Au début, ce sont deux petits bouts de terre de chaque côté du bord de l’eau. C’est un long ruban bleu dans ce paysage aride occupé par les animaux. Quatre pieux délimitent un espace d’espérance et bientôt une petite maison pour ancrer l’horizon. Cette première tentative ne résiste pas au temps, aux éléments et aux Indiens. Qu’importe, d'autres viendront arracher la terre au silence, planter quelques tentes, bâtir des maisons de bois, un village, demain une ville. Ils arrivent de l’Est pour conquérir l’Ouest vierge, aussi sauvage que leurs âmes. Ailleurs, une ligne de caravanes avance vers l’Éden promis, la nouvelle terre de Moïse. Les attaques des Indiens, la violence des colons n’y feront rien car ils sont le bruit de la conquête. Ils recherchent un nouveau paradis, même s’il possède un goût amer. Ailleurs, plus tard, un riche propriétaire ne pardonne pas. Il est en route, porté par la vengeance. Leur proie est là, au bord de l’eau, dans cette petite ville de bois. Une prostituée et un enfant, un vieux cow-boy épris de justice, mutique, au colt parlant. Un lieutenant fidèle à sa parole n’acceptera pas de briser les valeurs anciennes. Tout est en place à travers ces puzzles de vies qui ne demandent qu’à se construire. C’est le moment de bascule d’un pays enfanté dans la violence qui finit par entrer en guerre contre lui-même. Bientôt, les canons de la Sécession retentiront dans le lointain. Est-ce que tout ceci, ces sacrifices n’auront servi à rien ? A suivre.
Horizon est une grande fresque renouant avec le western cinématographique des origines, de Ford et compagnie. On pense à une autre saga de 2h44 La conquête de l’ouest de John Ford, Henry Hathaway, George Marshall en 1962. Horizon oscille entre une volonté marquée pour cette partie par le classicisme et l’empreinte d’un cinéma plus moderne. Entre La chevauchée fantastique de John Ford et Danse avec les Loups de Kevin Costner. N’en déplaise à certains, le western n’est pas mort dans les années 90, seulement endormi. Il revient en force, porté par des récits plus réalistes ces derniers temps, en bandes dessinées, en séries et au cinéma. Comme Jusqu'au bout du monde de Viggo Mortensen, l’histoire commence avant la guerre de Sécession et le quatrième volet devrait s’achever après. Il suit plusieurs personnages représentatifs de cet Ouest américain, avec une place importante pour les femmes.
On retrouve les figures incontournables, les pionniers pugnaces, la prostituée qui ne s’en laisse pas compter, le vieux cow-boy mutique au colt plus rapide que son ombre. Le jeune officier au grand cœur et aux valeurs nobles, le grand propriétaire sans cœur, prêt à tout pour imposer sa loi et sa vengeance, et des Indiens en harmonie avec le monde. Le récit passe d’un personnage à un autre, sans lien entre eux pour l’instant, évoquant plusieurs histoires empruntées au western classique. Il prend la forme des séries plus qu’un fil ténu d’une histoire unique. C’est la conquête des terres sauvages de l’Ouest, ces espaces résonnant du chant des oiseaux. C’est la naissance de trois bicoques qui deviendront une ville. C’est la caravane de colons quittant l’Est pour l’Ouest en espérant un bout de terre pour se construire un avenir. Les paysages partent d’un horizon sans limite pour se rétrécir au fur et à mesure de l’installation des colons. Chaque partie possède une vision différente, plongeant dans ce cinéma d’hier.
Une prostituée au grand cœur et un vieux cow-boy silencieux protégeant un nourrisson plein de promesses. L’avenir à modeler pour que demain ne soit plus le cri de la violence. Un soldat sur la piste des Indiens, porté par l’honneur, refusant le « Tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens. » Des Indiens bien décidés à préserver ce territoire paisible, perdu dans le hurlement des nouveaux colons. Ils étaient là bien avant que la poussière n’efface les traces des premiers explorateurs. C’est l’Amérique en quête de valeurs au cœur de ces paysages vierges. Il faut donner un sens à une Nation qui oubliera bientôt ses origines, enfantée dans la douleur. Kevin Costner entame un chant épique, tragique, avec la famille en son centre. Les femmes se montrent bien plus coriaces que les hommes. Les paysages succèdent aux intérieurs glauques des saloons et aux petites maison perdues dans la montagne. La vie s’arrache au terreau du silence dans un cri de violence et de fureur. Pour l’instant, la vision reste classique, mais peut-être pas pour longtemps. A suivre.
Patrick Van Langhenhoven
Note du support : n/a
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Edition :
Titre français : Horizon : Une saga américaine, chapitre 1
Titre original : Horizon: An American Saga – Chapter 1
Réalisation : Kevin Costner
Scénario : Kevin Costner et Jon S. Baird
Musique : John Debney
Direction artistique : Billy W. Ray
Décors : Derek R. Hill
Montage : Miklos Wright
Photographie : J. Michael Muro
Production : Kevin Costner
Sociétés de production : New Line Cinema et Territory Pictures
Société de distribution : Warner Bros. (Etats-Unis), Metropolitan Filmexport (France)
Pays de production : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : western, drame
Durée : 181 minutes
Dates de sortie : 19 mai 2024 (festival de Cannes) 3 juillet 2024
Distribution
Kevin Costner : Hayes Ellison
Sienna Miller (VF : Céline Mauge) : Frances Kittredge
Sam Worthington : First lieutenant Trent Gephardt
Giovanni Ribisi : Bailey Pickering
Michael Rooker : le sergent-major Riordan
Danny Huston : le colonel Houghton
Jena Malone : Ellen Harvey
Michael Angarano : Walter Childs
Abbey Lee : Marigold
Jamie Campbell Bower : Caleb Sykes
Jon Beavers : Junior Sykes
Owen Crow Shoe : Pionsenay
Tatanka Means : Taklishim
Luke Wilson : Matthew Van Weyden
Ella Hunt : Juliette Chesney
Tom Payne : Hugh Proctor
Georgia MacPhail : Elizabeth Kittredge
Will Patton : Owen Kittredge
Isabelle Fuhrman : Diamond Kittredge
Jeff Fahey : Tracker
Gregory Cruz : Tuayeseh
Scott Haze : Elias Janney
Angus Macfadyen : Desmarais
Dale Dickey : Mme Sykes
Hayes Costner : Nathaniel Kittredge
Alejandro Edda : Neron Chaveze
Tim Guinee : James Kittredge
Colin Cunningham : Chisholm
James Russo : Abel Naughton
Douglas Smith : Sig
Larry Bagby : Bill Landry / Flagg James