Jules Mangin est un acteur vieillissant qui s’essouffle. En sortant du cabinet du docteur Biguet, Jules Mangin sait qu’il devra surveiller sa santé. Finis l’alcool, les bons petits plats en sauce et tout le reste. Autant dire que la vie en prend un coup. Nous allons explorer les instants fragiles d’une vie au seuil des dernières heures du jour. Les instants fragiles d’un monstre sacré, voyage au cœur de ses amours anciennes, de ses souvenirs de gosse et d’un métier prenant. Mangin ne tient pas compte de l’avertissement et continue à dévorer la vie et son métier comme un ogre des contes de fées. Il prend sous son aile la petite Alice et son enfant qu’il emmène au bord de l’océan dans le sud, dans la maison aux volets verts. Est-ce la fin d’une étoile qui s’effacera du firmament ou un nouvel éclat pour briller en retrouvant le sens de la vie ?
Dernier scénario de Jean-Loup Dabadie qui adapte un des romans dur et âpre de Georges Simenon. Il pensait déjà en l’écrivant à Gérard Depardieu et Fanny Ardant. Simenon s’inspire peut-être de son ami Raimu dans cette histoire et sans doute beaucoup de lui-même. C’est un roman existentialiste, loin des polars mais peut-être proche du personnage de Maigret par certains aspects. Cette histoire du crépuscule d’une étoile est de nouveau l’occasion pour Gérard Depardieu de raccrocher sa propre existence à son rôle. Il campe un personnage subtil, sans jamais tomber dans la caricature, jouant sur le fil ténu de la vie.
C’est un portrait profond d’un homme voyant la maladie creuser son trou.
Il prend conscience de ses échecs, ses victoires et de la mort proche. Face à lui nous trouvons son ami Félix, acteur montant, excellent Benoît Poelvoorde et son ancien amour, magnifique Fanny Ardant. Jean Becker aime les personnages fragiles, à l’âme torturée, qui se remettent en question. C’est la troisième collaboration après La Tête en friche et Elisa avec Gérard Depardieu. Le film joue sur une mise en scène intimiste, s’appuyant sur les détails pour construire son drame. C’est dans les dialogues et l’écho de l’acteur avec sa propre vie que se niche l’essentiel. Le temps s’étire simplement, sans grands effets de manche, juste la contemplation des heures et des jours qui s’effilochent. C’est un jeu minimaliste qui risque d’en surprendre certains mais c’est dans ses silences, ses non-dits qu’il trouve ses racines les plus profondes.
Il nous interroge sur le temps qui passe et la dernière séance. Il nous interpelle sur ce que nous avons fait de notre vie et de ce qu’il reste à faire. C’est un questionnement sur la mort, le métier d’acteur et les petits riens. Il se prend d’affection pour Alice, une jeune femme qui travaille au théâtre. C’est peut-être son enfant qui lui rappelle celui qu’il ne voulait pas. Aujourd’hui, avec le temps du sablier qui coule, il regrette sans doute. Jean Becker réalise un bon film mais ne touche pas à la noirceur de Leconte dans son Maigret. C’est un réalisateur de la campagne, des champs, des prés et du soleil. Le crépuscule semble moins lui convenir. Il n’ose plonger au cœur de cette fin du jour et de la nuit qui nous emporte pour toujours. Les volets verts reste un film agréable, plus solaire que nocturne.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : Les Volets verts
Réalisation : Jean Becker
Scénario : Jean-Loup Dabadie, d'après le roman homonyme de Georges Simenon
Décors : Loïc Chavanon
Photographie : Yves Angelo
Montage : Franck Nakache
Production : Laurent Pétin et Michèle Pétin
Société de production : ARP Sélection
Budget : 6,2 millions d'euros
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : drame
Date de sortie : 24 août 2022
Distribution
Gérard Depardieu : Jules Maugin
Fanny Ardant : Jeanne Swann
Benoît Poelvoorde : Félix
Stéfi Celma : Alice
Anouk Grinberg : Maria
Fred Testot : Narcisse
Tom Rivoire : Jules
Jean-Luc Porraz : Gilbert
Loïc Armel Colin : le réalisateur de publicité
Didier Flamand
Mélanie Page
Tom Novembre
Marc Andréoni
Philippe Brigaud