Holly est une jeune fille perçue comme étrange et sorcière. Elle est souvent en compagnie de son ami handicapé Bart et de sa sœur. Elle traverse le monde comme une ombre, un fantôme, une sainte, allez savoir. Un jour, elle annonce une catastrophe, un incendie à l'école qui enflamme la ville, au sens propre et figuré. Holly possède le don de prescience, le pouvoir de transfigurer la douleur, d'apaiser les âmes, de guérir. Chacun cherche sa compagnie pour, de nouveau, affronter le monde sans le poids de la souffrance. Sainte, profiteuse, sorcière, démon, qui est la véritable Holly ? Peut-être une jeune fille qui souhaitait ne ressembler qu'à toutes les autres jeunes filles et rien de plus.
Le film commence comme un teen-movie aux allures de Carrie au bal du diable de Brian de Palma, pour prendre une direction plus mystique par la suite. Aux mythes de la sainte et de la sorcière vient se coller celui du harcèlement scolaire pour finir dans une vision surréaliste de la rédemption. C'est d'abord la figure d'Holly qui nous obsède, nous hante, bien après le mot fin. Une silhouette semblable aux madones des tableaux de Fra Angelico, vierge diaphane, intemporelle, transparente. Au départ c'est l'image de la jeune fille, souvent baigné dans un halo lumineux, une lumière aux portes de l'aube ou l'aurore frissonnante. Comme Amma, elle guérit par la simple embrassade, le câlin bienveillant. Elle devient celle qui apaise, cicatrise l'âme perdue au cœur de la douleur. La différence est au cœur du film, celle des visages, du handicap, des délaissés, émigrés, et du miracle.
Ce dernier est la question centrale d'Holly. Fien Troch s'interroge sur le véritable altruisme. Existe-t-il ? C'est particulièrement avec Anna et son association de bénévoles, venant en aide aux plus démunis. Elle pose la même question sur le pouvoir miraculeux d'Holly. On ne sait rien de ce don, ni comment il apparaît, ni comment il disparaît. Il y a en toile de fond une notion religieuse que chacun interprétera à sa façon. Peu à peu, Holly se fait payer pour utiliser son don et bascule dans un autre rapport, moins sain. Cathalina Geraerts, la jeune actrice qui interprète Holly, est remarquable dans un personnage complexe, tout comme Felix Heremans, Bart, jeune homme neurodivergent dans la vie. Le film doit beaucoup à la photographie de Frank van Den Eeden dans les tons pastel, aux lumières crépusculaires, comme des voiles qui renforcent le mystère. Holly est un film particulier qui demande de s'abandonner complètement au cœur du récit pour en savourer toute la complexité.
Patrick Van Langhenhoven
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