La Panthère des neiges

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Un film de Marie Amiguet ,
Avec Vincent Munier, Sylvain Tesson,

Genre : Documentaire
Durée : 1h32
France

En Bref

« Munier avait fait de l’affût une esthétique en même temps qu’une philosophie » Sylvain Tesson.

Vincent Munier invite l’écrivain Sylvain Tesson à la découverte d’un fantôme des hauts plateaux du Tibet. C’est une plongée au cœur du monde et du temps qui s’écoule autrement, loin du stress des grandes de villes et de leur agitation folle. C’est toucher le cœur du silence et l’étrange sensation des origines, quand l’homme et la bête ne faisaient qu’un. C’est la patience et la philosophie de l’affût dans son expression la plus noble. Il n’est pas question de mort mais du vivant. C’est sur ces hauts plateaux inaccessibles que commence la quête plus que la traque. Il s’agit d’approcher au plus près les sommets du monde et d’attendre la bienveillance de la panthère. Il faut se laisser porter, emporter par les éléments, les rencontres, figer le temps au cœur de l’attente. Nous ne maitrisons plus rien. Vincent Munier et Sylvain Tesson s’interrogent sur qui observe qui.

« En fait on très indifférent au monde qui nous entoure, à peine conscient. » Sylvain Tesson.

La panthère, animal solitaire au caractère pacifique, offre aux deux hommes le cadeau de sa présence. Ils arrivent au bout d’une longue quête à fouiller les rochers où se confond l’ombre de l’animal. C’est une longue attente, à espérer dans l’âme du silence. Ils croiseront une bande de yaks, des rongeurs, une maman ourse et ses petits, un chat sauvage du Tibet et les paysages splendides des hauts plateaux. L’homme n’est pas absent sur le Toit du monde. Jeunes moines et enfants farceurs rappellent que la route est aussi importante que le but. C’est la profonde marche pour rejoindre l’affût. Elle vous apprend l’humilité, comme l’espace qui vous entoure.

« Dans la nature, t’es face à toi même. Tu ne peux pas tricher » Sylvain Tesson.

Loin des mensonges de notre société, il faut revenir au centre de sa propre vérité pour toucher le vide. C’est le temps de l’affût, l’apprentissage de la patience. C’est le temps des jeunes moines, noyé dans celui de la nature environnante. Comme s’il n’existait plus qu’un seul macrocosme, celui de MU, le vide, le plein, le rien, le tout. Les deux hommes se réapproprient la conscience originelle, le premier souffle de l’univers et le dernier. Ils s’interrogent sur la place de l’homme, qui se veut central et n’est qu’un point sur le cercle. C’est aussi celle de l’animal et de l’intelligence. Courir après les désirs, les pouvoirs, la reconnaissance, le manque ne fait pas forcément de nous des êtres supérieurs. Ne serions-nous pas juste des fous en quête de l’inutile ? Le temps de l’attente, ils relativisent toute cette course de nos sociétés, et l’oubli de sa place au sein du monde. Un brin d’herbe dans la prairie, une goutte dans l’océan et rien de plus.

« C’est un saisissement du cœur. C’est tout ce à quoi on a renoncé »

Quand arrive le moment sacré tant attendu, c’est l’extase, l’éveil à l’autre. Sylvain Tesson, grand voyageur, s’interroge sur ce que nous ne voyons pas. Nous ne prenons pas le temps de la contemplation. C’est le simple moineau dans la cour, le bourgeon sur l’arbre, l’herbe sur le trottoir, au cœur de nos villes. C’est la brume sur la campagne s’élevant du sol, l’abeille sur la fleur, le rouge-gorge sur le pommier, le renard dans le chemin moussu. Nous passons sans observer, sans prendre le temps du silence de la présence. Nous sommes aveugles et pourtant on nous observe. Comme la panthère qui finit par se montrer avant de nouveau disparaître. Nous ne pouvons nier que nous avons un grand pouvoir mais aussi une grande responsabilité sur ce monde qui nous entoure. C’est ce que le film nous apprend dans ce beau voyage aux confins du monde. Entre documentaire animalier et philosophie, il nous remet à notre place.

Patrick Van Langhenhoven