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affiche La fille du 14 Juillet

La fille du 14 Juillet

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Un film de Antonin Peretjatko,
Avec Vimala Pons, Grégoire Tachnakian, Vincent Macaigne,

Genre : Comédie
Durée : 1h28
France

En Bref

La Fille du 14 juillet, premier long métrage d’Antonin Peretjatko, fait un bien fou et tombe à point nommé. On entend les mots "révolution", "réveillez-vous !", "liberté" ou "horizon", et c'est tout le programme du film: on peut rire devant un film français d'aujourd'hui, rire franchement, rire intelligemment. Racontant l'histoire d'une petite bande improvisée de jeunes gens diplômés partis en vacances faute de travail et pour permettre à Hector (Grégoire Tachnakian) de mettre le grappin sur une fille envoûtante, Truquette (Vimala Pons). Mais la fête est gâchée quand le gouvernement rappelle Nicolas Sarkozy à la Présidence et avance la rentrée d'un mois par mesure d'austérité.

Le film parle non seulement de notre époque (quasiment tous les gags font écho à l'actualité, des flics qui tirent sur les délinquants au flash-ball à la soupe qui suinte d'une assiette trouée en passant par cet enfant déguisé en cloporte kafkaïen qui intime l’ordre à ses parents de se réveiller avant d'être abattu par une cartouche au chloroforme par son père), mais parle surtout de et à nous autres, qui ressentons un besoin de départ, d'aventure et de repos, ne serait-ce que pour l'esprit. Le film satisfait à merveille notre soif d'insouciance, de décrochage, de rire et de folie, en un mot, de liberté. Et cette liberté, cette légèreté de ton avec lesquels Peretjatko renoue enfin, nous sortent la tête hors de l'eau, hors d'une comédie à la française moribonde et plus généralement de tout un cinéma français à l’asphyxie.


Antonin Peretjatko ménage ses influences dans un mélange d'inspirations diverses, avec une prédominance pour la Nouvelle Vague, notamment godardienne. On retrouve avec bonheur l'humour bon enfant du Godard première époque. A bout de souffle est immédiatement évoqué, et un certain pacte avec le spectateur aussitôt instauré, quand Truquette ouvre le film en vendant La Commune ! à la criée au milieu du défilé militaire du 14 juillet comme Patricia Franchini (Jean Seberg) vendait le New-York Herald Tribune sur les Champs Élysées. Mais on pense aussi à Zazie dans le métro avec ce montage survolté. C’est un road movie peuplé de pieds nickelés escrocs et fainéants confrontés aux forces de l'ordre, et cette virée en vacances, plus ou moins définitive malgré les velléités gouvernementales, mêlant romance colorée, drôlerie et une violence bon enfant.

Peretjatko combine ses inspirations sans tomber dans le jeu de citations. Mieux, elles se justifient d'autant plus que le cinéaste propose, dans ce film semblant tout droit sorti des années soixante, un mouvement vers l'arrière, vers l'ère d'opulence, de plein-emploi et de départs en vacances de cette France bien révolue que parcouraient nos parents et grands-parents. Les échos multiples au meilleur du cinéma de nos aïeux se justifient aussi par cette phrase que prononce Pator (Vincent Macaigne) dans un café : "les souvenirs c'est comme des voyages". Antonin Peretjatko fait rejaillir une foule de souvenirs cinématographiques chargés de joie et d'inconséquence dans un film qui nous fait ainsi voyager doublement. C’est une bulle de savon inattendue et savoureuse en cette période estivale de sorties cinématographiques mercantilistes ou insipides.

Gregory Germanais

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