Michael et Myriam enterrent leur mère, la voyante d’un petit village ensoleillé du sud. La population, accro aux prédictions, espère que Michael succédera à sa mère. Déjà tout petit, il était habité par le don, voyant des morts un peu partout. Hélas pour les défunts et les vivants, Michael n’a aucune intention, malgré la douleur de certains, de convoquer les morts. Heureusement, une jolie brunette éveille d'autres sens chez notre homme et le pousse à reprendre les activités de maman. C’est plus par séduction de la belle, dont il espère prendre le cœur, chabadabada, que Michael accepte d’être le passeur entre le directeur de la bibliothèque et une écrivaine célèbre nommée Marguerite. Il existe des morts, comme la mère de Michael, qui refusent de passer la porte pour continuer à profiter en ombre crépusculaire du monde des vivants. Le plus gros problème est le petit ami d'Alicia, la belle brune, qui s’accroche comme un bigorneau à son rocher. Comment dans ce cadre entamer une relation romantique avec une femme encore emplie d’un amour qui, comme la rose, n’aura vécu que l’espace d’un matin.
Le médium est une petite comédie absurde, romantique, mélancolique à la Pierrot et Colombine sous le soleil de Pagnol. Elle est tendre et souriante, parsemée de quelques idées sympathiques, parfaite pour l’été. Déjà dans un premier court-métrage, la peinture et l’amour se glissaient dans la trame du destin. C’est un petit conte, une parabole amoureuse tendre et fragile, avec pas mal de fantômes. Emmanuel Laskar nous propose un premier long métrage sur les pas d’un Pierrot lunaire et d’une Colombine en colère. Louise Bourgoin compose un beau personnage de femme encore accrochée à cette histoire d’amour que la mort fracasse dans les cœurs.
Elle est à la fois la colère d’une histoire qui n’aura pas de mot fin et le poids de l’absence. Michael est un adulescent qui rêve encore du grand amour, le soir au clair de lune, comme dans Cyrano. Il refuse le don de sa mère, sans doute hanté par trop de morts qui croisent sa route et l’empêchent d’avancer. L’arrivée d’Alicia change ses convictions. Par amour il est prêt à affronter un don qui est un cadeau comme une sinécure. Le médium s’égare parfois sur les chemins de la garrigue, mais finit toujours par retrouver celui de la plage, porté par l’enthousiasme des comédiens.
C’est un burlesque, entre Jacques Tati et Blake Edwards, du déni des morts et des vivants, n’acceptant pas l’inéluctable avec des situations en trompe-l’œil. Les morts sont parfois bien plus vivants que les vivants, embarrassés dans leur deuil et leurs souvenirs. La mort et la vie s’envolent pour une belle histoire, une amourette qui passait par là, comme le chantait Leny Escudero. Pour finir, laissons la parole au réalisateur Emmanuel Laskar : « Dans le bouddhisme Zen, il y a ces petites devinettes qu’on appelle des Koan, assez naïves, qui posent des questions philosophiques sans réponses. Cela nous force à rester éveillés, et même émerveillés face aux fatalités de la vie. On rit du désastre. Je voulais faire un film comme ça. »
Patrick Van Langhenhoven
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Titre : Le Médium
Réalisation : Emmanuel Laskar
Scénario : Emmanuel Laskar, Antoine Barraud et Raphaëlle Valbrune-Desplechin
Photographie : Margot Besson
Son : Xavier Lavorel
Montage : Lila Desiles
Costumes : Julie Miel
Décors : Laure Satgé
Production : Justin Taurand
Sociétés de production : Les Films du Bélier et Alina Films
Société de distribution : Ad Vitam Distribution
Pays de production : France et Suisse
Langue originale : français
Genre : Comédie romantique
Durée : 80 minutes
Dates de sortie : 10 juillet 2024
Distribution
Emmanuel Laskar : Michael Monge
Louise Bourgoin : Alicia
Noémie Lvovsky : Barbara
Maud Wyler : Myriam
Alexandre Steiger : Christian
Maxence Tual : le prêtre
Christophe Paou : Lorenzo
crédit photo : © 2023 - Les films du Bélier - Alina film