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affiche Karnawal

Karnawal

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Un film de Juan Pablo Félix (II),
Avec Martin López Lacci, Alfredo Castro, Mónica Lairana,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h38
Argentine

En Bref

À la frontière entre la Bolivie et l’Argentine, Cabra, jeune danseur de Malambo accepte de passer un mystérieux colis. Avec l’argent, il compte bien se payer une paire de bottes spéciales pour danser. Elle le conduira à son rêve le plus cher, sa prestation de Malambo, au prochain karnawal. C’est dans cette danse complexe et sportive, uniquement réservée aux hommes, rappelant la parade des étalons pour séduire les juments qu’il donne un sens à sa vie. Il est coincé entre une mère qui refait son existence avec un flic et un père mêlé à tous les trafics. La sortie de prison d’El Cabro, son paternel, est peut-être un mauvais signe. Difficile pour le jeune garçon de trouver sa voie ailleurs que dans cette danse qui l’emmène au cœur de ses origines. Cette paire de bottes lui coûte cher. Poursuivi par la police et des trafiquants peu scrupuleux, Cabra est en mauvaise posture. Pour une fois, il pourra compter sur cette famille en morceaux pour peut-être le sortir d’affaire. Il lui reste peu de temps et d’espoir pour concrétiser son rêve. Le Karnawal est le jour où les esprits sortent de terre, peut-être un signe de bon augure.  


Karnawal est avant tout un film sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Il mélange plusieurs genres servant son discours, thriller, social, ethnologique, familial. C’est l’histoire d’un jeune garçon en quête d’éveil à une conscience en harmonie avec la terre et le ciel. Il déploie une symbolique forte, un ancrage dans le mythe amérindien et la société moderne. Il montre comment construire son chemin de vie en englobant tout ceci. C’est d’abord une famille éclatée en chaos. Cabra ne s’entend pas forcément bien avec son beau-père flic. Il n’est pas mieux servi par un père en prison. Le seul lien dans la famille est son âme centrale, sa mère. C’est au cœur d’une danse particulière, de séduction, que viendra la porte de son éveil. Le Malambo retranscrit la danse des chevaux pour séduire les juments. Elle était autrefois réservée aux hommes pour séduire les jeunes filles.

 Aujourd’hui, elle représente le retour aux origines, comme si en dansant le jeune garçon ancrait ses pas dans la Pachamama. Dans la cosmologie andine, elle est liée à la fertilité. Dans cette terre, ce cœur de famille aride, c’est peut-être sa première fonction. Pendant le temps du karnawal, les esprits sortent de terre pour se mêler aux vivants. La route devient celle de la reconstruction d’une famille qui devra en passer par le sacrifice pour commencer à tisser des liens solides. Elle s’achève par la porte de l’éveil, la danse et l’envol de Cabra. Tout se tient dans ce paysage d’un horizon épousant les montagnes lointaines, dans le passage des ponts, des rivières et des frontières. Elles marquent deux territoires, celui du bien et du mal, de la terre et de ses profondeurs. Cabra, face aux réactions des uns et des autres, comprend que rien ne tient dans une main fermée si l’on veut embrasser l’horizon, la vie.

C’est une solidarité nouvelle d’une famille qui fait front pour sauver l’un des siens. Il découvre que le bien et le mal ne sont pas si éloignés. La vie est son subtil mélange qui grandit l’homme pour toucher l’âme de Pachamama et le ciel. La symbolique et le mythe consolident ce discours à travers les formes, les lignes horizontales et verticales, les couleurs des quatre points cardinaux empruntés à la culture amérindienne. Le décor du mythe est comme un chœur récurrent dans ce chant du monde. Les femmes ne sont pas que les gardiennes de la culture. Elles protègent le foyer et guident les enfants vers la quête de leur nature profonde et du sens à donner à la vie.

Le côté androgyne du jeune Cabra marque peut-être la frontière d’une double identité comme masculin féminin, le bien et le mal, les deux faces d’une pièce, le yin et le yang. Ils ne s’opposent jamais, formant l’individu que nous sommes, trouvant sa voie entre bien et mal, terre et ciel, yin et yang. Karnawal apparaît bien plus riche qu’un simple pas de danse, même sophistiqué. Juan Pablo Félix (II) travaille autant sur la symbolique, le mythe, les formes, les mots que sur la mise en scène, passant de la nuit au jour dans ce voyage vers son âme. C’est notre coup de cœur de la semaine.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


Titre : Karnawal

Réalisateurs : Juan Pablo Félix (II)

Scénaristes : Juan Pablo Félix (II)

Compositeur : Leonardo Martinelli

Ingénieur du son : Lena Esquenazi

Directeur du casting : María Laura Berch

Chef décorateur : César Morón

Monteur : Luz Lopez Mañe

Directeur de la photographie : Ramiro Civita

Directeur artistique : César Morón

Monteur : Eduardo Serrano

Sociétés Distribution Bodega Films

Producteur exécutif : Joceline Hernandez, Hilde Berg, Ana Alice de Morais, Gerardo Guerra, Silvia Lamas, Helene Mitjavile, Diego Rougier, Edson Sidonie.

Dates de Sortie : 11 mai

Acteurs et actrices

Cabra : Martin López Lacci

Cabra Père : Alfredo Castro

Cabra Mère : Mónica Lairana

Eusebio beau père: Diego Cremonesi

Tucumano : Adrián Fondari

Pérez Varela : Jose Luis Arias