« Les Amazones, ces femmes de l’Antiquité formaient un peuple de guerrières craint et respecté. Elles menaient de nombreuses batailles dont elles sortaient souvent vainqueurs. Les historiens se disputent sur la nature de leurs origines mais pour beaucoup les Amazones restent un mystère. » La tresse
Entre la noirceur d'Alejandro González Iñárritu et le regard juste de Robert Altman, il y a celui en douceur, plein de tendresse de Lætitia Colombani. A l'image de ces deux réalisateurs, elle choisit un récit choral à plusieurs points de vue qui finissent par se rejoindre. Le spectateur qui n'a pas lu le livre cherchera ce qui peut bien lier ces trois femmes. Il existe bien d'autres liens dans ce récit féministe que vous pourrez décoder. Ce sont d'abord des lieux et des femmes de conditions diverses confrontées à un monde d'hommes voraces. A chaque fois elle touche au plus juste, que ce soit pour dépeindre les intouchables ne possédant aucun droit ou l'avocate dans une société moderne en passant par la jeune Giulia en Italie. Toutes trois se confrontent à un patriarcat tenace, bien installé en Inde mais encore sous le regard de la Mama en Italie, et fait assez étonnant, également au Canada, pays que l'on imagine plus évolué dans ce sens…
« Les familles heureuses se ressemblent toutes, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon. » Tolstoï Anna Karénine. Le film passe d'une femme à l'autre dans une valse de douleur, de petits bonheurs et de tendresse dans ce chemin de vie. La tresse trouve aussi sa profondeur dans sa mise en scène aux couleurs associées à chaque femme, le feu, la terre, la boue pour l'Inde, nous sommes dans des couleurs rouge, orange, jaune, marron, dans un horizon restreint. Pour l'Italie, nous sommes sur l'eau, la mer, soleil, le bleu face à un horizon infini. Enfin, pour le Canada, nous retrouvons l'eau, l'air, la transparence. On voit le monde à travers quelque chose. Pour Lætitia Colombani, c'est le verre, la glace, le froid, sachant qu’elle vit dans un cabinet d'avocats entièrement vitré, aux rapports froids. Chaque évènement qui transforme leur vie est en rapport avec cette atmosphère. Pour Smita le but est d’échapper à la condition de moins que rien pour devenir quelqu'un qui s'affirme et décide de sa vie. Pour Giulia, c'est accepter de changer d'horizon tout en restant fidèle à ses principes.
Elle doit reprendre l'entreprise de son père, mais refuse de sacrifier sa vie amoureuse. Pour Sarah, c'est un double combat, celui au sein de l'entreprise face aux hommes et un autre, plus difficile à combattre. Je ne vous en dis pas plus pour ne pas trahir le récit. C'est un film féministe qui défend la condition des femmes sous de nombreux angles différents, que ce soit les trois héroïnes ou celles qui les entourent. La mise en scène coule comme un fleuve se noyant dans l'océan du monde pour le transformer. C'est d'abord ce torrent furieux de l'Inde des origines de la condition féminine. C'est la rivière, encore vivace, qui passe à travers les villes pour faire son nid. C'est la rencontre avec l'océan pour un mariage se noyant dans l'horizon. Pour finir, il faut saluer le choix des trois actrices, remarquables et de la petite Lalita, exceptionnelle. Grâce au film, cette enfant des rues trouve un avenir bien meilleur à l'image de son personnage dans le film.
Patrick Van Langhenhoven
Note du support : n/a
Support vidéo : 16:9 compatible 4/3 format d'origine respecté 2.35
Langues Audio : français - Dolby Digital 5.1
Sous-titres : français
Edition : SND
Bonus:
- Sajda et l'ONG Salaam Baalak
Fiche technique
Titre original et français : La Tresse
Réalisation : Lætitia Colombani
Scénario : Lætitia Colombani et Sarah Kaminsky
Musique : Ludovico Einaudi
Décors : Marie-Claude GOSSELIN Eleonora DEVITO FRANCESCO Namra PARIKH
Costumes : Odette Gadoury
Photographie : Ronald Plante
Ingénierie du son : Claude La Haye
Montage : Albertine Lastera
Production : Sylvestre Guarino, Philippe Gautier
Productrice exécutive Christine de JEKEL
Productrice exécutive Inde Deborah BENATTAR
Produit par Olivier DELBOSC et Marc MISSONNIER
Producteur Associé Emilien BIGNON
Produit au Canada par Richard LALONDE
Produit en Italie par Nicolas GIULIANO, Francesca CIMA, Carlotta CALORI, Viola PRESTIERI
Coproducteurs Belges André LOGIE, Gaetan DAVID
En coproduction avec Forum Films Indigo Film SND Panache Productions & La Compagnie Cinématographique France 2
Avec la participation de Cinéma Telefilm Canada Canal +France Televisions
En collaboration avec Rai Cinema
Avec la contribution de Regione Puglia, Unione Europea, Opr Puglia FESR-FSE 2014/2020, FSC Fondo per lo Sviluppo e la coesione, Fondazione Apulia Film Commission
Avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement Fédéral de Belgique et le Tax Shelter de Movie Tax Invest
Ventes internationales SND
Pays de production : France, Canada, Italie
Langue originale : France, Canada, Italie
Format : couleur
Genre : Drame
Durée : 120 minutes
Dates de sortie : 29 novembre 2023
Distribution
Kim Raver : Sarah
Fotinì Peluso : Giulia
Mia Maelzer : Smita
Crédit Photo de la rencontre au cinéma Gaumont Michel Haumont.