Février 2009 : l’Italie se divise sur le sort d’Eluana Englaro, dans le coma depuis 17 ans. Son père vient d’obtenir le droit de débrancher le système qui la maintient en vie. Mais le gouvernement tente de faire voter une loi qui l’interdirait. La sénateur Uliano Beffardi est plongé dans le doute : doit-il voter la loi voulue par la majorité à laquelle il appartient ? Devant la clinique d’Udine, deux jeunesses s’affrontent, l’une incarnée par Maria, la fille du sénateur, qui réclame que la vie d’Eluana se prolonge, l’autre par Roberto qui se bat pour le droit à une mort digne. Parallèlement, Rossa, jeune femme dépressive, veut mourir à tout prix alors qu’une célèbre actrice, la Divina Madre espère que sa fille qui vit elle aussi dans un état végétatif, sortira miraculeusement de sa torpeur.
Marco Bellochio, film après film, dresse implacablement le portrait de la société italienne. Bella addormentata propose une réflexion existentielle sur la vie et la mort à travers quatre récits sur le thème brûlant de l’euthanasie qui a fait descendre dans la rue des milliers d’Italiens. Dans une situation aussi chaotique où s’affrontent deux conceptions radicalement opposées de l’existence, Marco Bellochio, qui se méfie des positions de principe et des a priori, s’il ressemble du point de vue de ses convictions au sénateur Uliano Beffardi (encore un extraordinaire Toni Servillo), ne se laisse pas enfermer par les dogmes, qu’ils soient politiques ou religieux. Grâce à un regard omniscient et un recours aux métaphores, il donne aux événements une portée symbolique et accorde une chance aux adversaires de l’euthanasie.
Février 2009 : l’Italie se divise sur le sort d’Eluana Englaro, dans le coma depuis 17 ans. Son père vient d’obtenir le droit de débrancher le système qui la maintient en vie. Mais le gouvernement tente de faire voter une loi qui l’interdirait. La sénateur Uliano Beffardi est plongé dans le doute : doit-il voter la loi voulue par la majorité à laquelle il appartient ? Devant la clinique d’Udine, deux jeunesses s’affrontent, l’une incarnée par Maria, la fille du sénateur, qui réclame que la vie d’Eluana se prolonge, l’autre par Roberto qui se bat pour le droit à une mort digne. Parallèlement, Rossa, jeune femme dépressive, veut mourir à tout prix alors qu’une célèbre actrice, la Divina Madre espère que sa fille qui vit elle aussi dans un état végétatif, sortira miraculeusement de sa torpeur.
Marco Bellochio, film après film, dresse implacablement le portrait de la société italienne. Bella addormentata propose une réflexion existentielle sur la vie et la mort à travers quatre récits sur le thème brûlant de l’euthanasie qui a fait descendre dans la rue des milliers d’Italiens. Dans une situation aussi chaotique où s’affrontent deux conceptions radicalement opposées de l’existence, Marco Bellochio, qui se méfie des positions de principe et des a priori, s’il ressemble du point de vue de ses convictions au sénateur Uliano Beffardi (encore un extraordinaire Toni Servillo), ne se laisse pas enfermer par les dogmes, qu’ils soient politiques ou religieux. Grâce à un regard omniscient et un recours aux métaphores, il donne aux événements une portée symbolique et accorde une chance aux adversaires de l’euthanasie. Telle Maria, engagée corps et âme dans un combat qu’elle considère comme juste.
Ce qui le révolte, c’est le manque de convictions d’hommes politiques atones prêts à sacrifier un vote de conscience à la perspective d’une brillante carrière, le cynisme généralisé. Et si la Belle endormie n’était pas qu’ Eluana mais aussi la société italienne attendant, au-delà des clivages politiques, un élan de la jeunesse qui lui permettrait de vivre vraiment au lieu d’être seulement maintenue en vie ? Né en 1939 à Bobbio où il organise chaque année un festival, Marco Bellochio entreprend des études universitaires qu’il abandonnera pour s’inscrire au Centre Expérimental de Cinématographie de Rome. En 1965, il réalise son premier long métrage, I pugni in tasca (Les poings dans les poches), accueilli comme un coup de tonnerre par la critique. Après La Cina è vicina qui reprend les mêmes thèmes, il met en accusation une presse trop complaisante (Nel nome del padre et Sbatti il mostro in prima pagina, 1972 avec Gian Maria Volontè). Marcia trionfale en 1976 est un pamphlet antimilitariste. En 1980, il revient aux thèmes de prédiléction de ses débuts avec Salto nel vuoto. La condana (1991), réflexion sur le thème du viol, obtient l’Ours d’argent à Berlin. Les films qui suivront seront une réflexion sur la laïcité. En 2002, il présente à Cannes L’ora di religione (Le sourire de ma mère) avec Sergio Castellito, puis Buongiorno notte (2003), amer récit de l’enlèvement et de l’assassinat d’Aldo Moro, Il regista di matrimoni (2006), l’extraordinaire Vincere (2009) avec Filipo Timi et Giovanna Mezzogiorno et Bella addormentata (2012).
Alain Claudot, comité de jumelage Reims-Florence 19e rendez-vous du cinéma italien de Reims