Suite à une compétition de water-polo, Mathias Le Goff, vice-champion du monde tient quelques propos homophobes à l’encontre d’un journaliste. Le voilà sur la touche et condamné à trois mois de travaux d’intérêt général. Sa peine est d’entrainer une équipe de branquignols et loosers en piste pour la Gay Games en Croatie. Le voilà donc plongé en plein milieu homosexuel, préférant plus la fête et la rigolade à la compétition pure et dure. Dans un premier temps, il doit faire face à ses propos tirés plus vite que son ombre. C’est moins la rencontre explosive d’un milieu gay que le manque de conviction sportive qui énerve notre homme. Peu à peu, il apprend à comprendre et aimer cette bande de libertins marqués par leurs difficultés à vivre leur sexualité dans un monde qui a encore du chemin à faire. À la fin, chacun comprendra et acceptera l’autre dans le meilleur des mondes possibles. C’est la route initiatique qui conduit un homme à devenir plus grand et à dépasser ses préjugés.
Le film s’inspire en partie de la vraie équipe des Crevettes pailletées que connaît bien Cédric Le Gallo, un des réalisateurs. Plus que Le grand bain, avec son équipe de natation synchronisée c’est aux Champions qu’il faut penser. On retrouve le même parcours dans l’univers des handicapés. Comme dans Le grand bain, en toile de fond se dessine la difficulté de vivre et surtout de vivre gay aujourd’hui. Nous retrouverons toutes les figures incontournables et parfois caricaturées de l’univers homosexuel, jusqu’aux transgenres. Dans ce sens, le film est une belle leçon de partage et de compréhension de l’autre. Mathias n’est pas vraiment un homophobe, juste et c’est peut-être pire, un type ordinaire aux propos déplacés. Il ressemble à monsieur tout le monde avec parfois ces blagues à deux balles qui ne font plus rire personne.
Dans Les Crevettes pailletées, l’humour et la dérision ne manquent pas, même si parfois nous sommes encore dans des lieux communs. Il pose une question plus pertinente aujourd’hui avec le cinéma gay indépendant qui, depuis pas mal d’années, brise les images d’Épinal. Il existe encore des vieux principes qui ont la vie dure. N’aurions-nous pas évolué par rapport à une communauté suffisamment réprimée par le passé ? Serions-nous encore à la préhistoire et ce cinéma militant n’aurait-il servi à rien ? J’en doute ! Nous avons en majorité progressé dans nos mentalités depuis Philadelphia et bien après. Nous sommes dans la comédie et elle se doit de forcer le trait, de frôler la caricature pour jouer la partition du rire.
Les Crevettes pailletées remplit son rôle de comédie bien ficelée qui vous emporte sans temps mort et avec de bons jeux de mots, une mise en scène classique et un univers baroque sur sa fin. La dernière partie, à la Gay Games, est un spectacle visuel avec ses tenues baroques et folles et ses travestis ironiques. Tout se joue sur le second degré et la bonne formule, parfois un peu lourde mais jamais complaisante. Une bonne campagne de promo devrait en faire la comédie du mois de mai la plus sympathique, mais pas exceptionnelle.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Projets d'affiches
Titre original : Les Crevettes pailletées
Réalisation : Cédric Le Gallo et Maxime Govare
Scénario : Cédric Le Gallo et Maxime Govare
Décors : Nicolas Migot
Costumes : Matthieu Camblor et Marion Moules
Photographie : Jérôme Alméras
Montage : Samuel Danesi
Musique : Thomas Couzinier et Frédéric Kooshmanian
Production : Renaud Chélélékian
Coproduction : Édouard Duprey
Production exécutive : Yann Girard, Abdelhadi El Fakir et Rodolphe Duprez
Sociétés de production : Kaly Productions et Les Improductibles
Société de distribution : Universal Pictures
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : Comédie
Durée : 100 minutes
Dates de sortie : 8 mai 2019
Distribution
Nicolas Gob : Matthias Le Goff
Alban Lenoir : Jean
Michaël Abiteboul : Cédric
David Baiot : Alex
Romain Lancry : Damien
Roland Menou : Joël
Geoffrey Couët : Xavier
Romain Brau : Fred
Pierre Samuel : Bertrand
Jean-Louis Barcelona : Hervé Langlois
Yvon Back : le président de la Fédération Française de Natation
Valentin Marceau : l'auto-stoppeur
Benoît Maréchal : Bram