Le vieil homme silencieux se retranche dans son atelier pour supporter la douleur de la perte d'un fils et de son compagnon. Il ne reste que le travail du bois pour le tenir encore debout et une fille aimante. Il existe une petite-fille via une mère porteuse, en Belgique. Pour cet homme partageant peu, c'est la dernière promesse de son fils. Il s'interroge sur la légitimité d'être le grand-père de cette petite qui n'est encore qu'un fœtus dans un ventre. Joseph part pour la Belgique pour rencontrer la mère porteuse d'avenir. Il tombe sur Rita, une jeune Flamande au caractère bien trempé. Le premier contact est loin de l'espérance attendue et même tendue. Joseph est bien décidé à prendre en charge ce prolongement vivant de son fils. Il reste à trouver un accord, ce qui n'est pas évident. Cette confrontation ne transforme pas que le grand-père. Comme un caillou jeté dans l'eau, les répercussions sont nombreuses.
Après La tour, une vision sombre de la banlieue tournée en temps de covid, Guillaume Nicloux nous surprend avec cette histoire tendre sur le deuil et la famille. Une fois de plus, il nous étonne en proposant un rôle différent à Fabrice Luchini comme hier à Thierry Lhermitte et Josiane Balasko. La mise en scène assez classique. Elle repose sur l'humain et particulièrement Fabrice Luchini en grand-père endeuillé. C'est la route d'un homme silencieux qui, peu à peu, retrouve la parole et le goût de vivre perdus. La mise en scène, en se faisant sobre, met en avant le jeu des comédiens et des vivants face à la mort et la nécessité de la vie. Il s'agit bien d'aborder, derrière cette fin brutale, la perte des êtres chers et la naissance d'une petite fille qui ignore tout.
Chaque personnage porte un moment d'éveil à la réalité et à l'avenir. La sœur qui se sent délaissée au profit d'une mère porteuse et du bébé d'un frère disparu. La mère porteuse, remarquable Mara Taquin, tout en mouvement, qui n'hésite pas à bousculer le grand-père. « Je ne suis qu’une mule ». Elle apparaît, au départ, uniquement intéressée par l'argent et ses problèmes personnels. Peu à peu, Joseph découvre une jeune fille bien plus complexe et perdue. Le film aborde la GPA, les mères porteuses, entre droit et humanité. C'est bien un chemin du vivant qui se détache avec en toile de fond des thématiques des plus actuelles.
Guillaume Nicloux explore en profondeur les sentiments, les liens que nous tissons les uns et les autres. Ils étaient déjà présents dans l'ensemble de ses films. La petite repose sur le jeu tout en nuances de Fabrice Luchini, dans un registre moins évident, où il excelle. C'est dans les petites choses, une promenade en bord de plage, les pieds dans l'eau, un berceau, un geste, un rien. Ils nous définissent dans l'intime et le grand tout. Face à lui, l'ensemble des comédiens se montre au diapason pour une balade intérieure décortiquant le chemin de l'âme et sa force à dépasser la mort pour prendre soin des vivants. C'est à la fois simple et compliqué dans ce qu'il dévoile de nos peurs, nos mélancolies, nos silences face au dernier soupir.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : La Petite
Réalisation : Guillaume Nicloux
Scénario : Guillaume Nicloux et Fanny Chesnel
Musique : Astrid Gomez-Montoya et Rebecca Delannet
Costumes : Anaïs Romand
Photographie : Yves Cape
Montage : Guy Lecorne
Son : Thomas Desjonquères et Fanny Weinzaepflen
Production : François Kraus et Denis Pineau-Valencienne
Sociétés de production : Les Films du kiosque, France 2 Cinéma, SND et UMedia
Société de distribution : SND
Pays de production : France et Belgique
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : Drame
Durée : 92 minutes
Dates de sortie :20 septembre 2023 (en salles)
Distribution Fabrice Luchini : Joseph
Mara Taquin : Rita
Maud Wyler
Veerle Baetens
Anne Consigny
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