« Un monde où les femmes sont marginalisées est un monde stérile » Pape François.
Le vieux prêtre est mort mais la nuit n'est pas finie. Cette mort soulève un vent de panique au sein du Diocèse et Monseigneur Mevel cherche comment faire un silence bien plus profond que celui d'une tombe. Le médecin légiste constate une aberration, un sacrilège diront certains, une impossibilité. Est-ce un mauvais tour du diable ? Est-ce un miracle de Dieu ? Qui savait, qui connaissait la vérité, les proches du vieux prêtre, ses ouailles ? Qui l'accueillera au Paradis, Saint Pierre ou la pécheresse Marie-Madeleine ? Pour l'instant, aucun signe de la fureur céleste, aucun ricanement de l'ange déchu. Monseigneur Mevel mandate Charlotte, la chancelière du diocèse, pour faire toute la lumière sur cette étrange affaire. Sous la soutane se dissimulait le corps d'une femme. Charlotte remonte la piste d'une étrange histoire de Paris au rassemblement des Saintes-Maries-de-la-Mer parmi les gitans. C'est dans les pas de la Vierge des exilés que la vérité jaillit comme un éclair divin.
« Il n’y a ni Juifs, ni Grecs ; il n'y a ni esclaves ni hommes libres ; il n'y a ni masculin ni féminin car tous, vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus. » L'apôtre Paul de Tarse dans l'Epître aux Galates.
Le film est tiré du roman Des femmes en noir d’Anne-Isabelle Lacassagne, éditions du Rouergue. C'est la même question que se posent la jeune réalisatrice et l'autrice, la place de la femme au sein de l'Eglise. Tout commence par une usurpation et le long cheminement pour découvrir comment elle a bien pu avoir lieu. C'est un jeu d'enquête, de fausses pistes et de révélations fulgurantes que dévoile Karin Viard. Le jeune prêtre du roman devient une femme, ce qui renforce le discours sur la femme au sein de l'Eglise et surtout sa place. Dans notre imaginaire, elle ne peut être que la bonne, la secrétaire, sans jamais pouvoir embrasser autre chose que le silence des couvents. C'est le poids d'une société patriarcale étouffante, transformant la femme en servante écarlate, en pécheresse, comme Marie- Madeleine, en matrice, au pire en sorcière. Elle est loin du message universel, intemporel, et d'ouverture à l'égalité de tous du fils de Dieu.
Est-ce une légende, une mauvaise interprétation des athées ? Pour Odon Vallet, historien des religions : « Au-delà des particularismes confessionnels, les grandes religions manifestent une étonnante proximité dans leur représentation de l'idéal féminin. Les femmes doivent être d'abord fidèles et fécondes et sont, avec des degrés variables, souvent reléguées à un statut social globalement secondaire ».
C'est bien le statut de la femme dans l'église dont il s’agit et ce qui l'éloigne des charges « d'enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles ». Elle est le garant de sa capacité à donner la vie, son souci de l’autre, écoute, humilité etc., qualités précieuses dans la famille, la société et l’Église. Pour le pape François :« La femme est la plus belle chose que Dieu ait créée. L’Église est femme. ’’Église’’ est un mot féminin. Il n’y a pas de théologie possible sans cette féminité. »
Le film n'est jamais pesant. Il élague un peu l'humour du roman pour garder le sérieux de son sujet. C'est un chemin de croix particulier de moins de quatorze stations que mène Charlotte. Elle remonte la piste pour trouver la première erreur qui permet à une femme de suivre l'enseignement des hommes. Elle trouve de nombreuses failles et des silences qui en disent long sur une église souterraine, nouvelle. La quête s'achève aux Saintes-Maries-de-la-Mer avec le grand pèlerinage annuel. La mise en scène reste classique pour mieux mettre en évidence sa thématique, sa réflexion sur la place des femmes au sein de l'Eglise. Cette dernière est suffisamment approfondie pour nous entrainer sur les pas de Charlotte. C'est une question de plus en plus d'actualité que Magnificat ne manquera pas de relancer.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : Magnificat
Réalisation : Virginie Sauveur
Scénario : Virginie Sauveur et Nicolas Silhol, d'après l'œuvre d'Anne-Isabelle Lacassagne
Musique : Nathaniel Mechaly
Décors : Lise Péault
Costumes : Anne Schotte
Photographie : Noémie Gillot
Montage : Thibaut Damade
Son : Matthieu Leroy, Benjamin Rosier et Éric Bonnard
Production : Bruno Levy, Josselyn Bossenec, Bertrand Cohen et Stéphane Meunier
Sociétés de production : Move Movie, Terence Films et Orange Studio
Sociétés de distribution : Orange Studio
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : couleur — 2,35:1
Genre : Drame policier
Durée : 97 minutes
Dates de sortie : 21 juin 2023
Distribution
Karin Viard : Charlotte
François Berléand : Monseigneur Mevel
Maxime Bergeron : Thomas
Nicolas Cazalé : Jérémy
Patrick Catalifo : l'auxiliaire
Anaïde Rozam : Anne
Benoît Allemane : père Lataste
Stéphanie Michelini : Mathilde
Clotilde Mollet : Béatrice
Francis Leplay : Maître Blanc
Patrick d'Assumçao : Dr Grammel
Annie Mercier : Mme Marsac