K le tueur au couteau est peut-être bien plus qu’une anecdote pour l’inspecteur Jung Tae-Seok. C’est un serial killer. Pour ses collègues et particulièrement son patron, chaque meurtre est l’œuvre d’un individu unique. Jung persévère dans son idée et traque l’assassin de façon obsessionnelle. K choisit ses victimes au hasard, victimes improbables croisant sa route, sans autre but que planter la lame froide dans la chair. Quand il s’attaque au chef de gang craint de toute la ville, Jang Dong Su, l’honneur est en jeu. Le pouvoir de Jang Dong Su est remis en cause par des chefaillons qui voient là l’occasion de faire tomber la montagne. Pour Jang Dong Su, trouver le tueur est une question d’honneur et de respect. Forcément, les routes du gangster et du flic se croisent sur la trace de l’assassin. Face à une situation complexe, l’homme de loi et le chef de gang s’associent pour traquer ensemble le mal. Le pacte est scellé le temps d’une quête commune et prendra fin, une fois le tueur derrière les barreaux pour le flic ou mort pour le gangster.
Le titre français n’est pas sans rappeler Le bon la brute et le truand de Sergio Leone. En Coréen « Les mauvaises personnes » se rapproche plus de sa part nihiliste. Le Gangster, le flic et l’assassin explore la part sombre de chacun et ses obsessions profondes, au cœur d’une société semblant perdue. Tout d’abord efficace, le thriller file comme la lame du couteau tranchant, prouvant que le renouveau du genre est bien en Corée. Dommage que l’assassin soit un peu laissé de côté.
L’accent est mis sur Mae Dong-Seok que l’on retrouvera à l’international dans Eternals de Marvel. Il campe un mafieux à l’image des grands rôles occidentaux comme Brando dans Le Parrain ou Lee Van Cleef. C’est un homme bienveillant, cachant une âme plus noire et sans pardon. Kim Moo-Yul joue un flic sec et nerveux, prêt à passer au-dessus de sa hiérarchie, obsédé par le tueur. Plus que le but, c’est bien la route qui est importante. Derrière le rythme endiablé et les séquences-chocs se cache une réflexion sur notre société sans espérance d’avenir, dans le principe de la philosophie nihiliste, affirmant l’absurdité de la vie, l’inexistence de la morale et de la vérité. Peu à peu les protagonistes dévoilent cette part d’eux-mêmes qui ne croit en rien de positif.
Le tueur devient la représentation ultime de cette idée. Il choisit ses victimes sans schéma préconçu, au hasard de la route et de la vie. À la fin de la traque, le flic et le gangster trouveront peut-être un peu d’espoir en la société et la vie face à ce néant. La mise en scène s’inscrit dans les pas de ses prédécesseurs, Old Boy de Park Chan-wook, The Chaser et The Stranger de Hong-jin Na, Memories of Murder de Joon-ho Bong, J’ai rencontré le diable de Jee-woon Kim. Il pourrait se rapprocher sur le fond de The Strangers, on retrouve des thématiques communes. Au final, Lee Won-tae réussit un thriller efficace, bientôt en version américaine, Sylvester Stallone en ayant acheté les droits pour un remake.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : 악인전
Titre français : Le Gangster, le Flic et l'Assassin
Réalisation et scénario : Lee Won-tae
Photographie : Park Se-seung
Montage : Heo Seon-mi et Han Jeune-kyu
Musique : Jo Yeong-wook
Production : Seo Kang-ho, Jang Won-seok
Société de production : BA Entertainment
Société de distribution : Kiwi Media Group
Pays d'origine : Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud
Langue originale : coréen
Format : couleur
Genre : suspense
Durée : 110 minutes
Dates de sortie : 22 mai 2019 (Festival de Cannes), 14 août 2019 (-12 ans)
Distribution
Ma Dong-seok (VF : Jérémie Covillault) : Jang Dong-soo, le gangster
Kim Mu-yeol (en) (VF : Emmanuel Garijo) : Jeong Tae-seok, le flic
Kim Seong-kyu (en) (VF : Jérôme Pauwels) : Kang Kyeong-ho, l'assassin
Yu Seung-mok (VF : Vincent Ropion) : Un Ho-bong
Choi Min-cheol (en) : Kwon Oh-Seong