et Philippe Logie
Producteur associé : Sarah Halfin et Manuel Molina
Assistant producteur : Thomas Voltzenlogel
Sociétés de production : EuropaCorp, ELGOlive, Paramax Films et Rockstone Films
Société de distribution :
Pays de production : Belgique
Langue originale : français
Format : couleur — 2,35:1
Genre : Comédie dramatique
Durée : 82 minutes
Dates de sortie : 6 juillet 2022
Distribution
Wim Willaert : Francis
Vanessa Guide : Martine
Laurence Oltuski : Josée
Hande Kodja : Nadia
Tom Audenaert : Fabianski
Frédéric Imberty : René
Anthony Lewis : Rudy
Chicandier : Camaron
Sacha Bourdo : Gilbert
Mourade Zeguendi : Inspecteur Zahri
Marijke Pinoy : Madeleine
Kody : le médecin légiste