Nous découvrons quatre pays du bout du monde où quatre enfants préparent depuis des années le grand jour qui bousculera leur vie. Dans le secret de leur cœur, ils couvent un désir profond pour changer leur condition et s’élever dans la société. À Cuba, Albert, 11 ans, rêve de rentrer à l’académie de boxe nationale. Il sait que le chemin est long, que la volonté s’accompagne de courage et de travail dans l’étroite salle de sport du quartier. Deegii, 11 ans, petite fille des rues d’Oulan-Bator, pratique la contorsion depuis qu’elle foule la terre de Mongolie. Aujourd’hui elle s’imagine intégrer la grande école de cirque alliant arts et études. Elle ne doit pas tarder pour entreprendre une belle carrière avant 25 ans.
Nidhi, 15 ans, souhaite devenir ingénieur, pour cela elle doit réussir le super 30, plus de 5 000 postulants pour 30 places. Le concours ouvre la voie à l’école polytechnique de Bénarès, la ville sacrée au bord du Gange. Les dieux seront-ils avec elle ? Enfin Tom, 19 ans, en Ouganda tente celui de ranger, gardien des parcs nationaux protégeant la faune et la flore des braconniers. Il rêve de s’occuper plus spécifiquement des grands singes. Ces quatre vies se confrontent au plus difficile des défis, celui qui détermine toute une vie.
Après le succès du film Sur le chemin de l’école où il nous racontait comment des enfants, pour s’instruire, parcouraient d’énormes distances ou bravaient le danger (ils étaient conscients de cette chance pour échapper à la pauvreté), sur le même principe un peu plus moralisateur, le film suit l’itinéraire de quatre enfants dans le monde. Il s’inscrit presque comme une suite. Après l’école vient le choix d’une vie. Entre documentaire et fiction, il réinvente le genre du reportage avec une équipe légère et sans trahir la réalité. Après un repérage scrupuleux, ils accompagnent pendant des semaines les protagonistes du récit, captant les regards, les paroles d’encouragement pour un montage raccourci en triant les nombreuses images rapportées. Les paysages envahissent l’écran, rappelant combien nous sommes peu de choses au regard de l’univers.
De la même façon, la ville étale ses rues, ses maisons, ses temples souvent saisis en plan large. L’intime est à l’intérieur des foyers, dans la parole échangée et le soutien des familles. Cette fois, ce sont des parcours de vie à un moment où tout se joue pour atteindre son rêve. Le spectateur les accompagne avec le suspense et l’envie qu’au bout du chemin, leur volonté gagne le pari. C’est encore une leçon de vie qu’il nous offre. Il nous rappelle, alors que dans nos sociétés l’école est obligatoire et la réalisation de nos souhaits plus simple, qu’ailleurs rien n’est facile. Dans ce paysage, la famille occupe une place importante. Elle fait tout pour que le jeune puisse atteindre son objectif, consciente que ses sacrifices seront récompensés. Souvent de basse condition, pour les parents, frères et sœurs, cette victoire est aussi la leur.
Une fois de plus la volonté et le courage sont mis en avant. Nous oublions dans nos sociétés où tout nous semble acquis, combien la ténacité et l’effort accompagnent le succès de ce que nous entreprenons. Comme pour Sur le chemin de l’école c’est souvent une question de survie, l’échec ne se conçoit pas. Si on tombe, on se relève et on recommence jusqu'à la victoire. Les répercussions toucheront toute la famille, car une fois le combat gagné, ces enfants n’oublient pas d’où ils viennent. Comme le dit Pascal Plisson, ils prennent en charge leurs parents, leur apportant un avenir meilleur. Cet effort de départ conçu par tous est un investissement précieux qui revient comme un boomerang.
Ils ne baissent jamais les bras, la réussite est au bout de l’effort et du sacrifice que nous donnons au prix de nos rêves.
Patrick Van Langhenhoven