Tridan n'a jamais connu que le Club Med. C'est même dans l'ambiance de fête qu'il s'enflamme à huit ans pour son premier amour. Il quitte à cinquante ans le club au Mexique pour la capitale afin de la retrouver. Il ne possède pour tout renseignement qu'un nom, un dessin des terres de l’enfance et l'adresse de l'appartement de son père. Il découvre le monde avec ses merveilles et petites misères. Il fait la connaissance d’un demi-frère occupant le petit studio de papa. Qu’importe, il est prêt à tout pour retrouver l'amour du premier baiser, des premières promesses d'éternité d'une vie à deux. Il oublie que le temps passe vite et que la ville est grande. Le frérot, surpris par cet encombrant candide, décide de l'aider dans sa recherche pour ravoir la paix et son appartement. Il demande à une relation amoureuse d'Internet de se faire passer pour la belle des premiers émois. Cupidon a plus d'un tour dans son sac et cette histoire réserve bien des surprises à tout ce petit monde.
C'est un nouveau personnage de naïf au grand cœur, dans l'esprit de l'âge d'or de la comédie française, que nous propose Dany Boon. C'est le huitième opus d'une galerie de figure tendre d'un petit gars de ch'nord à Tridan confiné jusqu'à cinquante ans au Club Med. La comédie s'amuse de la découverte du monde dans une série de confrontation avec la vraie vie. Jusqu'ici Tridan Lagache ne connaissait que la fête et l'insouciance d'un monde qui vous offre tout. On pourrait avec philosophie parler de l'allégorie de la caverne modernisé de Platon, du Candide de Voltaire.
Des
hommes ne voyant que des ombres croient voir la vérité,
alors qu'ils n'en voient qu'une apparence. Cette thématique depuis
le confinement se retrouve dans de nombreux films, livres, bandes
dessinée et autres objets culturels. Le parallèle n'est peut-être
pas si osé que cela. Un homme quitte un monde qui lui offre tout
pour se lancer dans un autre où
tout
devient apprentissage. Il part en quête d'une autre thématique
propre à la
comédie,
la princesse de ses rêves. L'amour de sa vie avec un grand A. Il
existe toujours un fond de poésie
dissimulé
chez
Dany Boon. Le duo bien rodé
avec Kad Merad nous surprend moins que celui avec Charlotte. Depuis
« La
maison du bonheur »,
Dany Boon s'inscrit dans la comédie
à
l'ancienne, revue au goût du jour.
C'est pourquoi nous retrouvons ces personnages naïfs, sincères, confrontés à la vanité et la perversion du monde. Ce n'est plus le paysan de Bourvil, Fernandel, mais toujours un candide en quête du bonheur. C'est encore un Paris plus populaire que celui élitiste de « la Ch’tite famille » opposé à la province dans une caricature parfois simpliste. Tridan n'échappe pas à la règle ; sa force réside dans cette pureté de l'âme confrontée au monde moderne. Dany Boon nous offre même une poursuite avec fracas, façon thriller. Ce huitième film est une respiration dans l'oeuvre du réalisateur et la venue de Charlotte Gainsbourg dans la famille. Sans atteindre le niveau de certaines comédies du réalisateur, c'est un opus honnête.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : La Vie pour de vrai
Réalisation : Dany Boon
Scénario : Dany Boon
Musique : Alexandre Lecluyse
Décors : Pierre Renson
Costumes : Laetitia Bouix
Photographie : Glynn Speeckaert
Montage : Élodie Codaccioni
Son : Hassan Kamrani, Hortense Bailly et Thomas Gauder
Production : Jérôme Seydoux
Coproducteur : Dany Boon et Ardavan Safaee
Sociétés de production : Pathé, Artémis Productions, Tax Shelter Éthique et 26 Db Productions
Sociétés de distribution : Pathé
Pays de production : France et Belgique
Langue originale : français
Format : couleur — 2,35:1
Genre : comédie
Durée : 110 minutes
Dates de sortie : 19 avril 2023
Distribution
Dany Boon : Tridan Lagache
Charlotte Gainsbourg : Roxane/Violette
Kad Merad : Louis
Maxime Gasteuil : Didier Lagache
Caroline Anglade : Françoise Lagache
Aurore Clément : Françoise Lagache à 70 ans
Gaël Raës : Tridan à 8 ans
Catherine Artigala
Edwin Gillet : Doublure Kad Merad