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affiche Le Molière imaginaire

Le Molière imaginaire

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Un film de Olivier Py,
Avec Laurent Lafitte, Stacy Martin, Bertrand de Roffignac,

Genre : Biographique
Durée : 1h34
France

En Bref

« ARGAN - Il dit que c'est du foie, et d'autres disent que c'est de la rate.
TOINETTE - Ce sont tous des ignorants. C'est du poumon que vous êtes malade. »


Nous sommes le 17 février 1673, Jean-Baptiste, Poquelin, plus connu sous le nom de Molière, monte sur scène pour interpréter sa dernière pièce, Le malade imaginaire. L'homme est pris d’une forte toux mais continue néanmoins à porter son rôle d'hypocondriaque jusqu'au bout. Il ignore que dans quelques heures, il ne sera plus de ce monde. C'est bien plus que son destin qui se joue sur scène et dans les coulisses. C'est un voyage au cœur du théâtre, du métier de comédien, d'une époque qui les portait au sommet et les méprisait dans la mort. La pièce continue, déroulant une nouvelle farce d'un monde aux couleurs baroque. Les précieuses ridicules aux faces blafardes, dans leurs corsets noirs de veuves, commentent la société à hauteur de leurs perruques poudrées. Les nobles aux couleurs plus vives sortent de la lumière des alcôves, ignorant que se joue le dernier chant de Molière. Les curés, tout de noir vêtus, prient pendant qu'un Cardinal réclame une lettre adjurant toute une vie de comédien. On complote, on fornique, on continue à vivre avec la mort en coulisses attendant son dû. Molière s'enfonce peu à peu dans un dernier crépuscule, avant de rejoindre le paradis des maitres de la plume.


« Ce mesme jour, aprez la comédie, sur les 10 h du soir, Monsieur de Molière mourust dans sa maison, rue de Richelieu, ayant joué le roosle du dit Malade Imaginaire, fort incommodé d’un rhume et fluction sur la poitrine qui luy causoit une grande toux, de sorte que dans les grands efforts qu’il fist pour cracher, il se rompit une veyne dans le corps et ne vescut pas demye heure ou trois quartz d’heures depuis la dite veyne rompue. Son corps est enterré à St Joseph, ayde de la paroisse St Eustache. Il y a une tombe eslevée d’un pied hors de terre. » De Lagrange.


 « L'église refuse de donner le viatique (la communion) aux indignes, tels que les usuriers, concubinaires, comédiens et criminels notoires ». Ces amuseurs endossant plusieurs personnalités n'étaient sans doute pas assez fiables pour monter au paradis. Olivier Py nous propose un Molière de sa composition, entre imaginaire et vérité, s'arrangeant avec l'Histoire pour parler de notre époque. Dans les alcôves, chacun joue sa partition d'une fin d'époque qui n'entend pas venir sa fin. Déjà dans l'ombre résonne le chant des libertins et des sans-culottes. La parole devient l’âme de cette composition, qui parfois s'oublie dans une cacophonie au cœur des mots.


Olivier Py emprunte aux pièces de Molière ces figures grotesques qu'il moquera, ouvrant une porte sur le temps du renouveau à venir. Il nous dit dans une interview : « L’idée d’abord de filmer les dernières heures de quelqu’un. Que se passe-t-il lorsqu’on approche de la mort ? J’avais également envie de filmer les coulisses d’un spectacle plus que le spectacle lui-même. Et enfin le rapport entre l’artiste et le politique. ». La caméra, dans un long plan séquence habilement monté, passe des spectateurs empoudrés à la scène où se joue l'agonie d'un malade qui n'est plus imaginaire mais mourant. C'est un portrait du théâtre, des comédiens, de la noblesse, des prêtres refusant l'absolution aux amuseurs publics.


Un monde qui résonne en écho avec notre société des apparences, de la vanité, du pouvoir, et du néant partageant bien plus que Molière et ses farces avec notre époque. On ne reprochera pas à Olivier Py de choisir un Molière amoureux de Baron, l'un des comédiens talentueux que Molière héberge. Cette version, peu crédible, d'un Molière gay a depuis longtemps été oubliée par les historiens. Ce Molière imaginaire finit par se perdre au cœur de la parole et de l'image baroques devenues incompréhensibles. Laurent Lafitte trouve un de ses plus beaux rôles, notamment quand il est sur scène. Le soleil n'éclaire plus personne et la folie vole déjà sur ce monde essoufflé, parodie d'une vie qui, comme celle de Molière, rejoindra bientôt la terre noire des tombeaux. Il ne restera que la légende d'un homme mort sur scène, un joli rêve pour les artistes.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


 Titre original : Le Molière imaginaire
    Réalisation : Olivier Py
    Scénario : Olivier Py et Bertrand de Roffignac
    Musique : N/A
    Décors : Pierre-André Weitz
    Costumes : Yvett Rotscheid
    Photographie : Luc Pagès
    Montage : Lise Beaulieu
    Production : Mathieu Verhaeghe et Thomas Verhaeghe
    Société de production : Atelier de Production
    Société de distribution : Memento Distribution (France)
    Pays de production : France
    Langue originale : français
    Format : couleur
    Genre : comédie dramatique, biographie, historique
    Durée : 94 minutes
    Dates de sortie : 14 février 2024

Distribution
    Laurent Lafitte : Molière
    Stacy Martin : Armande Béjart
    Jeanne Balibar : Madeleine Béjart
    Judith Magre : Marquise de Rohan
    Dominique Frot : Marquise d'Aiguillon
    Catherine Lachens : Marquise de Sablé
    Olivier Py : Marquis de Roffignac
    Émilien Diard-Detoeuf : La Grange
    Gray Orsatelli : le Duc de Bellegarde
    Bertrand de Roffignac : Michel Baron
    Pierre-André Weitz : La Thorillière
    Eva Rami : La Beauval
    Jean-Damien Barbin : Chapelle
    Céline Chéenne : Catherine de Brie
    Christian Morand : Père Martin
    Olivier Balazuc : Marquis de Fresquières
    Philippe Girard : Archevêque de Paris
    Jean-François Perrier : Docteur Rohault
    Enzo Verdet : Valet
    Jean-Philippe Lafont : Père Poquelin
    Marie-Christine Orry : Madame Laforet
    Stéphanie Berger : Femme de la Grange
    Clément Roy : Le Duc de Guiche