« Si vous n'arrivez pas à expliquer un concept à un enfant de 6 ans, c'est que vous ne maîtrisez pas ce concept. » Albert Einstein
Ben Grimm et Reed Richards sont amis depuis les bancs de l’école, où le second se proposait de changer le monde avec sa machine à téléporter. Depuis la quête continue avec plus ou moins de succès, de matière passer d’un point A à un point inconnu dans le monde. Leur route se sépare quand Richard est recruté pour rejoindre l’école prestigieuse du Dr Franklin Storm. Ben reste dans la vieille casse sans autre avenir que les carcasses d’automobiles. Reed Richards, aidé de Susan Storm et d’un ancien élève le Dr Fatalis, aboutit enfin à la création d’une machine capable de vous téléporter dans une autre dimension, un monde vide où l’énergie n’attend que l’avidité de nos dirigeants. Qui se souvient des constructeurs d’Apollo 13 ? Personne !
Nous avons tous en tête le nom d’Amstrong, le premier homme qui marcha sur la lune. Refusant que des militaires ou autres envoyés de l’état réalisent leur rêve, Richard, Johnny le frère de Susan, et Dr Fatalis lancent l’expérience finale. Ben est aussi du voyage, convié par son vieil ami qui ne l’a pas oublié. Le retour du saut dans l’inconnu laisse le Dr Fatalis sur place et les trois jeunes gens transformés au-delà de leur espérance par l’expérience. Susan est prise dans le fracas du retour et n’échappe pas non plus à la transformation. Devenus cobayes de laboratoire, il leur faudra un long chemin pour retrouver leur âme humaine ou devenir les premiers éléments d’une autre humanité super évoluée. Ils devront s’affranchir du monde et resserrer les liens qui les dispersent s’ils ne veulent pas se perdre dans le néant cosmique. En attendant une nouvelle menace au cœur du monde perdu les attend un ancien compagnon en colère, le Dr Fatalis.
Notre avis pourrait ressembler à une réponse de Normand, « ni bon, ni mauvais » alors quoi ? Je ne m’étonnerais pas si une malédiction ancienne frappait les projets des quatre Fantastiques. Jusqu’à maintenant nous ne pouvons pas dire que le succès soit au rendez vous. Est-ce l’incompréhension des concepteurs à accepter la marque de fabrique de cette première équipe de super héros ? Ils diffèrent des autres héros d’abord parce qu’ils forment une famille. Red et Susan finiront par se marier et avoir un enfant. Ils sont plus explorateur et en lutte contre des créatures venues d’ailleurs que les vilains de la planète qu’ils laissent aux X Men. Nous leur devons la découverte entre autres, de la zone négative, Attilan, Atlantis, les Skrulls, les Krees, etc. Le film s’appuie d’ailleurs plus sur la série Ultimate Fantastique Four de 2004 où effectivement leurs pouvoirs viennent de la téléportation dans la zone négative.
A l’origine c’est un rayon cosmique avec la notion de voyage dans l’espace : nous sommes en août 1961 pour le premier numéro avec Stan Lee au scénario et Jack Kirby. Ils poseront les bases de nombreux super héros. La même année, J.F Kennedy lance le programme Apollo avec l’objectif de marcher sur la lune. En 2004 les univers parallèle font depuis longtemps la une des auteurs de SF. La conquête de la lune et le programme spatial s’éloigne des préoccupations du moment. Nous ne relèverons pas la polémique d’un Johnny afro américain, c’est dans la série des Fantastiques qu’apparaît le premier héros afro-américain la Panthère noire.
Voilà pour placer quelques éléments rapides d’un bref historique succint, nous en sommes bien conscient ! Niveau cinéma en 1994, la Fox pour ne pas perdre les droits, réalise un film qui ne sortira jamais et dont même le réalisateur et l’équipe ignorait la date fatidique à tenir. Deux films tenteront en vain de relancer l’intérêt pour l’équipe, tous deux réalisé par Tim Story, en 2005 Les quatre Fantastique et en 2007 Les Quatre Fantastiques et le Surfer d'argent. Jusqu’à maintenant les essais n’étaient pas bien brillants, nous approchions déjà d’un mieux avec ce nouvel opus. Les quatre Fantastiques, c’est d’abord un jeu de relation entre les personnages où l’humour et l’ironie se taillent une bonne part du spectacle. C’est l’évolution de jeunes adulescents confrontés au monde et à leur rêve. Nous retrouvons quatre caractères classiques, le petit génie doué pour tout et en marge de la classe, le casse cou, le flambeur, beau gosse, "je me la pète" et la fille sage centrée sur son projet.
Nous retrouvons la jeunesse d’hier et d’aujourd’hui, emportée dans sa confrontation avec la société, cherchant sa place au sein du monde. Pour les Fantastiques le monde devient très vite l’univers ou la zone négative, l’ailleurs. C’est la volonté de dépasser nos clivages, nos communautés repliées pour viser l’horizon lointain ou les monde parallèles. C’est la famille, chaque personnage nous ramène à une de ses figures : le père (Red) la mère (Susan) et les deux enfants toujours à se chamailler.
Dans la première partie, Josh Trank explore toutes ses pistes comme ils l’avaient fait avec Chronicle où les super pouvoirs servaient de prétexte à devenir un homme. N’oublions pas non plus que dans l’univers des F.F, le désir de revenir à sa nature originelle est une des motivations premières. Le plus marqué par cette question de retrouver sa nature humaine est la Chose. Ils échappent à la problématique des autre super héros : à un grand pouvoir, de grandes responsabilités. Les rapports entre Red et Ben sont assez bien développés, hélas ceux entre Susan et son frère restent au point mort. Le personnage de Johnny se situe loin du frimeur que nous espérions, assez en dessous de sa version papier. Susan, de la même manière, manque de profondeur et de relief. Nous ne parlerons même pas du Dr Fatalis, très loin de celui de la série.
C’est d’ailleurs ici que le film, en prenant trop de liberté avec sa base, se perd dans un personnage qu’elle laisse de coté. N’oublions pas que le méchant est aussi important que les héros. Il est le côté sombre de la lumière, et plus il est noir plus, elle brille. Le film se perd dans une deuxième partie qui se cherche et ne trouve pas sa route. Elle accumule des scènes d’actions sans chercher à construire une narration où les thématiques du début trouveraient leur place et leur aboutissement. Toute la notion de transformation de ne plus être humain, mais autre chose, est évacuée et jamais creusée. C’est pourtant bien la seconde réflexion de la série, de par leur pouvoir et le changement de leur corps, qui sont-ils ? Chaque pouvoir se rattache à un des quatre éléments, la terre pour la Chose, le feu pour la Torche, l’eau pour Mister Fantastic, et l’air et l’esprit pour la femme invisible.
Conclusion une première partie plutôt bien construite et prometteuse, suivie d’une seconde qui échappe sans doute à son réalisateur pour plus se rapprocher du film d’action, quitte à perdre son sens. Le meilleur exemple reste Fatalis, personnage admirable dans la série. Il suffit de pas grand chose pour le transposer dans le film et donner plus de couleur à la seconde partie. Ben non ! On le transforme en pâle figure de maître du monde. On évoque Brian Singer pour la suite déjà mise en chantier, l’espoir existe…
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Fantastic Four
Titre français : Les 4 Fantastiques
Réalisation : Josh Trank
Scénario : Simon Kinberg, Jeremy Slater, et Josh Trank d'après une histoire de Josh Trank et Jeremy Slater, d'après les personnages de comics créés par Jack Kirby et Stan Lee et édités par Marvel Comics
Décors : Chris Seagers
Costumes : George L. Little
Photographie : Matthew Jensen
Montage : Elliot Greenberg
Production : Akiva Goldsman, Matthew Vaughn et Gregory Goodman
Sociétés de production : 20th Century Fox, Marvel Entertainment, TSG Entertainment, Marv Films et Genre Films
Distribution : 20th Century Fox
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Genre : fantastique, action, science-fiction, super-héros
Budget : 122 000 000 $
Format : Couleurs - 35 mm - 2.35:1 - Son Dolby numérique
Durée : 106 minutes
Dates de sortie3 : France : 4 août 2015
Distribution
Miles Teller : Reed Richards / Mister Fantastique
Kate Mara : Susan Storm / La Femme invisible
Michael B. Jordan4 : Johnny Storm / La Torche humaine
Jamie Bell : Benjamin Grimm / La Chose
Toby Kebbell : Victor Domashev / Docteur Fatalis
Tim Blake Nelson6 (VF : Jérôme Keen) : Harvey Elder / Homme-taupe
Reg E. Cathey : Dr. Franklin Storm