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affiche L’art de la Fugue

L’art de la Fugue

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Un film de Brice Cauvin ,
Avec Agnès Jaoui, Laurent Lafitte, Benjamin Biolay ,

Genre : Comédie
Durée : 1h40
France

En Bref

Il est un âge où les plus de vingt ans, voyant approcher les deux fois vingt et plus loin les premières rides, s’interrogent sur leur vie. C’est le moment où ils jettent sur la table leur petite existence de travers, leurs petites amertumes, leur rien qui prennent trop d’espace. Cette fois c’est toute la famille qui est touchée par ce tsunami de la remise en question. Nous avons Antoine : depuis dix ans il partage la vie d’Adar, psychologue. Ils vont bientôt déménager pour acheter une maison si l’habitude ne leur joue pas des tours. Antoine s’interroge avec le retour dans son cercle d’Alexis, une ancienne conquête partie trop tôt.

La vie de son frère Louis ne l’aide pas à faire le vide et le point. Louis épousera peut-être Julie avec qui il partage la même route depuis dix ans. Mais voilà, Mathilde entre sans crier garde dans son cœur et commence par y faire son nid, laissant la pauvre Julie de côté. Gérard, le dernier de la fratrie, n’arrive pas à s’émanciper d’Hélène, le seul marié. Ils sont en plein divorce et le pauvre s’accroche à cette petite vie peinarde jetée aux orties. Les parents sont mariés depuis si longtemps que le temps passe vite comme le dit la chanson.

Le père, en pleine crise cardiaque à répétition rêve, de Julie pour belle fille, Adar lui semble un bon parti, quant à ce pauvre Gérard que voulez-vous… La mère, avec tout ce remue-ménage, s’interroge sur la longue route qu’il reste à parcourir. Dans ce tableau parfait de la petite vie ordinaire bien calibrée, Ariel, la copine de travail d’Antoine, apporte un peu de fraicheur. C’est le temps de prendre une autre route ou de s’attacher définitivement jusqu’au dernier souffle, à chacun de choisir sa voie…


Où vont le cinéma et la comédie française ? Pour une famille Bélier, Papa ou maman petites comédies sympathiques, combien de faux pas, de fugues ratées ? Le film ne trouve jamais son ton. Ni comédie, le rire semble absent sauf à de très rares moments avec le personnage d’Agnès Jaoui. Le drame ressemble à leur petite vie plate ? sans saveur, sans odeur, ersatz d’une comédie mal écrite. Pourtant, l’Art de la fugue de Stephen MacCauley  entre acidité, férocité et tendresse, s’interrogeait sur les douloureuses questions à prendre quand la vie, comme le chat près du feu, ronronne. Le film déroule ses séquences mornes, monotones d’un monde qui passe  et que nous regardons comme les vaches les trains, de ses yeux las...

Jamais nous ne pénétrons ou épousons l’une des figures, caricatures trop formatées. Des parents aux différents couples, rien de bien surprenant, ceux que nous côtoyons dans la vraie vie seraient plus intéressants. Les comédiens semblent touchés par l’art de la fugue, déjà ailleurs, dans une autre histoire… Nous devenons les passagers sans âme d’un film qui depuis longtemps perd la sienne dans un discours sans intérêt. Les dialogues, à de rares exceptions, sonnent creux ou tombent à plat comme l’œuf dans la poêle. Le seul personnage à sortir son épingle de ce jeu aux dés pipé, c’est Agnès Jaoui en bonne copine, havre de paix qui ne verra jamais le navire l’épouser. Il n’emprunte même pas l’art de la fugue musicale, incarné par Jean Sébastien Bach. « Forme de composition à plusieurs parties, entièrement basée sur le principe de l'imitation et dans laquelle un thème principal du sujet, et un ou plusieurs thèmes secondaires, ou contre-sujets, semblent fuir sans cesse de voix en voix. »

C’est bien l’esprit que nous quêtons, chevalier romantique, dans la réalisation de Brice Cauvin, cette répétition qui n’en est pas une et donne sur une autre porte. L’art de la fugue aurait pu être un Woody Allen, une comédie à l’américaine, un récit choral à la Altman, Claude Sautet, François Truffaut, voire Claude Lelouch… C’est autant de partitions, de références qu’il effleure à peine comme une mauvaise copie, interprétation d’un musicien exécutant encore ses gammes. Il manque du rythme, des rebondissements, des dialogues au cordeau, des acteurs inspirés portant le film vers les hauts sommets. Il manque des cadres, des plans s’envolant vers d’autres sphères, surprenant dans leur composition le spectateur. Nous avons préféré fuguer, nous laisser emporter ailleurs, sur des terres où le cinéma nous faisait rêver, nous émouvoir et pleurer avec le mot fin.

Patrick Van Langhenhoven

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    Réalisation : Brice Cauvin

    Scénario : Brice Cauvin, Raphaëlle Valbrune, Agnès Jaoui

    Photographie : Marc Tevanian

    Montage : Agathe Cauvin

    Son : Pierre Tucat

    Musique : François Peyrony

    Producton : Hérodiade, Georges Fernandez

 Distribution

     Agnès Jaoui : Ariel

    Laurent Lafitte : Antoine

    Benjamin Biolay : Gérard

    Nicolas Bedos : Louis

    Bruno Putzulu : Adar

    Élodie Frégé : Julie

    Marie-Christine Barrault : Nelly

    Guy Marchand : Francis

    Julien Baumgartner : Thibault

    Juliette Besson : la serveuse

    Alice Belaïdi : Franette

    Didier Flamand : Chastenet

    Irène Jacob : Mathilde