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affiche Love Life

Love Life

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Un film de Kōji Fukada ,
Avec Fumino Kimura, Tomorowo Taguchi, Tetta Shimada,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h03
Japon

En Bref

Taeko et Jiro vivent heureux dans un petit appartement, non loin des parents de ce dernier. S'ils ont accepté le fils de Taeko, Keita, champion d'Othello juniors, le grand-père refuse toujours de donner son consentement au mariage des deux amoureux. A l'occasion d'une fête d'anniversaire, l'ancienne petite amie de Jiro réapparait dans la vie du couple. Un drame bien plus important bouscule ce moment fragile du bonheur. La mort de Keita et le retour de son père biologique, Park, émigré coréen, met à l'épreuve leur histoire d'amour. D'autant que Jiro, responsable d'un centre municipal pour émigrés, accepte que Taeko serve d'interprète à Park, sourd et muet. Entre le deuil et le retour des amours anciennes, le couple devra faire preuve de beaucoup de force pour traverser une tempête qui peut emporter ce bonheur fragile. Au bout du chemin, nul ne sait ce qu'ils découvriront. Certainement leur propre vérité.


« Quelle que soit la distance qui nous sépare, rien ne pourra m'empêcher de t'aimer »

Kōji Fukada est un des jeunes réalisateurs japonais prometteurs qui renoue avec ses thèmes de prédilection, déjà évoqués dans des films précédents, les amours contrariées, l'émigré, l'étranger, comme dans Au revoir l'été, L'harmonium, notamment. Le poids des éléments extérieurs, les lieux urbains sans âme, renforcent cette histoire d'amour qui se perd dans les méandres de la vie. C'est d'abord le deuil, le refus de sceller une union qui fragilise ce couple en apparence parfait. La mort de l'enfant ouvre une porte à l'incertitude, au néant ordinaire. Le retour de Park, le père biologique, est aussi le partage d'une langue du silence qui isole Park et Taeko des autres. Il les renvoie aux premiers jours d'un amour plein de promesses. La naissance concrétise ce moment merveilleux qui finit par mourir dans les vagues d'un océan en colère.


La mort est souvent le moyen de faire table rase du passé, de revenir à l'essentiel, l'ici et maintenant de chaque jour. Les gestes, les mots, deviennent les pierres d'une forteresse éphémère qui se construit à chaque minute. Il n'existe plus qu'une certitude, le présent, puisque le passé est trop douloureux et l'avenir inenvisageable. Pourtant, Taeko choisit de revenir aux sources pendant que Jiro accepte cette situation en espérant que le temps et la force de leur amour brisera les nuages noirs. Nous pensons à Ozu et son cinéma proche de la réalité, s'appuyant souvent sur le fil ténu de la vie pour la sublimer et nous en dire bien plus sur nous-mêmes. Kōji Fukada ne place pas sa caméra au sol comme Ozu, mais ancre son histoire dans l'habitude des jours qui nous joue souvent de drôles de tours, bons ou mauvais.


Le contemplatif s'insinue parfois dans les silences et l'âme des personnages, bien plus que dans le paysage. C'est un quatuor jouant un concerto aux notes légères qui peu à peu envahit notre âme d'une nuit sans fin. Le jeu d'Othello, rappelant le Go, n'est pas innocent, avec son univers noir et blanc pour le novice. La simplicité révèle un monde bien moins manichéen qu’il n’y parait comme dans Love Life. Chacun cherche le chemin du deuil, au croisement de multiples voies s'ouvrant dans les méandres de demain bien trop loin. Aujourd'hui est déjà si difficile à appréhender qu'il ne reste qu'hier où se réfugier. La mise en scène est subtile, reposant sur le quotidien qui dérape. Elle est faite de vent léger soulevant les rideaux, de rayons de soleil, d'intérieurs immobiles où il serait faux de croire que rien ne se passe. La pluie finale n'efface rien, elle rappelle juste que nous devons vivre avec et c'est déjà trop.
Patrick Van Langhenhoven
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  Titre original : (ラブライフ?)
    Titre français : Love Life
    Réalisation et scénario : Kōji Fukada
    Musique : Olivier Goinard
    Décors : Daichi Watanabe
    Costumes : Hanaka Kikuchi
    Photographie : Hideo Yamamoto (ja)
    Son : Manabu Kagara
    Montage : Sylvie Lager et Koji Fukada
    Production : Yasuhiko Hattori et Yuko Kameda
    Coproduction : Masa Sawada
    Sociétés de production : Nagoya Broadcasting Network et Chipangu1 (Japon) ; Comme des Cinémas (France, coproduction)
    Sociétés de distribution : Elephant House (Japon) ; Art House Films (France)
    Pays de production :  Japon, France
    Langues originales : japonais, langue des signes coréenne
    Format : couleur — 1,66:13 — son 5.13
    Genre : drame
    Durée : 123 minutes
    Dates de sortie : 14 juin 2023
       

Distribution

    Fumino Kimura : Taeko
    Kento Nagayama : Jirō
    Atom Sunada : Park
    Hirona Yamazaki : Yamazaki, l'ex petite-amie de Jiro
    Misuzu Kanno : Myoe, la mère de Jiro
    Tomorowo Taguchi : Makoto

    Tetsuta Shimada : Keita, le fils de Taeko