Lamb

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Un film de Valdimar Jóhannsson,
Avec Noomi Rapace, Hilmir Snær Guðnason, Björn Hlynur Haraldsson,

Genre : Fantastique
Durée : 1h46
Islande

En Bref

Maria et Ingvar vivent au fin fond de l’Islande au cœur des montagnes. Ils élèvent des moutons et cultivent la terre dans le silence des paysages anciens. La vie coule comme la rivière qui vous ramène à la maison quand le blizzard souffle. « Quand tu pars, tu as la montagne face à toi et quand tu reviens, elle est dans ton dos. » Ils ne demandent rien d’autre au monde que la paix des grands espaces. Un jour, ils découvrent un enfant étrange, abandonné au cœur de l’immensité sauvage. Ils ne doutent pas que le destin place le bambin sur leur route. Ada devient le centre de leur univers. La petite grandit entre ses deux parents aimants. Elle est un cadeau des dieux. Elle remplace cette Ada à la tombe fleurie sur la colline. La venue de l’oncle Pétur perturbe cette idylle, son départ marque une transformation, une porte ouverte aux dieux anciens.

Plus connu pour son rôle de cascadeur, Valdimar Jóhannsson passe à la réalisation avec ce conte fantastique moderne. C’est un récit minimaliste jouant sur ses paysages et sa créature étrange. Il emprunte peut-être au folklore islandais dans cette variation sur l’éducation et le désir d’enfant. Les longs paysages deviennent un autre personnage dans lequel s’oublient Maria et Ingvar. Lamb est un film contemplatif prenant le temps de voguer sur les visages des hommes, des moutons, l’immensité des plaines mourant au pied des montagnes. La nature ancienne côtoie le monde moderne et nous rappelle que cette terre des origines cache encore bien des secrets. C’est un couple paisible, vivant en harmonie dans l’ombre du monde, en quête de l’oubli, du deuil.

Sur la colline, une petite tombe nous rappelle la douleur de l’enfant perdu. Il n’y aura pas de cris d’insouciance se cognant dans l’écho des sommets. Ils découvrent cette petite fille étrange à la tête de brebis. Ils voient un signe du destin, des dieux anciens, un cadeau du ciel. De nouveau, l’espérance, l’enfance s’invitent dans leur foyer. Ange ou démon, il faudra attendre la fin pour comprendre. La nouvelle Ada fait d’eux des parents et c’est tout ce qui compte. Le film aborde l’éducation, le deuil, la rédemption, la monstruosité, l’innocence, la faute. Le tout est porté par une caméra horizontale étalant l’espace comme les aplats du peintre sur sa toile.

Elle se colle aux personnages et aux animaux pour saisir leurs regards, leurs visages remplis de tourments et d’amour. Noomi Rapace est excellente dans le rôle de cette mère retrouvant le chant du bonheur et de la maternité. C’est une autre thématique en toile de fond qu’elle enfante avec magie. Il y a aussi celle de la faute qu’il faudra bien payer un jour. Lamb est un conte simple, récompensé par le Prix de l’originalité à Cannes cette année dans la catégorie Un certain regard. Il plonge ses racines dans les temps anciens, aux sources de nos miroirs, dans l’âme de l’enfance innocente. C’est magique et particulier. Laissez-vous porter par la contemplation du récit pour en saisir l’âme, l’entendre nous murmurer ce que nous avons oublié du monde et de la vie.

Patrick Van Langhenhoven