Pierre est le PDG de l’entreprise familiale et détient 50 % des parts. Le reste appartient à son cousin Adrien. Pierre a tout fait pour que l’entreprise ne coule pas et reparte à flots dans un avenir meilleur. Il a perdu de vue son cousin Adrien, trop occupé à gérer l’héritage familial, trop la tête dans les chiffres et pas assez dans les nuages. Pierre s’est coupé de tout, de sa fille qui tente d’attirer son attention, de sa femme qui le supporte encore. Comme il le dit si bien, « ça saigne, ça bouge », on peut rajouter ça vit. Il est sur le point de transformer son affaire en signant un deal important. Mais pour cela, il doit obtenir la signature de son cousin. Enfermé dans un asile de fous pour un comportement en dents de scie, en gros maniacodépressif, Adrien accourt à l’appel de son cousin. Il découvre un Pierre loin des valeurs sentimentales, obnubilé par l’argent et par son entreprise. Pierre l’embarque avec lui dans un voyage d’affaires où le doux rêveur gaffeur pourrait bien transformer le coup de dé final.
Vincent Lindon n’en est pas à sa première comédie, c’est donc un retour à un genre qu’il connaît bien. On se souvient du duo avec Timsit dans Paparazzi. Il incarne un des personnages qu’il dénonçait dans ses films précédents, un patron obsédé par son entreprise et l’argent. Il coupe le cordon avec la vie et n’est plus que chiffres et projets ambitieux. François Damiens se laisse emporter par ses sentiments, bondissant dans tous les sens comme un pop corn que l’on chauffe. C’est le surnom que lui donne Pierre en secret. A l’inverse de Pierre, Adrien ne calcule pas, ne réfléchit pas, c’est le bonheur et la joie qui l’emportent. Il peut se montrer parfois incontrôlable, au bord du gouffre. Dans le monde des requins d’affaires, il n’a pas sa place et ne la désire pas. Il garde encore l’engouement, la folie des deux frères, leurs pères, les créateurs de l’entreprise. Il sait que la vie, ça saigne, ça coule, ça hurle, ça rit et construit des chimères sur l’envie.
C’est un peu le froid et le chaud se retrouvant à la même table, forcément ça explose. Jan Kounen, réalisateur hors cadre comme Albert Dupontel, Gaspard Noé, que l’on peut voir dans une séquence à l’asile, comme pour marquer l’appartenance à une même famille, aime les films fous et surréalistes. Il applique sa patte, caméra virevoltante, speed, à un genre qui n’en a pas l’habitude et ça marche. La folie semble se propager à la mise en scène, ne se refusant rien. On notera quelques petits défauts, mais contrairement à d’autres, ce n’est pas une comédie sage et ronronnante, pour notre plus grand bien.
Cela donne des séquences hilarantes et d’autres que certains spectateurs accepteront mal. Sur le fond, c’est bien la vie qui est plus importante que tout. Le passé réclame de sortir de l’oubli. « Je ne te connaissais pas comme ça » dira Adrien. Il est un peu le fou venant secouer le roi endormi pour lui rappeler que les sentiments et la famille passent avant le reste. Il leur faudra retrouver le chemin de la sincérité et du cœur pour avancer et profiter de l’avenir. Le duo Vincent Lindon, François Damiens fonctionne au quart de rire, appuyé par Alix Poisson, la petite dame qui monte. Il serait dommage de se priver de ce regain d’énergie et de cette leçon de vie, toujours la bienvenue.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus
Making Off
Titre original : Mon cousin
Réalisation : Jan Kounen
Scénario et dialogues : Fabrice Roger-Lacan, avec l'aide de Jan Kounen et Vincent Lindon
Photographie : Guillaume Schiffman
Montage : Muriel Douvry
Musique originale : Anne-Sophie Versnaeyen
Décors : Marie Hélène Sulmoni
Costumes : Olivier Bériot
Production : Richard Grandpierre
Sociétés de production : Eskwad, avec la participation de TF1 Films Productions, UMedia, Pathé
Pays d'origine : Drapeau de la France France
Langue originale : français
Formats : Couleur - 2,35:1 - 35 mm - Panavision anamorphique - Kodak - Super 35 (en) - Cinemascope
Son : Dolby Digital et DTS
Genre : comédie
Durée : 104 minutes
Dates de sortie : 30 septembre 2020
Distribution
Vincent Lindon : Pierre Pastié
François Damiens : Adrien Pastié
Pascale Arbillot : Olivia Pastié
Alix Poisson : Diane
Pierre Gommé : Pierre Pastié (Jeune)
Séverine Vasselin
Olivia Gotanègre
Arièle Semenoff
Dominique Bettenfeld
Catherine Davenier
Eric Laugérias : Jean Dellac
Nicolas Audebaud
Jean Reynès
Andre LaGeorge
Avant Strangel
Albert Dupontel
Gaspar Noé
Jan Kounen