On s’est aimé, on s’aime encore, mais on s’agace aussi, au point qu’il faut faire quelque chose.
Se séparer. Oui mais pas n’importe comment. Et puis il y a les enfants. Hors de question de les balloter d’un appartement à l’autre avec les semaines paires et impaires. Alors que faire ? La famille Rebbot-Bohringer avec l’aide d’un agent immobilier invente le « sépartement ». Dans un immeuble en construction en abattant des cloisons et en effectuant quelques transformations, voilà la tribu séparée mais ensemble, papa dans l’appart de gauche, maman à droite avec les enfants dans la chambre qui relie les deux lieux.
L’amour flou est une comédie à l’image de cette joyeuse tribu : bordélique ! Le film revêt une dimension particulière parce qu’il raconte, non pas « d’après une histoire vraie » mais pendant qu’elle se déroule, cette séparation difficile mais pleine d’amour. On soupçonne les auteurs-acteurs d’avoir un peu forcé le trait pour rendre les choses drôles mais comme on le dit parfois : « ça sent le vécu ! » et c’est réjouissant. Romane Bohringer et Philippe Rebbot n’hésitent pas à montrer ce quotidien qui tue l’amour sous des facettes burlesques. Il faut voir le psychologue scolaire inquiet ou, même s’ils se l’étaient interdit, la concurrence déloyale que se font les deux parents pour appâter par la gourmandise leurs rejetons qui, soit dit en passant, traversent l’écran sans cabotiner.
Oui la vie est cruelle et elle enlaidit les histoires d’amour. Mais pour peu qu’on y travaille, on peut sauver l’essentiel. Tel est le point de vue de Romane et Philippe. Lui, ado attardé revendiqué, ascendant dragueur à deux balles, elle, boule d’énergie qui se bat pour faire tenir cette nouvelle vie comme sans doute elle s’est toujours battue du temps du couple.
La vie continue. Et les relations amoureuses aussi. Sources de quiproquos et de gags, sans parler des scènes avec les voisins qui eux aussi sont à la recherche d’une vie qu’ils décideraient sans se référer aux modèles classiques.
L’amour flou est un film aussi expérimental que la vie de ses protagonistes. Et ce côté laboratoire d’idées suscite la joie et respire la générosité, l’ouverture. Les personnages qui gravitent autour de Romane et Philippe sont de « vraies » personnes. On croise Richard Bohringer, Clémentine Autain, Reda Kateb, qui semblent s’amuser beaucoup.
Les imperfections de L’amour flou sont attachantes car c’est la vitalité et l’espoir qui dominent. Le spectateur a plus l’impression de partager un moment avec les personnages que de regarder un film. Bravo.
Françoise Poul
Titre : L'Amour flou
Réalisation : Romane Bohringer et Philippe Rebbot
Scénario : Romane Bohringer et Philippe Rebbot
Photographie : Bertrand Mouly
Montage : Claire Cloarec
Musique : Arnaud Fleurent-Didier
Décors :
Costumes :
Producteur : Denis Carot et Sophie Révil
Production : Escazal Films
Distribution : Rezo Films
Pays d'origine : France
Genre : Comédie
Durée : 97 minutes
Dates de sortie : 22 août 2018 (Angoulême) 10 octobre 2018
Distribution
Romane Bohringer : Romane
Philippe Rebbot : Philippe
Rose Rebbot-Bohringer : Rose
Raoul Rebbot-Bohringer : Raoul
Reda Kateb : Reda
Clémentine Autain : Clémentine
Pierre Berriau : Ra
Astrid Bohringer : la mère de Romane
Lou Bohringer : la sœur de Romane
Richard Bohringer : le père de Romane
Delphine Berger Cogniard : Delphine
Vincent Berger : Nicolas le promoteur
Brigitte Catillon : la psy de Romane
Aurélia Petit : la psy de Philippe
Aurélien Chaussade : Aurélien
Riton Liebman : le redresseur de stores
Gabor Rassov : le directeur de l'école
Roland Rebbot : le père de Philippe
Nicolas Rebbot : le frère de Philippe
Olivier Rebbot : le frère de Philippe
Noémie Schmidt : Léa
Céline Sallette : la femme qui dépoussière
Michel Didym : le metteur en scène
Valérie Crouzet : la femme qui veut tout
Benoît Cohen : l'homme qui ne croit pas à la séparation