Il était une fois un homme simple devenu l’héritier d’une immense fortune. À sa mort, Martin W. Semple lègue celle-ci à un neveu inconnu. Est-ce pour faire un pied-de-nez à ses héritiers aux dents longues ? La haute société new-yorkaise est en émoi ! Qui est, ce Longfellow Deeds, poète et joueur de tuba, habitant la petite ville de Mandrake Falls. Lorsque les mandataires de l’héritage annoncent la bonne nouvelle au brave garçon, il ne semble pas s’en préoccuper plus que cela. Il devra faire son chemin à travers une bande de profiteurs véreux l’invitant à leur confier sa fortune. Une jeune femme jaillie de nulle part fait vibrer son cœur. Sous ce visage d’ange se cache la malicieuse Babe Bennett, une journaliste à la plume féroce. Il lui doit son surnom « l’homme Cendrillon ». Notre brave garçon, venu de la campagne profonde, se confronte à la ville arrogante. Il aura fort à faire pour ne pas perdre son âme et sombrer dans la folie.
« Un grand homme et un grand Américain, une inspiration pour ceux qui croient dans le rêve américain. » Ford.
Parabole, fable, conte, ce film nous rappelle les idéaux des Pères fondateurs de l’Amérique. Après le succès de New York Miami, cinq Oscars pour la première fois dans l’histoire de l’Académie, Frank Capra impose son nom en haut de l’affiche comme l’auteur de l’œuvre. Il peut choisir ses sujets comme L’extravagant Mr Deeds. C’est un scénario de Risking, hommage au New Deal de Franklin D. Roosevelt. Sous des apparences simplistes et utopiques, c’est une critique de la société que l’on retrouvera dans l’ensemble de son œuvre. Il prolonge la comédie loufoque initiée par Lubitsch dans Sérénade à trois. Derrière l’extravagance du récit se dissimule une analyse fine de l’époque et un rappel des valeurs premières de l’Amérique.
C’est la confrontation avec Cedar, un avocat véreux, le méchant de l’histoire, l’ogre des contes de notre enfance. C’est la ville et l’urbanisation de la société avec ces paysans privés de leurs terres. C’est après la crise de 1929, la fin d’un rêve et le début du règne de l’argent. Longfellow Deeds est le personnage bucolique, dans l’esprit du Sous-préfet aux champs. Il préfère une vie simple et ordinaire, entre la musique, la poésie et l’amour. Il est assez naïf pour croire que la jolie Babe est sincère. Gary Cooper est une fois de plus excellent, aussi à l’aise dans la comédie, le western que le drame. C’est une galerie de personnages qui, sous l’effet de l’extravagant Mr Deeds, changeront profondément. Babe Bennett, magnifique Jean Arthur, est au départ une manipulatrice en quête du scoop.
Elle finit par changer sous la sincérité des sentiments de Deeds. C’est deux visions du capitalisme, celui de Wall Street et la loi de la bourse et celle des campagnes avec ses paysans. D’une certaine façon, le naïf Deeds relance l’économie en rétablissant ces paysans dans leurs terres. C’est une économie des matières premières. L’extravagant Mr Deeds nous démontre que l’on peut vivre heureux avec l’essentiel. Pour se réaliser, l’homme n’a besoin que de la joie de vivre, de musique, de poésie, et d’amour. Nous retrouverons cette idée dans de nombreuses comédies de Frank Capra et d’autres réalisateurs. C’est un beau conte de vie encore d’actualité à notre époque.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus :
Commentaire audio de Frank Capra Jr
– Interview Frank Capra (14mn)
Uniquement Blu-ray
– - Capra une Amérique aux deux visages (24mn) Frank Capra par Christian Viviani
– Deeds ou le faux candide (30mn) analyse du film par Christian Viviani
On trouvera une série de bonus soignés pour explorer l’œuvre de Capra et une analyse pertinente du film.
Titre : L'Extravagant Mr. Deeds
Titre original : Mr. Deeds Goes to Town
Réalisation : Frank Capra
Assistant réalisateur : Charles C. Coleman
Production : Frank Capra (non crédité)
Société de production : Columbia Pictures
Scénario : Robert Riskin, d'après une histoire de la nouvelle Opera Hat publiée en 1935 par Clarence Budington Kelland (en)
Photo : Joseph Walker
Montage : Gene Havlick
Direction artistique : Stephen Goosson
Création des costumes : Samuel Lange
Musique : Howard Jackson (non crédité)
Pays d'origine : États-Unis
Format : Noir et blanc - Son : Mono (Western Electric Noiseless Recording)
Genre : Comédie
Durée : 115 minutes
Dates de sortie : 12 avril 1936 (première), 16 avril 1936 (New York) 18 juin 1936
Dates de sortie vidéo: 16 mars 2022
Distribution
Remarque : 1er doublage (1936) ; 2e doublage vers 1970
Gary Cooper (VF : Richard Francœur ; Daniel Gall) : Longfellow Deeds
Jean Arthur : Louise « Babe » Bennett
George Bancroft (VF : Jean Michaud) : MacWade
Lionel Stander (VF : Jacques Balutin) : Cornelius « Corny » Cobb
Douglass Dumbrille (VF : Jean-Claude Michel) : John Cedar
Raymond Walburn : Walter
H. B. Warner : Le juge May
Ruth Donnelly : Mabel Dawson
Walter Catlett : Bill Morrow
John Wray : Le fermier
Acteurs non crédités
Stanley Andrews : James Cedar
Frank Austin : George Rankin
Irving Bacon : Frank, le photographe
Hank Bell
Billy Bevan
Joe Bordeaux : Un figurant
Harry C. Bradley : Anderson
Spencer Charters
George Cooper : Bob
Gino Corrado : Un violoniste ambulant
Cecil Cunningham
Ann Doran : Une jeune femme dans le bus
Emma Dunn : Mme Meredith
Oliver Eckhardt : Dr Emerson
Juanita Fletcher
Edward Gargan : Un garde du corps
Arthur Hoyt : Budington
Warren Hymer : Un garde du corps
Charles Lane : Hallor
Edward LeSaint : Dr Fosdick
Margarete Matzenauer : Mme Pomponi
Margaret McWade : Amy Faulkner
George Meeker : Henneberry, le poète
Franklin Pangborn : Le tailleur
Bud Osborne : Un fermier chômeur au tribunal
Margaret Seddon : Jane Faulkner
Larry Steers : Un invité
Gustav von Seyffertitz : Dr Emile Von Hallor
Charles C. Wilson : Un garde à l'hôpital du comté
Le film reçut cinq nominations et remporta un Oscar :
Oscar du meilleur réalisateur : Frank Capra