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affiche Le Sang à la tête

Le Sang à la tête

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Un film de Gilles Grangier,
Avec Jean Gabin, Renée Faure, Monique Mélinand ,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h23
France

En Bref

Il aura fallu trente ans à François Cardinaud pour devenir l’un des hommes les plus importants du port de La Rochelle. L’ancien débardeur grimpe les échelons et devient armateur, mareyeur. À la criée, tous craignent son efficacité sans faille. Il a épousé Marthe, une jeune fille issue comme lui des quartiers pauvres. On accepte François par la force des choses, mais Marthe a encore du mal avec ce milieu bourgeois. Entre ses domestiques et les pièces sans vie d’une grande maison, elle peine à trouver sa place. Un dimanche après la messe, François rentre avec son fils et Marthe n’est pas là pour les accueillir. Très vite la nouvelle fait le tour du port. Il est cocu. François se lance dans une quête qui le mènera, bien au-delà de lui-même, à remettre en question tout ce qu’il a construit. Pendant ce temps, Marthe pense trouver dans les bras de son amour de jeunesse, Mimile, la tendresse qu’elle n’avait plus. Dans l’ombre, le capitaine Drouin cherche le mauvais garçon pour lui faire la peau. Il compte bien entrainer son ami, le fils Cardinaud, dans sa vengeance. Ce dernier est-il prêt à perdre trente ans en une journée ?


Grangier, Gabin et Audiard, un an après Gas-oil, se retrouvent de nouveau autour de l’adaptation d’un roman de Simenon sans Maigret, Le fils Cardinaud. C’est le quatrième film sur les douze que Jean Gabin tourne avec le réalisateur. C’est l’occasion de découvrir la dentelle des dialogues d’Audiard, loin de l’argot des Tontons flingueurs. La dernière séquence entre Gabin et Monique Mélinand est un petit bijou. Il renverse les codes avec cet homme avouant qu’il a oublié sa femme dans cette ascension. Comme lui dit son père, une histoire d’amour c’est une partie de cartes qui se joue à deux. Gilles Grangier propose une fin différente du roman de Simenon, beaucoup plus sombre. Il dévoile tout son talent, loin des comédies et des films plus populaires qui marquèrent mes jeunes années.

La nouvelle Vague et Truffaut en particulier considéraient le réalisateur comme un tâcheron, le digne représentant du cinéma de papa. Le Sang à la tête, selon Truffaut, allie laideur, platitude, banalité, paresse et pauvreté d’imagination… La nouvelle vague souhaite briser ce cinéma de studio pour l’extérieur et plus de réalité. Des années plus tard, force est de reconnaître qu’il se trompe. « Le sang à la tête, dans la lignée de Jacques Becker, est un film à l’atmosphère réaliste décrivant les milieux ouvrier et bourgeois, hypocrites, sans la noirceur d’un Duvivier, d’un Autant-Lara ou d’un Allégret » nous dit Bertrand Tavernier. Il mérite que l’on redécouvre une œuvre bien plus intéressante et souvent tournée en extérieur, comme le magnifique plan-séquence de la criée.

 Il touche au cœur de l’œuvre de Simenon, s’attachant à nous décrire un homme perdu dans un milieu qui l’éloigne de l’essentiel, l’amour. À force de se battre pour cette ascension vers les sommets, le fils Cardinaud s’est perdu. Le talent de Grangier, Audiard et Gabin, c’est de le comprendre et de saisir l’évidence. La recherche de Marthe finit par être celle d’un homme qui plonge au cœur de lui-même pour retrouver celui qu’il était. Il s’aperçoit qu’il a bien plus perdu que gagné en grimpant les échelons de la société. Il sera toujours le fils Cardinaud, un môme des quartiers populaires. Le traitement de Gilles Grangier l’éloigne du film noir pour le rapprocher d’une chronique sociale très moderne. C’est l’occasion de redécouvrir un cinéma qui mérite une vraie reconnaissance.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, respecté 1.37, BD-50, Noir et Blanc
Langues Audio : français - DTS HD Master Audio
Sous-titres : Anglais
Edition : Pathé

• Bonus :

Edition limitée à 3000 exemplaires contenant le Blu-ray et le DVD du film

- Analyse du film par Bertrand Tavernier le 27 janvier 2021, deux mois avant sa mort (2022, 27 mn 07)

- Gilles Grangier, le cinéma dans le sang, entretien avec François Guérif auteur en 2021 de Passé la Loire, c’est l’aventure,

entretiens avec Gilles Grangier (2022, 12 mn 33)

- Documents d'archives : Retour sur la carrière de Michel Audiard dans Cinéastes d’aujourd’hui (1969, 2 mn 31),

entretien avec Jean Gabin dans Pleins feux sur… (1975, 5 mn 31)

- Actualités Pathé : chanson de Florelle (1932, 2 mn 36)

 - Georges Simenon et les académiciens français à l'Académie Royale de Belgique (1952, 0 mn 43)

Titre original : Le Sang à la tête

    Réalisation : Gilles Grangier

    Assistants réalisateurs : Jacques Deray, Bernard Paul

    Scénario : Gilles Grangier, Michel Audiard, d'après Le Fils Cardinaud de Georges Simenon

    Dialogues : Michel Audiard

    Décors : Robert Bouladoux, assisté de James Allan

    Photographie : André Thomas

    Son : Robert Teisseire, assisté de Guy Chichignoud, Pierre Vigouroux

    Montage : Paul Cayatte, assisté de Liliane Saurel

    Musique : Henri Verdun

    Tournage dans les studios Éclair et à La Rochelle du 15 février au 13 avril 1956

    Production : Gustave Jif, René Saurel

    Production déléguée : Fernand Rivers

    Société de production : Les Films Fernand Rivers

    Société de distribution : Les Films Fernand Rivers

    Pays de production : France

    Langue originale : français

    Format : noir et blanc — 35 mm — 1,37:1 — Son : mono

    Genre : drame

    Durée : 83 minutes

    Dates de sortie : 10 août 1956

    Dates de sortie vidéo: 19  janvier 2022

Distribution

    Jean Gabin : François Cardinaud, riche armateur de La Rochelle

    Renée Faure : Mademoiselle, la gouvernante

    Paul Frankeur : Drouin, le commandant du cargo

    Monique Mélinand : Marthe Cardinaud, la femme de François

    Claude Sylvain : Raymonde Babin, la fille de Titine

    Henri Crémieux : Hubert Mandine, associé de François

    Georgette Anys : Titine Babin, la poissonnière

    José Quaglio : Mimile Babin, le fils de Titine

    Paul Faivre : M Cardinaud, père

    Léonce Corne : Charles Mandine, autre associé de François

    Paul Azaïs : Alphonse, le patron des « Charentes »

    Florelle : Sidonie Vauquier, la mère de Marthe

    Rivers Cadet : le patron de « Robinson »

    Paul Œttly : Julien Vauquier, le père de Marthe

    Yolande Laffon : Isabelle Mandine

    Julienne Paroli : Mme Cardinaud, mère

    Gabriel Gobin : Arthur Cardinaud, le frère de François

    Marcel Perès : Thévenot, un marinier

    Rudy Palmer : Vittorio, le chauffeur tabassé

    Joël Schmitt : le patron du « Grand Café »

    Jean-Louis Bras : le petit Jean Cardinaud

    Jacques Marin : l'agent de police

    Lucienne Gray : Marguerite, la femme de chambre

    France Asselin : Mauricette Cardinaud, femme d'Arthur

    Hugues Wanner : l'expert

    Albert Michel : Duleux, le chef de gare

    Zeimett : Julien, le serveur du « Grand Café »

    Bruno Balp : Pionsard, un bistrot

    René Hell : le chauffeur des « Cardinaud »

    Émile Genevois : le garçon de courses

    Jimmy Perrys : un homme entrant au bistrot

    Jacques Deray : Alfred, un conducteur de car

    Georges Montant

    Martine Lambert

    Guy-Henry